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Freak Island (T1)
Masaya Hokazono
Delcourt

Takaku et quelques amis font route pour une île déserte, dans le cadre des activités de leur club d’archéologie. Bon, c’est plutôt contraints et forcés qu’ils suivent Ino, le président du club et instigateur de cette sortie pédagogique. Le bateau appartient aux parents de Higashiyama, le beau gosse de service dont est folle amoureuse Uehara. Si Takaku fait partie de l’équipe, c’est uniquement à cause de Uehara pour qui il éprouve un amour à sens unique. Est-ce par hasard qu’il crut voir un homme sur la rive de l’île qu’ils ont atteinte ? Seul le destin pourrait le dire. Seulement s’il avait pu regarder plus attentivement, le jeune garçon aurait remarqué le corps d’une jeune femme, porté par cet homme portant une peau de tête de porc sur le visage. Il aurait peut-être remarqué que la jeune femme avait le crane fracassé et les doigts tranchés. Peut-être auraient-ils ainsi évité l’île maudite de Kikuike, qui n’est même pas référencée sur les cartes et encore moins sur les GPS.



En longeant la côte, le groupe découvre un village qui semble abandonné, mais les rochers ne permettent pas de trop s’en approcher. Quand soudain, ils repèrent un homme devant un feu sur la plage. Cette île était pourtant sensée être déserte ! D’un autre côté, il y avait ce troupeau de porcs qu’ils avaient aussi vu dans une prairie au dessus de la falaise. N’hésitant pas une seule seconde, Higashiyama plonge pour ramener sur le bateau le naufragé. Seulement, en arrivant sur la plage, le jeune homme découvre ce que le géant à tête de porc est en train de faire cuire. Mais il est déjà trop tard, le psychopathe armé d’un marteau commence à lui cogner le crane et le visage. Sur le navire, ses amis sont paralysés de terreur... Pourtant, Takaku est montré par Fuji comme un dégueulasse qui prend plaisir à voir son adversaire pour le cœur de Uehara se faire tabasser. Cette dernière en pleine crise hystérique se met à son tour à l’insulter et décide de partir sauver elle-même son cher et tendre. Forcé de la suivre, Takaku plonge à son tour. Mais ce qu’il voit au fond de la mer n’est pas fait pour le rassurer : les fonds sont couverts de fûts contenant des matières radioactives.

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Si je vous disais que le titre précédent de Masaya Hokazono publié chez Delcourt s’intitulait “Girlfriend”, parlant des amoures adolescentes parfois bien compliquées, vous vous demanderiez certainement si je n’ai pas encore craqué pour un shojo. Pourtant Masaya Hokazono est plutôt un auteur tourné vers l’horreur, l’ésotérisme et le fantastique. Ce mangaka a déjà réalisé 18 séries étudiant les arcanes de la science-fiction.

Avec “Freak Island”, Masaya Hokazono s’inspire des classiques du survival horror ainsi que de “L’Île du Docteur Moreau”. Nous suivons un groupe d’adolescents qui vont voir leur voyage de découverte archéologique tourner à la partie de massacre. Il faut dire que les premières pages nous mettent immédiatement dans l’ambiance de la série : le meurtre assez gore d’une victime de l’équivalent de Leather Face dans “Massacre à la tronçonneuse”. Bon, j’éviterai de l’appeler Pig Face, quoique.. En tout cas, l’avenir de nos héros est bien compromis, surtout qu’ils arrivent dans une île n’apparaissant sur aucune carte et dont les fonds marins sont recouverts de fûts toxiques. Le lecteur comprend vite que les retombées de ces produits seront certainement à l’origine de la folie des tueurs psychopathes vivant sur l’île, et pourtant, le mangaka nous réserve bien plus qu’une simple déviance mentale. N’oublions pas que Masaya Hokazono est un expert en fantastique. Toutefois, le mangaka ne passera la frontière qu’en fin de tome. La première partie est un bon vieux survival horror où se mêlent en plus des histoires d’amours compliquées. C’est certainement la partie la plus intéressante car le groupe va vite perdre toute logique et entrer dans une phase entre l’hystérie et la folie. Aucune cohérence n’existe dans le groupe, bien au contraire. On voit mal comment une telle désunion pourra tout de même les sauver du pire.

Graphiquement, Masaya Hokazono est très efficace. Si les traits des visages de ses personnages ne sont pas transcendants et même assez basiques, il parvient à générer une atmosphère glauque à souhait par des planches gores très réussies. A croire que le mangaka est plus à l’aise pour dessiner le visage tuméfié de Higashiyama que son visage à l’état normal. Tout n’est pas toujours très cohérent, comme la scène des sangsues. Mais le lecteur reste accroché par un bon rythme soutenu, des effets horrifiques bien sentis et un scénario qui laisse assez de place au mystère pour captiver le lecteur. La position de Takaku est aussi atypique. Le héros est en fait détesté de tous pour avoir réagi, quelque part, le plus humainement du monde. Le lecteur finit par se demander qui a la réaction la plus irrationnelle. Uehara sera bien placée, la jeune fille étant rapidement tombée dans la folie en voyant son petit ami massacré, mais gardant l’espoir de le sauver. Takaku est montré comme un salaud qui finit peu à peu par s’en persuader et lui aussi lâcher prise.

Le cliffhanger de ce premier tome est dans la même verve que le reste du scénario. Ce manga se lit à une vitesse folle, laissant le lecteur scotché et pourtant en demandant plus... un syndrome Jason ou Freddy (hommage au défunt Wes Craven oblige).


Freak Island (T1)
- Auteur : Masaya Hokazono
- Traduction : Vincent Zouzoulkovsky
- Éditeur : Delcourt
- Collection : Seinen
- Format : 127x180 mm
- Pagination : 160 pages
- Dépôt légal : 19 aout 2015
- Numéro ISBN : 978-2-7560-6867-1
- Prix public : 6,99 €


FREAK ISLAND © MASAYA HOKAZONO 2014 / Take Shobo
© Editions Delcourt - Tous droits réservés



Frédéric Leray
1er septembre 2015




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