Chargement...
YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Undertaker (T1) Le Mangeur d’or
Xavier Dorison et Ralph Meyer
Dargaud

L’année 2015 a démarrée à fond, en direction du Grand Ouest américain !
Celui des westerns, avec “Buffalo Runner” de Tiburge Oger chez Rue de Sèvres (pour moi, le meilleur !) et cet excellent “Undertaker” signé Dorison et Meyer chez Dargaud.



Le premier est un one-shot de la race de ceux qu’on range précieusement dans sa bibliothèque de références, le second met en place les débuts d’une série faite pour le grand public, d’où émerge un personnage atypique, un anti-héros que nous devrions tous très vite adopter.
Ce personnage, c’est Jonas Crow, un croque-mort qui balade sa petite entreprise sur les routes de l’Ouest américain. Accompagné d’un vautour qu’il a sauvé d’une mort certaine dans l’aridité du désert, il trimbale son animosité envers les hommes et quelques noirs secrets que Xavier Dorison nous fait juste effleurer dans ce premier album.

JPEG - 114.8 ko

Appelé pour mener dans sa dernière demeure le dénommé Joe Cusco, le richissime propriétaire d’une mine d’or à Anoki City, il traîne un peu en route, laissant la mort s’impatienter. Cette fois, cette dernière se fait également attendre puisque le défunt est bien encore en vie, avec une idée bien tordue en tête : se faire enterrer avec toute sa fortune, après s’être suicidé en dévorant tout son or. Oui, c’est l’idée : une orgie bien indigeste. Jonas Crow doit ensuite convoyer le cercueil vers le filon qui fit la fortune de Cusco. Tout cela dans la discrétion la plus absolue, mais vite, le secret est éventé et provoque la fureur des mineurs d’Anoki City. La situation va vite devenir explosive !

JPEG - 94.2 ko

Le jeu de manipulations que Dorison met en place, reliant des gens qui ne s’aiment pas et sont prêts à tuer pour quelques onces d’or, fait le sel de cet album d’introduction. Dans ce milieu hostile dont la dangerosité augmente au fil des pages, il accumule les mauvaises surprises et quelques personnages secondaires intrigants dont son croque-mort semble fort bien s’accomoder. Mais tout homme a ses limites, surtout s’il trimballe quelques cadavres dans le placard (hors chambre froide !). Dans les traces d’un Jean Giraud et de son Blueberry – dont on relève de nombreuses allusions dans l’album – il pousse ses personnages au bout de leurs ressources, avec ce sens aigu du rebondissement, du faux-semblant et des secrets enfouis loin derrière les carapaces et les statures affichées. Cela fonctionne comme chez un maître horloger !
Ralph Meyer, qui nous avait déjà beaucoup réjoui sur Asgard, sa précédente collaboration avec Dorison, nous régale à nouveau avec ce petit bijou de western.

JPEG - 127.5 ko

Rejoindre l’univers de Blueberry a toujours été un de ses vœux affichés, il le fait ici à sa manière, avec un personnage proche physiquement du célèbre lieutenant, mais très différent à l’image de la BD d’aujourd’hui.
Il rend souvent hommage (quelle première planche !), mais montre surtout son incroyable talent dans la construction des planches, la force de ses images, la puissance des émotions, des regards transmis par des cadrages serrés qui détaillent, interpellent, choquent. Je retrouve la force de Christian Rossi sur le formidable W.E.S.T. (déjà avec Dorison), cette incroyable lisibilité dotée d’un éclat formidablement spectaculaire.

JPEG - 213.3 ko

“Undertaker”, ce sont 56 pages d’un grand spectacle qui font penser à Jean Giraud. Oui, c’est certain, gorgées de pointes d’humour (Jonas Crow a un don incroyable pour créer des sermons plein d’un bon sens dénué de pitié) et de dialogues savoureux, elles laissent avant tout penser à une relève de qualité sur un créneau peu aisé à relancer et même carrément casse-gueule. Dorison et Meyer, ces deux auteurs en or, ont relevé le défi avec maestria, nous offrant le début d’une série très prometteuse dont on espère très vite des révélations sur les lourds secrets de Jonas Crow !

JPEG - 97.1 ko

Comme le dit Jonas, « la mort ne vient jamais seule ». Aussi ce premier tome d’“Undertaker” connaît-il une seconde version, dite bibliophile, que Dargaud a sorti le 12 juin. Dans un format agrandi (29,7 x 36,8 cm), avec une couverture inédite, elle contient en bonus les sept premières pages inédites en N&B du second tome. Une opération à l’image de celle réalisée pour Long John Silver, la série de Xavier Dorison et Mathieu Lauffray. Le bel objet se fait désirer au prix de 29,90 €.

JPEG - 42.6 ko

À noter le remarquable dossier spécial de 32 pages que la revue Casemate à consacré à “Undertaker” dans son n°77 de janvier/février 2015. Chaudement recommandé.

Intéressant :
- les pages Facebook de Ralph Meyer et de Xavier Dorison.


(T1) Le Mangeur d’or
- Série : Undertaker
- Scénario : Xavier Dorison
- Dessin : Ralph Meyer
- Couleurs : Caroline Delabie et Ralph Meyer
- Éditeur : Dargaud
- Format : 24,1 x 31,8 cm
- Pagination : 64 pages couleurs
- ISBN : 9782800164236
- Dépôt légal : 30 janvier 2015
- Prix public : 13€99


Illustrations © Ralph Meyer et Éditions Dargaud (2015)



Fabrice Leduc
15 juillet 2015




JPEG - 68.8 ko



JPEG - 64.2 ko
Jonas Crow rencontre un vautour...



JPEG - 91.8 ko
Une splendide première planche...



JPEG - 102.8 ko
Vertigineuse planche 5



JPEG - 114.5 ko
Undertaker (T1) planche 6



JPEG - 112.2 ko
Undertaker (T1) planche 7



JPEG - 115.6 ko



JPEG - 63.4 ko
Couverture de l’édition bibliophile.



JPEG - 76.4 ko
Projet de couverture pour le T2



Chargement...
WebAnalytics