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Paris des Merveilles (Le), tome 3 : Le Royaume Immobile
Pierre Pevel
Bragelonne, roman (France), aventures et polar merveilleux, 376 pages, mai 2015, 17,90€

Le Paris des Merveilles est en ébullition : les élections du Parlement des Fées d’Outremonde auront lieu sous peu, et les hommes vont y faire leur entrée. Les dragons, leur retour. Delvecchio, le doyen des Cyan, demande à Griffont de siéger, ce qui est loin des projets du mage. Et de ses préoccupations à court terme : son protégé, Troisville, a provoqué en duel Dalmas, un puissant Incarnat. Problème, l’homme semble avoir disparu, et Troisville apparaît vite comme le suspect idéal.
Pendant ce temps, Isabel de Saint-Gil (ancienne, fée, magicienne, espionne et ex de Griffont, quoique ce dernier point soit discutable) croise la route d’un elfe noir en plein Paris, et des sosies, créatures maléfiques, qui le poursuivent. L’elfe ne survit pas, et la baronne n’a qu’un indice pour y voir plus clair : un tatouage, celui du Silas, un mouvement terroriste d’Outremonde qui avait tenté de renversé la Reine, et qui semble de retour...



Neuf ans ! C’est tout ce que nous avons dû attendre pour avoir la suite de « Les Enchantements d’Ambremer » et « L’Elixir d’Oubli », initialement parus au Pré aux Clercs, heureusement réédités par Le Livre de Poche dès 2009.

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La trilogie du Paris des Merveilles
Les enchantements d’Ambremer, Livre de Poche, 2009
L’Elixir d’oubli, Le Pré aux clercs, 2006
Le Royaume Immobile, Bragelonne, 2015
Ah, ça va être joli, tout dépareillé...

J’avais rencontré Pierre Pevel lors des Imaginales de 2009, et il m’avait expliqué de gros problèmes avec son éditeur (qu’il venait de quitter pour Bragelonne) et de son envie de tourner définitivement la page sur le Paris des Merveilles. Las !
Mais, la trilogie des « Lames du Cardinal » et deux tomes de « Haut-Royaume » (dont un tout récent) plus tard, voilà que débarque sans prévenir ce troisième volume, et une magnifique réédition de la trilogie par les éditions Bragelonne, avec de très belles couvertures de Xavier Collette.

Mais revenons au livre. Dans le même style feuilletonnesque que les deux premiers volumes, Griffont et Isabel mènent leur vie, se croisant sans cesse, plus ou moins volontairement. Le mage ne semble pas trop souffrir des arrivées inopinées de son ex-compagne, et Isabel elle-même apprécie justement Louis pour cette liberté totale qu’il lui laisse. Ils se chamaillent autant qu’ils s’aiment depuis des siècles.
Dissimulatrice par nature, Isabel est la reine pour mettre Louis Griffont dans le pétrin et ne lui en révéler que le strict nécessaire, comme une gamine prise en faute, quand la police débarque et qu’elle s’esquive.

Cette fois, c’est à propos du SIlas qu’Isabel ne dit rien, et mène son enquête auprès d’un vieil elfe, Kourianov, banni sur Terre depuis longtemps et qui perd un peu la boule. Sans dire à Griffont qu’on l’avait engagé pour enquêter sur Dalmas, le mage Incarnat mystérieusement disparu. Le mage Cyan est de toute façon accaparé par la défense de son ami Troisville, qui refuse de révéler les raisons de sa provocation en duel. Affaire d’honneur ! Si Griffont, tout coincé dans les codes sociaux, va mettre près de la moitié du volume à se faire violence pour faire avouer son ami (le temps perdu engendrant quelques péripéties), le lecteur ne sera guère dupe qu’il y a une femme derrière tout cela. Procédé littéraire qui en fera enrager certains, mais fidèle aux feuilletons du début du siècle, et qui permet des rebondissements et autres révélations.

Mais bien loin des écrivaillons contraints de vivre de leur plume, Pierre Pevel tisse un formidable complot, à la fois simple et complexe. Simple, parce que chaque partie joue son jeu. Complexe, parce que le jeu de certains consiste à manipuler les autres. Mais à vouloir gagner trop gros, on risque tout : Griffont et Isabel sont des électrons trop libres pour que tout plan les impliquant se déroule comme prévu. Ce sera donc de peu, et au prix de lourdes pertes, mais les choses finiront par s’éclaircir, les manipulateurs par se dévoiler.

Tout ce qui faisait le sel des précédents volumes est là, et on a peine à imaginer la césure temporelle qui les sépare. Pevel ajoute encore de nombreux éléments à cet univers déjà très riche, multipliant les zones d’ombre et les aspérités de son Paris Merveilleux. On retrouve avec grand plaisir sa galerie de personnages, le chat ailé Azincourt, les deux sbires d’Isabel, le majordome toujours impeccable de Louis. Pour briser le suspense de l’aventure l’auteur n’est pas avare de petits intermèdes personnels bourrés d’humour, que ce soit les facéties d’Isabel ou les petits rituels de célibataires de Louis, comme bricoler sa motocyclette dopée à l’énergie féérique (et un douloureux constat ouvre ce troisième volume, je vous laisse le découvrir).

Bref, on aura attendu longtemps, mais pas en vain. Ancré dans une Histoire plus récente que « Wielstadt » ou les « Lames du Cardinal », beaucoup moins usitée en fantasy, et doté d’un scénario plus complexe, « Le Paris des Merveilles » est à la fois la série la plus légère (sur le ton) et la plus captivante (sur le fond) de Pierre Pevel. Vu la grande qualité générale de son œuvre, ce n’’est pas peu dire.


Titre : Le Royaume Immobile
Série : Le Paris de Merveilles, tome 3
Auteur : Pierre Pevel
Couverture : Xavier Colette
Éditeur : Bragelonne
Site Internet : fiche du roman
Pages : 376
Format (en cm) : 21 x 14 3,3
Dépôt légal : mai 2015
ISBN : 9782352948506
Prix : 17,90 €


Le Paris des Merveilles :
1 - Les enchantements d’Ambremer
2 - L’Elixir d’oubli
3 - Le Royaume immobile
HS - Contes et récits du Paris des Merveilles


Nicolas Soffray
23 juin 2015


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