Que s’est-il donc passé pour que Haru se réveille au milieu de gravats et des cadavres de ses amis de l’unité Furusawa ? Elle se rappelle que des ennemis les avaient pris d’assaut mais aussi que des explosions avaient réduit leurs défenses à néant. Seule Makoto semble avoir également survécu mais quand celle-ci achève le commandant Furusawa, Haru découvre qu’un magicien s’est infiltré parmi eux d’abord sous les traits de ce maudit journaliste et maintenant pour donner confiance aux quelques survivants, sous les traits d’un de leurs compagnons d’armes. Mais avoir laissé une chance à Haru de se remettre fut sa plus grave erreur, le front a appris à la magicienne comment tuer et jusqu’à présent, elle le faisait machinalement, obéissant aux ordres. Mais cette fois, elle a une bonne raison de vouloir massacrer les troupes de la République, eux qui ont tué ses seuls amis, en réalité sa seule famille. Et cette traîtresse et ses hommes seront les premiers à le payer de leur vie, ensuite ce sera le tour de celle qui leur a donné l’ordre de les attaquer, celle qui se fait appeler son Altesse.
“Wizard of the Battlefield” est la première série publiée en France de Hiyama Daisuke. Il avait travaillé comme dessinateur sur la série “Himawari”. Avec cette série, le mangaka nous entraine dans un univers sombre, glauque, celui de la guerre sans pitié entre deux nations, ou plus exactement un Empire et une République. Par leur tenue, les deux armées pourraient très bien sortir des tranchées de la Première Guerre Mondiale. D’ailleurs, compte tenu du niveau de leur armement, l’inspiration du mangaka ne devrait pas en être très éloignée et il rattache « son altesse » à la famille des Hohenzollern, soit celle des empereurs d’Allemagne. Ce sera d’ailleurs amusant de voir que cette Altesse se retrouve au simple rang de lieutenant dans l’armée de la République de Lordland.
Mais pour mettre de l’originalité pour ce qui aurait très bien pu entrer dans les BD commémoratives de la Grande Guerre, Hiyama Daisuke introduit une dose de fantastique avec les magiciens, ou plutôt des êtres pourvus de pouvoirs surnaturels. Evidemment, on ne peut éviter de comparer ces derniers à des mutants, surtout que les différents pouvoirs qui nous seront présentés seront d’abord de la psychokinésie de Haru lui permettant de détecter tout être vivant se trouvant dans son champ de vision, faisant d’elle un sniper sans pareil mais surtout une arme mortelle qui ne laisse aucun blessé derrière elle, mais uniquement des cadavres. Nous aurons également la métamorphe pouvant prendre l’apparence de n’importe qui, le magicien capable de transformer sa peau en carapace indestructible ou encore celle pourvue d’une vitesse surhumaine. Il ne manque plus que Magneto.. euh de celui capable de maîtriser les métaux, excusez ce lapsus.
Mais même si la comparaison avec les mutants de chez Marvel est facile, Hiyama Daisuke réussit par son dessin à nous donner envie de suivre pour quelques tomes ses personnages. Car ce sont plus des portraits d’humains confrontés à la guerre et réagissant chacun à sa façon à l’expérience du front. Il y aura évidemment Haru, qui est devenue par vengeance une véritable Walkyrie, mais aussi Kaoru, ayant des pouvoirs de guérison, qui est surtout un lâche patenté. Graphiquement, on oscille entre le shonen et le seinen car la violence de nombreuses scènes force à ne pas mettre cette série entre les mains d’un trop jeune public. Certes, il n’y a pas de gore, mais les massacres sont explicites et Haru ne fait pas dans la dentelle, pas plus que le berseker carapacé des troupes républicaines. Le mangaka montre les horreurs de la guerre sans concession et les magiciens ne sont que des prétextes pour prouver que l’homme peut être à l’origine des pires horreurs.
Ce premier tome de “Wizard of the Battlefield” s’achève sur un cliffhanger qui en laissera plus d’un bouche bée... Mais je n’en dis pas plus car cette série mérite d’être découverte par vous-même.
Wizard of the Battlefield (T1)
Auteur : Hiyama Daisuke
Traducteur : Tonton Yaya
Éditeur français : Doki-Doki
Format : 127 x 180 mm, noir et blanc - sens de lecture original
Pagination : 192 pages
Date de parution : 3 juin 2015
Numéro ISBN : 978-2-81893-382-4
Prix : 7,50 €
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