Dans “La 13e mission”, les lecteurs découvraient cette planète glacée aux conditions épouvantables, aussi bien en terme de météorologie qu’en terme de faune. Sur Siberia 56, le danger se situe partout et le premier volet a donné lieu à un véritable massacre de la relève qui a vu un seul homme survivre, Ned.
“Morbius” nous en dévoile plus sur cette planète et sur les précédentes missions. L’album n’est plus du tout linéaire comme le précédent, car il y a de nombreux retours sur le passé, chaque incursion apportant son lot de révélations. Christophe Bec s’avère parfaitement à l’aise dans ce registre et tout naturellement, Ned fait figure de héros. Il apporte du sang neuf au sein de la base, où chacun se révèle usé par les éléments. De plus, chaque sortie revient à lutter pour sa survie. Et le pire, le plus grand danger n’est pas celui que l’on voit, mais celui qui est caché. Les nerfs sont soumis à rudes épreuves, la vie est une loterie.

Dans le premier volet, Alexis Sentenac nous régalait déjà par sa représentation de la surface de Siberia 56, là il poursuit sur sa lancée, insistant davantage sur le côté SF de la série (base, vaisseaux...). Les visages sont blafards, gagnés par l’hostilité extérieure ; la dominante blanche renforce le froid extérieur et les touches de couleurs n’en prennent que plus d’importance. Souvent, les couleurs plus vives apportent une touche de chaleur, synonyme d’horreur, de sang qui coule et se révèlent annonciatrices de mort. La vision de Ned se remémorant sa vie d’avant offre un intermède idyllique, contrepoint à la terrible réalité du présent.
Comme le visuel est ici très travaillé, le fait que le plus grand ennemi de l’homme est invisible n’en est que plus inquiétant et propice à alimenter la curiosité des lecteurs.

Alors que “La 13e mission” plantait le décor, “Morbius” offre quelques réponses aux questions que l’on pouvait se poser, notamment sur les artefacts croisés par Ned et ses défunts collègues. Du moins, on partage les informations détenues par l’équipe en place, soit pas grand-chose, mais cela alimente un certain mystère autour de Siberia 56 qui, finalement, est au centre du récit avec son milieu inhospitalier au possible pour l’homme.
“Morbius” dégage son lot d’adrénaline avec de nombreuses interventions sur le terrain et rencontres aux conséquences dramatiques. Les menaces sont à l’image de la démesure de cette planète. De plus, l’atmosphère est pesante, aveuglante avec cette blancheur omniprésente, ce qui permet aux lecteurs de bien s’imprégner de l’histoire.
Le résultat s’avère très convaincant et on en sort conquis, aussi bien par le scénario que le dessin. Par contre, “Siberia 56” est présenté comme un diptyque, ce qui signifie que “Morbius” en est la conclusion.
La fin est toutefois ouverte et il reste à Ned 7 ans et 11 mois, sans compter les jours, à passer sur Siberia 56. Les dernières cases sont suffisamment explicites pour rêver d’un nouvel affrontement, du moins de nouvelles péripéties au milieu de l’étendue glacée balayée par des vents sans pitié. Il serait dommage de ne pas poursuivre...
(T2) Morbius
Série : Siberia 56
Scénario : Christophe Bec
Dessins & couleurs : Alexis Sentenac
Éditeur : Glénat
Collection : Grafica
Dépôt légal : 15 octobre 2014
Pagination : 48 pages couleurs
Dimensions (en cm) : 24 x 32
ISBN : 978-2-7234-9894-4
Prix public : 13,90 €
À lire sur la Yozone :
Siberia 56 (T1) La 13e mission
Illustrations © Sentenac & Glénat (2014)