La guerre est déclarée entre la fondation Gabriel et ceux qui tentent de s’infiltrer sur le marché de l’Eden. Grace à son groupe d’assaut de Séraphins et grâce aux informations que Martin est parvenu à récupérer, Gabriel a rasé plusieurs laboratoires clandestins d’Eden. Son groupe est dirigé par son fils, Joshua. Ce dernier est un rare cas d’hybride, ce qui lui permet d’avoir les qualités des déchus sans être mortel pour ses partenaires sexuelles. Mais Joshua est aussi très attiré par Esthel. L’ange s’est très bien adaptée à sa nouvelle condition. Certes, elle a tenté de les tuer en leur jetant une grenade de l’arsenal des Séraphins, mais c’est du passé. Esthel prend très à cœur de seconder Martin, un peu trop d’ailleurs. Mais elle s’est également fait un ennemi mortel en Devo, grâce à qui elle a découvert que tirer une balle dans la tête d’un déchu ne sert à rien si on souhaite le tuer. Pendant ce temps, le faux Eden se répand dans tout le pays et les morts atroces se succèdent mettant en danger le business de Gabriel. Mais qui peut donc oser venir le défier sur son terrain et surtout comment se procure -t-il du sperme d’ange ?

“Déchus” est la première série de Aurélien Guilbert. Etudiant en arts et avec un BTS de communication visuel, il se fait connaitre comme webdesigner avec le site Hey Kids ! Comics. Après s’être fait la main sur des webséries, il passe maintenant dans le monde plus difficile de la BD papier. “Déchus” fut d’abord publié aux éditions Tabou, avec des versions plus sexe de certaines cases. Mais le résultat n’étant pas au niveau des espoirs des lecteurs de cette maison d’édition, “Déchus” se donne une seconde chance aux éditions Graph Zeppelin.
Et franchement, “Déchus” méritait de toucher un public plus étendu que les amateurs de BD érotiques. Certes “Déchus” est un mélange de sexe et d’horreur, mais aussi de religion car Aurélien Guilbert nous donne sa version du sexe des anges. Son concept est audacieux : oui, les anges viennent souvent vivre parmi les hommes mais certains n’arrivent plus à quitter le monde de chair et de plaisir, ce sont les Déchus. Nous sommes loin de Satan et des démons, les anges déchus sont surtout plus humains et ont choisi de se laisser aller. Le seul problème pour ces amoureux du sexe, leur partenaire n’y survivent pas. Résumé comme cela, on pouvait s’attendre à ne voir que des orgies finissant très gore, mais le scénario d’Aurélien Guilbert ne s’arrête pas là et le scénariste introduit une bonne dose de polar noir, à tendance thriller, avec l’Eden. Quel nom ironique pour une drogue à base de sperme d’ange ! Mais avec un trafic de drogue apparaît tout naturellement une guerre des gangs qui va tourner au chaos.
“Cosmogonie”, le premier tome, présente comme le titre l’indique, la conception de l’univers par Aurélien Guilbert avec aussi un axiome de base : Dieu existe ! Mais c’est aussi un Dieu qui gère la terre comme le Parrain. Nous sommes loin de la bible, plutôt entre “Légion” de Scott Charles Stewart et “Gabriel” de Shane Abbess. Le premier tome fixe les bases du récit et nous présente les principaux personnages de cette tragédie moderne. A la fin du tome, nous aurons d’ailleurs un petit digest des principaux protagonistes. La structure du tome est une succession de scènes se déroulant dans le présent et de flash-backs sur l’arrivée d’Esthel sur terre. L’ange va nous faire découvrir le monde pervers et sanglant des Déchus. Le tome 2 passe à une autre vitesse. C’est la guerre de l’Eden et le volume est à un récit entrecoupé par des informations ressemblant à des reportages de journal télévisé. Chaque chapitre correspond à un mois de l’année, nous amenant doucement au chaos du cliffhanger. Les personnages évoluent alors que nous voyons tous les dégâts que peut faire le faux Eden.
Graphique, Aurélien Guilbert s’est clairement inspiré d’un de ses auteur préférés : Frank Miller. Ce sera donc une oeuvre en noir et blanc où la couleur n’est là que pour mettre en valeur des éléments précis des planches. Les scènes de sexe sont soft, plus sexy qu’autre chose, et le gore est aussi mesuré. A la fois scénariste et dessinateur, Aurélien Guilbert semble s’être mis certaines limites par exemple, s’il est mentionné que des enfants sont malheureusement des victimes des preneurs d’Eden, à aucun moment l’auteur ne montrera de cadavres d’enfants. Il n’y a pas non plus de surenchères de démons horrifiques : les métamorphoses sont montrés au minimum et certains massacres juste suggérés. “Déchus” pourrait même paraître l’adaptation d’un roman vu la structure du tome 2. Cela pouvait paraître un choix audacieux mais le résultat est vraiment réussi. Certes les traits des visages mériteraient d’être plus réguliers et des petits défauts de couleur apparaissent de temps en temps (une chemise blanche devenant soudainement noire,...), mais rien de rédhibitoire.
Le troisième tome de “Déchus” clôturera cette série surprenante, audacieuse par son concept, et qui méritait largement une réédition en mode public averti mais expert.
(verset 1) Cosmogonie
(verset 2) Eden, ouvre-moi tes portes
Série : Déchus
Scénario : Aurélien Guilbert
Dessin : Aurélien Guilbert
Éditeur : Graph Zeppelin
Dépôt légal : 27 mars 2015
Format :176 x 266 mm
Pagination : 96 pages
Numéro ISBN : 979-1094169032 ; 979-1094169049
Prix public : 13 €
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