Chargement...
YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Fantôme du Mur (Le)
Jean-Pierre Favard
La Clef d’Argent, LoKhaLe, roman (France), fantastique léger, 104 pages, avril 2015, 6€

Un prof d’histoire s’installe à Dole. L’occasion d’un nouveau départ après une rupture amoureuse. Sans repères et un peu à la dérive, il est pris sous l’aile d’une petite vieille qui lui parle alors du fantôme qui habite l’immeuble.
En cet été, avant la rentrée, ce fantôme sera le moteur de la renaissance de cet homme, qui va se jeter à corps perdu dans l’histoire de la ville, ses liens avec le fantastique très vite incarné en un auteur, Marcel Aymé, et son célèbre « Passe-Muraille ».



Jean-Pierre Favard sait jouer sur de nombreux registres du fantastique. Ce « Fantome du Mur », qui inaugure une nouvelle collection à la Clef d’Argent, destinée aux histoires à ancrage local fort. On commence avec le Jura et Dole. Comme dit en ouverture, cela aurait pu être ailleurs, mais c’est là.

L’histoire est courte, 70 pages, et le récit à la première personne alterne le présent du narrateur, sa nouvelle vie, seul ; son passé et Aurélie, qui l’a abandonné/jeté ; et ses recherches, sur l’histoire du Jura, de Dole et bien vite sur le fantastique, l’alchimie et Marcel Aymé. Et, la chaleur estivale et la solitude aidant, il s’emballe un peu. Pour s’occuper l’esprit, penser à autre chose qu’à sa vie brisée, pour se projeter en avant. Il fait feu de tout bois : le livre de Camille Flammarion, la jeunesse de Marcel Aymé dans les environs, la devise latine sur la porte.

Tandis que le temps passe, qu’il se remet lentement sur les rails avec l’approche de la rentrée, la vie a suivi son cours, sa vieille voisine part en maison de retraite, lui laissant la garde et le bon soin du spectre. Ce n’est qu’un peu plus tard qu’il lèvera le voile sur ce mystère, plus prosaïque que ses relectures des brèves aventures de Garou-Garou ne le lui avaient laissé imaginer.

Truffé de références, de citations (d’Aymé, principalement, vous l’aurez compris), ce petit ouvrage fait preuve d’une érudition plutôt agréable. Jean-Pierre Favard, derrière son personnage de prof d’histoire, s’en donne à cœur joie pour parler de sa région, le temps d’une leçon dynamique propre à captiver des collégiens mous et narcoleptiques. Le passage sur l’alchimie rappelle ses capacités dans le thriller ésotérique (« L’Asch Mezareph »), et cet emballement irrésistible lorsque toutes les pièces d’un puzzle semblent si bien s’emboîter.
Mais c’est avec la vielle Mme Angèle que la plume de l’auteur fait merveille, produisant une émotion de tout instant au travers de ce lien ténu et fragile auquel ces deux âmes à l’abandon se raccrochent pourtant mutuellement.

Du coup, on se plaindrait presque que c’est trop court. Mais cette brièveté va de pair avec la temporalité du récit, cette alternance de langueur et de frénésie qui s’empare du narrateur, un temps qui file trop vite ou s’étire sans fin quand on ne voudrait que voir le soleil enfin se coucher.

Et si jamais la concentration de savoir ne vous paraissait pas suffisante, Philippe Curval reprend en postface un article initialement publié en 1977.
Après cela, qu’on nous dise encore que les auteurs de SF ne sont pas des érudits...


Titre : Le Fantôme du Mur
Auteur : Jean-Pierre Favard
Postface : “Marcel Aymé, le faussaire du quotidien”, par Philippe Curval
Couverture : Philippe et Léo Gontier
Éditeur : La Clef d’Argent
Collection : LoKhaLe
Site Internet : page roman (site éditeur)
Numéro : 1
Pages : 104
Format (en cm) : 17,5 x 11 x 1
Dépôt légal : avril 2015
ISBN : 9791090662247
Prix : 6 €


Jean-Pierre Favard sur la Yozone

- « Sex, drugs and rock’nDole »
- Entre fantastique et noir : un entretien
- « L’Asch Mezareph »
- « Belle est la bête »
- « Pandemonium follies »
- « Le Destin des morts »


Nicolas Soffray
27 avril 2015


JPEG - 38.6 ko



Chargement...
WebAnalytics