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Sex, Drugs & Rock’n’Dole
Jean-Pierre Favard
La Clef d’Argent, collection FiKhThOn, n°3, fantastique, 143 pages, octobre 2010, 12€

Découvrez Dole, ses rockers fous, sa magie cachée, ses destins tragiques. Longez ses canaux, empruntez ses ruelles. Mais méfiez-vous : le diable n’est jamais caché très loin.



Sous une élégante couverture signée Sényphine, à la fois inquiétante et sombre, qui illustre à la perfection ce roman, grouillent toute une série de personnages qui pensent vivre dans un univers plus lumineux, tout simplement la ville de Dole et ses environs, où ils croient être capables de tirer leur épingle du jeu. Edie, Rock-star rencontrant un étrange grimoire, Jean-Luc, hilarant banquier sous acide, Bernie, batteur et parolier, Damien, journaliste, Amandine, son amie, et quelques autres individus découvrent peu à peu que le monde n’est pas tout à fait ce qu’il paraît être. Car certes oui, la vie est parfois belle et prometteuse, et l’on peut vraiment s’y amuser. Certes, on peut dealer des tickets restau contre de l’acide ou faire en sorte que les machines à brouillard des concerts rock diffusent des substances hallucinogènes. De la sorte, chacun pourra voir les démons, ou croire les voir. Sans se douter que le diable, le vrai, n’est jamais tapi très loin. Et qu’il n’est jamais bon de se sentir suffisamment futé pour dealer avec lui.

« Souvent, elle songeait que si elle était née plusieurs siècles auparavant, elle serait sans doute devenue une sorcière. »

« Sex, drugs and Rock’n Dole  », qui tient à la fois du polar et du récit fantastique, c’est aussi la culture éclectique de l’auteur et de ses personnages, d’une génération nourrie à la fois aux classiques et à la pop : aussi Jean Pierre Favard mentionne-t-il par l’intermédiaire de ses personnages des auteurs et personnalités comme Alan Moore, Aleister Crowley, Anne Rice, Poppy Z. Brite, Edgar Allan Poe, Charles Baudelaire, Jacques Cazotte et bien d’autres. Mais pas seulement : on trouve également en background la culture musicale, et plus particulièrement quand elle est associée à des éléments mystérieux : tous ces musiciens (Brian Jones, Kristen Pfaff, Jim Morrison, Janis Joplin, Jimi Hendrix, Kurt Cobain) morts à l’âge de vingt-sept ans, et le mystérieux carrefour où des joueurs de blues comme Leroy Johnson auraient vendu leur âme au diable en échange d’une virtuosité surhumaine. C’est dire que les rockers de Dole pourraient bien, eux aussi, emprunter des voies ni tout à fait catholiques, ni tout à fait cartésiennes. Et emporter du joli monde avec eux.

« Pour elle, les écrivains représentaient sans nul doute les derniers punks encore en activité. »

« Sex, drugs and Rock’n Dole », distrayant, amusant, plein d’humour, agréable et facile à lire, avec ses tout juste cent-quarante-trois pages, est très exactement le petit roman qu’il faut pour découvrir Dôle une journée d’été. D’été, voire de printemps, mais non pas des autres saisons : car lorsque l’on a affaire au diable, la fin pourrait bien n’être pas tout à fait optimiste, et même se révéler particulièrement âpre. A éviter, donc, les journées sinistres d’hiver et les après-midi déjà crépusculaires d’automne. Alors, oui, une longue journée de soleil : Dôle ne manque ni de parcs ombragés ni de terrasses de cafés où lire ici et là quelques chapitres avant d’aller baguenauder à travers les rues et quartiers décrits par Jean-Pierre Favard.

La rue Pasteur avec sa maison natale, le lycée Charles Nodier, la Basilique Notre Dame, la Commanderie, le port de plaisance, la passerelle enjambant le pont du Rhône au Rhin, le canal des Tanneurs, la rue des Vieilles Boucheries, la place aux fleurs et sa statue quadricéphale, la treige des Dames d’Ounans : Jean-Pierre Favard nous propose une belle promenade historique, architecturale et culturelle. Quant au laboratoire du professeur Emile Chapouillaud et à l’Institut D’Ethnocosmologie Appliquée de Dôle ( « Ce bâtiment, il n’y avait jamais prêté attention. Il pensait qu’il s’agissait d’une usine. Ou d’un entrepôt. En tout cas de tout sauf d’un laboratoire spécialisé dans les recherches paranormales » ), bien malin qui saurait le trouver. Mais c’est ainsi : il doit rester une part d’ombre, de rêve et d’inconnu.

« Après tout, ne dit-on pas que toutes les légendes sont fondées sur une part de vérité, plus ou moins importante ? Et que c’est précisément grâce à cela si elles parviennent à traverser les âges et à hanter nos esprits, aujourd’hui encore ?  »

Cette part d’ombre, de rêve et d’inconnu, ce mélange intime entre réalité et fiction offert par Jean-Pierre Favard il y a quelques années, ce goût de la ville et du fantastique dissimulé dans ses ombres devaient forcément ressurgir. Philippe Gindre, l’un des éditeurs de Jean-Pierre Favard, lui a offert récemment les clefs non pas d’une ville imaginaire, mais d’une collection bien réelle, baptisée LoKhaLe. Aux éditions La Clef d’Argent, LoKhaLe sera une nouvelle série d’ouvrages consacrés aux villes et à leurs mystères, et au sujet de laquelle on trouvera quelques informations en suivant ce lien. Des volumes dont on ne doute pas qu’ils prendront la digne suite de « Sex, drugs and Rock’n Dole ».

Titre : Sex, Drugs & Rock’n’Dole
Auteur : Jean-Pierre Favard
Couverture : Senyphine
Éditeur : La Clef d’Argent
Collection : FiKhThOn
Site Internet : page roman (site éditeur)
Numéro : 3
Pages : 143
Format (en cm) : 11 x 17,5 x 1,1
Dépôt légal : octobre 2010
ISBN : 978-2-908254-85-3
Prix : 12 €


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Hilaire Alrune
11 avril 2015


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