Le synopsis de cet album, m’a beaucoup attiré dès sa lecture. Et trouvant fort intéressante la couverture, j’ai donc logiquement franchi le pas et me suis plongé avidement dans cette aventure. Cette dernière me paraissait d’un grand intérêt, un aller simple, direct aux enfers.
Et puis ce fut le choc !

Après quelques planches, d’une mise en place de la situation, plutôt bien réussies, il est l’heure du premier rendez-vous avec les forces sataniques.
L’image nous explose littéralement à la face, ce sentiment pesant, exprimé par un dessin sombre et empli de caractère de la couverture, disparaît comme par magie. Et en lieu et place de cette magnifique ambiance visuelle, nous retrouvons un graphisme de créatures diaboliques, tout droit sorti du bestiaire des « Pokémons » !
Couleurs criardes, absence totale de définition sur les corps, expression agressive des monstres à la limite du ridicule, aucun contraste ni puissance dans la représentation du point-clef de cette histoire.
Une énorme déception que ce style signé Emmanuele Barison associé aux couleurs de J. Nardin.

Si sur la majorité des scènes, cette touche relativement lisse, fait illusion, elle manque vraiment trop de force et de testostérone sur les combats ou les simples apparitions des êtres maléfiques. Il en résulte une incapacité pour le lecteur à vraiment s’immerger dans l’aventure. Ces scènes qui devaient lui glacer le sang finissent par le faire rire en fin de volume.
Un petit regain de vigueur apparaît toutefois sur la conclusion du combat final où étonnamment là, le graphisme semble plus abouti si l’on occulte le rouge, vert et violet uni des démons.
Dommage, il était malheureusement trop tard pour moi, j’avais décroché depuis un bon moment.
En résumé ce dessin est au genre démoniaque ce que “Primeval” est à “Jurassic Park”, une pâle représentation dénuée d’intérêt.

Ce manque de persuasion du visuel entache sérieusement le potentiel de la BD et ce n’est malheureusement pas la qualité du scénario de François Corteggiani qui peut sauver tout cela.
Certes, faire dérouler ce récit en France était un pari intéressant, mais peut-on réellement comparer l’atmosphère pesante qui aurait pu en ressortir si cela se passait, par exemple, à la Nouvelle Orléans, avec ses légendes vaudoues, plutôt qu’à Carpentras plus connu pour ses apéros en terrasses de cafés ou ses parties de boules.

Les personnages, qu’en à eux, sont plutôt plats et sans forte personnalité, hormis peut-être le policier qui, dirons-nous, est très franchouillard.
Reconnaissons toutefois, que sur les deux-tiers du tome, le scénario, sans être exceptionnel, reste concret et compréhensible. Pas de folie, ni réelle surprise, une intrigue facile, qui ne marquera pas les esprits, sans pour autant être mauvaise. La fin semble un peu bâclée et difficile à suivre, trop d’informations suggérées en peu de pages.

Un album qui ne marquera pas les esprits, sans vraiment être pénible, mais qui en promettait plus.
Orféa - Le Dernier Cercle de l’Enfer
Scénario : François Corteggiani
Dessin : Emanuele Barison
Couleur : Juliette Nardin
Éditeur : Dargaud
Dépôt légal : 21 février 2014
Pagination : 150 pages couleurs
ISBN : 9782205056600
Prix public : 17,95 €
Illustrations © Emanuele Barison et Dargaud (2014)