« Petite licorne » s’articule autour de cette dernière et de sa relation avec son grand-père maternel. Son papounet, comme elle se plaît à le nommer, brassait une bière artisanale, mais il se définissait surtout comme un alchimiste à la recherche du grand-œuvre. Les deux étaient très complices, on assiste à de nombreuses scènes où il essaie de lui transmettre sa passion de l’alchimie, de partager ses secrets à force expériences et exemples. Lors d’une visite de la Grand-Place de Bruxelles, il lui décode toute la symbolique cachée des monuments.

À de nombreuses reprises, il lui aura parlé de Compostelle, le champ de l’étoile (Campus Stellae). Il sera retrouvé mort là-bas, léguant sa fortune à Blanche qui décide de suivre ses traces, de parcourir le chemin accompagnée de ses souvenirs.
De nombreux passages didactiques figurent dans « Petite licorne », sur l’alchimie, le brassage de la bière... sans que cela nuise au récit qui s’avère souvent intimiste.
Ce premier volume donne les raisons de chacun de s’engager dans un long pèlerinage. Le chemin commence pour les quatre, c’est l’heure du départ, chacun d’un autre point. On peut penser que leurs routes vont se croiser, que les passés de certains nous seront davantage révélés.
Un pèlerinage ne constitue pas une course, c’est un parcours initiatique, une réflexion sur soi favorisée par la marche. Ce sont aussi des rencontres, des lieux magnifiques et chargés d’histoire. Tous les pèlerins attendent quelque chose de leur démarche loin d’être anodine. Le rythme lent de « Petite licorne » traduit bien cette recherche, propice à la contemplation, à l’ouverture sur ce qui nous entoure.

Le dessin de Servais est magnifique, les traits sont précis, les monuments impressionnent par leur présence et la nature prend vie sous son impulsion. Chaque planche se prête à la contemplation dont l’on parlait plus haut. Il faut prendre le temps, regarder les détails et s’immerger dans « Les chemins de Compostelle ». Bien des clins d’œil nous ramènent à l’album « Tendre Violette » : Blanche trouve la bande dessinée chez son grand-père, son parcours par la basilique d’Avioth lui rappelle Guillaume et Violette...
Servais commence là une belle histoire au long cours. Son traitement et son dessin correspondent parfaitement à l’idée que l’on se fait d’un pèlerinage. Il en appelle à la réflexion, à l’ouverture sur le monde. Il nous impose d’ouvrir les yeux et de prendre le temps.
Le voyage débute pour les quatre personnages, mais aussi pour les lecteurs. Sept albums au programme pour vivre de grands moments en nous rendant à Compostelle.
Un voyage terrestre, aussi bien qu’intérieur, pour le meilleur.
Et pour en savoir plus sur ce pèlerinage, un dossier de quelques pages en fin d’ouvrage nous permet d’approfondir le sujet.
(T1) Petite licorne
Série : Les chemins de Compostelle
Scénario et dessin : Jean-Claude Servais
Couleurs : Raives
Éditeur : Dupuis
Dépôt légal : 17 octobre 2014
Format : 23,5 x 32,2 cm
Pagination : 74 pages couleurs + dossier de 6 pages
Numéro ISBN : 978-2-8001-6124-2
Prix public : 16,50 €
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