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Grande route du Nord (La), tome 2
Peter F. Hamilton
Milady, collection science-fiction, traduit de l’anglais (Grande-Bretagne), space opera, 716 pages, février 2015, 8,70€

Un nouveau monde futur très proche de celui du Commonwealth décrit par Peter F. Hamilton dans la trilogie du Vide et la tétralogie de Pandore. Mais dans le futur de « La Grande Route du Nord », les portails spatiaux n’ont pas été mis au point par Ozzie Fernandez Isaacs au vingt-quatrième siècle, mais dès le vingt-et-unième siècle par un chercheur du nom de Wan Hi Chan. L’humanité a commencé à se lancer à l’assaut des étoiles ; les États-Unis, la Russie, la France, le Japon, d’autres pays encore colonisent de nouveaux mondes. Parmi ces quelques planètes, Saint Libra, monde gigantesque à la végétation extraordinaire et formidable réserve de biocarburant, confère au monde anglo-saxon un avantage considérable. Des formes de vie, donc, mais aucune intelligence extra-terrestre. Pourtant, en 2092, le Zanth, une horreur venue de l’espace, d’une nature impensable, attaque les colonies. Et en 2143, année où commence « La Grande Route du Nord », des soupçons naissent quant à l’existence d’une autre entité extraterrestre, plus sournoise, non plus sur les marges du monde, mais dissimulée dans la population elle-même.



Deux intrigues principales se déroulent en parallèle. La première à Newcastle, où se poursuit l’enquête policière décrite dans le premier tome : la recherche de l’assassinat d’un membre de la famille North, l’une des plus puissantes connues et disposant de la capacité de se cloner, investigation compliquée par le fait que le cadavre correspond à un membre de la famille que nul ne connaît, et par le soupçon que son assassin pourrait bien être l’extra-terrestre ayant massacré d’autres North plusieurs années auparavant sur Saint Libra. La seconde, sur Saint Libra même, décrit le calvaire d’un corps expéditionnaire de scientifiques et de militaires envoyés dans la jungle de Saint Libra à la recherche d’une « diversité génétique » prouvant l’existence de cet extra-terrestre encore hypothétique. Expédition comprenant la fameuse Angela Tramelo, la seule personne susceptible d’avoir vu cet extra-terrestre lors du massacre des North, même si nombreux sont ceux qui pensent qu’elle est elle-même l’assassin. Un corps expéditionnaire bientôt confronté à des difficultés épouvantables : une éruption massive de taches solaires bouleverse le climat de Saint Libra, tranformant la jungle tropicale en milieu glacial auquel nul n’était préparé ; attaque d’un ou de plusieurs extra-terrestres manifestement intelligents ; lâchage total de l’expédition par les politiques. Seule chance de survie : traverser plus de mille kilomètres de jungle et de fleuve gelés pour gagner une autre base. Ailleurs, beaucoup plus loin encore, les colons de Saint Libra, incapables de récolter le précieux biocarburant, sont eux aussi, dans le gel et la neige, confrontés au problème de leur propre survie.

On est donc en terrain assez typique de Peter F. Hamilton avec l’intrigue policière tendue, et également le milieu hostile (rencontré lui aussi à plusieurs reprises dans le cycle « L’Aube de la nuit » ou la tétralogie de Pandore), le tout servi par une profusion de détails et de protagonistes qui justifie la présence d’un index des principaux personnages, d’une chronologie des temps futurs, et d’une carte du monde de Saint Libra. Le lecteur trouvera donc dans ce second tome qui dépasse les sept cents pages, un large prétexte à dépaysement.

Sur le fondement de l’intrigue elle-même, ce second tome vient confirmer les limites (toutes relatives) que nous avions notées dans le premier volume. En effet, la mécanique narrative parfaitement rôdée de Peter F. Hamilton vient ici se heurter à plusieurs obstacles : l’absence de fondement scientifique crédible (qui n’aurait pas été difficile à développer), la vulnérabilité du corps expéditionnaire (des soldats aguerris et équipés, lancés à la recherche d’un extra-terrestre hostile, se fond décimer les uns après les autres comme des touristes en goguette par une entité qui relève à la fois de Freddy et de Predator, qui échappe à tous les détecteurs connus, sauf une fois pour les besoins de l’intrigue, et à laquelle ils n’ont jamais simplement l’idée d’essayer de tendre un piège), l’éviction rapide du Zanth de l’histoire, un ressort familial lui aussi difficile à avaler, tombant, tout comme la flotte spatiale de la famille North, comme un « deus ex machina » propice à une happy end à l’américaine, le tout combiné à une résolution si naïve du conflit extra-terrestre que l’on pourrait presque la qualifier de walt-disneyenne.

On s’étonne d’autant plus de ces imperfections, inhabituelles chez l’auteur, que sa technique narrative de précision, abondamment rôdée dans ses romans précédents, fonctionne comme à l’accoutumée – les intrigues distinctes finissent, lentement mais inexorablement, par venir s’emboîter – et que l’inventivité hamiltonienne est bel et bien présente, tout comme l’art de renouveler l’intérêt du lecteur par des questions nouvelles et des révélations savamment distillées. Peut-être faut-il attribuer les limites observées ci-dessus au cadre relativement modeste – quelques planètes – de l’univers futur décrit par Peter F. Hamilton : habitué aux univers développés sur des milliers de mondes comme celui du Commonwealth, l’auteur n’a sans doute pas ici trouvé matière à développer une intrigue aussi ample qu’à son habitude. Quoiqu’il en soit, les lecteurs de Peter F. Hamilton trouveront dans « La Grande route du Nord » les qualités et le plaisir de lecture qu’ils apprécient chez ce géant du space-opera : surprises garanties aussi bien du côté de l’humanité que du côté adverse, et dépaysement assuré tant dans l’environnement urbain de Newcastle que dans la jungle de Saint Libra.


Titre : La Grande route du nord (Great North Road, 2013)
Auteur : Peter F. Hamilton
Traduction de l’anglais (Grande-Bretagne) : Nenad Savic
Couverture : Fred Augis
Éditeur : Milady (édition originale : Bragelonne 2014)
Collection : science-fiction
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 716
Format (en cm) : 11 x 17,7 x 3,5
Dépôt légal : février 2015
ISBN : 9782811213985
Prix : 8,70 €



Peter F. Hamilton sur la Yozone :
- La Grande Route du Nord
tome I
- La trilogie du vide
tome I « Vide qui songe »
tome III« Vide en évolution »
- La tétralogie de Pandore
tome I « Pandore Abusée »
tome II « Pandore menacée »
tome III « Judas déchaîné »
- La trilogie Greg Mandel
tome I « Mindstar »
tome II « Quantum »
tome III « Nano »
- Un volume de nouvelles
Manhattan à l’envers


Hilaire Alrune
7 mars 2015


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