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Sabre de Sang (Le), tome 2 : Histoire de Kardelj Abaskar
Thomas Geha
Gallimard, Folio SF, roman (France), fantasy, 390 pages, janvier 2014, 8€

Laissé pour mort par Tiric, Kardelj n’a dû la vie qu’à son Fâps, qui lui a aussi laissé, en charge et cadeau, un fils né de sa propre chair et celle de Kahrzoa. Accepté par un équipage pirate, il tente d’oublier le passé. Mais la rencontre avec la dernière Rimaol lui rappelle sa responsabilité et son destin. Revenu à terre, il part avec son fils métis pour le pays carmintrao, nation de nomades encore libres.
Pendant ce temps, grâce aux pouvoirs du Sabre de Sang, Tiric Sherna a mis à genoux le continent, royaume par royaume, redonnant aux Shaos leur place, écrasant les Qivhviens, allant jusqu’à épouser Zua Lazpoa, l’impératrice cruelle qu’ils avaient contribué, à leur corps défendant, à mettre sur le trône.
Face aux exactions des soldats de sang, et la mort de leurs hôtes carmintrao, dont Le Masque, tout à la fois sage et assassin de la tribu, Kardelj sort de sa retraite anonyme et veut profiter du mariage impérial pour abattre Tiric et détruire le sabre. Mais plus facile à dire qu’à faire...



Et ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. Au côté de Tiric, Kardelj retrouve une vieille connaissance et souffre davantage de cette trahison que des blessures subies. Mais la situation se clarifie, et Kardelj fait route vers la forteresse des Soltones, ces prêtresses qivhviennes qui résistent à Tiric. C’est là, dans ce dernier bastion, l’ancienne capitale des Rimaols, que va se jouer le duel final et l’avenir du monde. C’est aussi là que Kardelj va comprendre le fin mot de cette histoire, qui le dépasse totalement, lui qui en a pourtant été, depuis le début, l’acteur principal.

S’il est toujours difficile de parler du second volume d’une série, critiquer le second volet d’un diptyque n’est guère plus aisé. Thomas Geha, plutôt que nous narrer les innombrables batailles de Tiric et son lent basculement dans la folie sanguinaire provoquée par le Sabre sur 300 pages (il le fait très bien en 3, et pas toutes à la suite), donne la parole à l’autre Shoa de son histoire, le plus pondéré. Celui qu’on sentait meilleur que Tiric, toujours prompt à exprimer ses passions. L’on ne sera guère surpris de la révélation d’Azkrè : c’est Kardelj qui devait porter le sabre, pour le bien de l’avenir. Mais lui ne rêve que de paix, et c’est Tiric qui a entendu l’appel de l’arme.
Ce second tome est encore une fois un magnifique voyage, des rencontres avec des personnages et des peuples marquants. La fantasy de Thomas Geha prend le temps de décrire des paysages, des lieux où les gens vivent, tous les jours. Où la guerre, si elle est présente, n’est qu’un bruit de fond, loin, et qu’il y a biend d’autres soucis pour remplir les journées. Ou de temps pour ne pas y penser, et rire, ou pleurer. Le monde de Kardelj est un refus de la fantasy guerrière. Cent fois, il repousse son départ, préférant la vie de fermier aux côtés de son fils.
Mais quand il s’y met, Thomas Geha fait aussi merveille : l’ambiance trouble le potentat Ij’Tahal, digne d’un thriller horrifique ; la tentative d’assassinat de Tiric, fragile équilibre entre mécanique bien huilée et improvisation contrainte ; enfin la bataille finale, écho de la chute des Rimaols, il y a à chaque fois de quoi faire battre le cœur du lecteur au-delà du raisonnable.
Comme précédemment, une césure centrale permet de revenir sur le passé, ici ce massacre des Rimaols, pour mettre en lumière les événements actuels. Les nuages se dissipent, laissant entrevoir un plan à l’échelle divine, dans lequel Tiric et Kardelj semblent bien petits. Comme des grains de sable... Kardelj est le dernier grain du sablier des projets d’une divinité, Tiric celui qui vient gripper la mécanique.

On notera l’apothéose de la scène finale, revanche du pantin sur son marionnettiste, conclusion définitive à trop d’atrocités.
Et là, enfin, l’on pourra relâcher son souffle.

La présente édition comporte en supplément une nouvelle, qui éclaire les événements ayant endeuillé les Carmintraos avant que Kardelj ne les rejoigne. Si elle est totalement superflue la la compréhension du passage, elle permet un dernier voyage dans cette fantasy du quotidien, loin des intrigues de cour et des batailles tapageuses.

Je n’ai qu’un seul regret avec « Le Sabre de Sang » : ne pas l’avoir lu plus tôt. N’avoir pas pu l’encenser comme il le mérite plus tôt. Ne pas avoir convaincu plus tôt ceux qui comme moi, erraient dans l’erreur.
Lisez Thomas Geha. Lisez « le Sabre de Sang ». C’est de la fantasy différente et passionnante.


Titre : Histoire de Kardelj Abaskar
Série : Le Sabre de Sang, tome 2/2
Auteur : Thomas Geha
Couverture : Bastien Lecouffe Deharme
Éditeur : Gallimard (édition originale : Critic, 2009)
Collection : Folio SF
Site Internet : page roman (site éditeur)
Numéro : 472
Pages : 390
Format (en cm) : 18 x 11 x 1,3
Dépôt légal : janvier 2014
ISBN : 9782070455133
Prix : 8 €


- tome 1 : Histoire de Tiric Sherna
- tome 2 : Histoire de Kardelj Abaskar


Nicolas Soffray
29 mars 2015


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