Après « Le Serpent de feu », il aura fallu attendre trois longues années pour retrouver les deux détectives Andrew Singleton et James Trelawney. « Hollywood Monsters » est l’occasion de quitter le cadre londonien, l’Europe de 1938 sous la menace de la guerre, pour se rendre à Hollywood et son cinéma faisant la part belle aux créatures fantastiques.
Cette rencontre nocturne secoue les deux hommes, convaincus sur le moment qu’il s’agit d’un loup-garou. Le lendemain, de peur du ridicule, ils n’osent rien dire, mais essaient d’en savoir plus par l’intermédiaire de Stuart. Et puis, une explication rationnelle est envisageable avec la proximité de l’industrie cinématographique. Acteur en costume perdu, tournage près du lac... Toutefois, rien ne vient étayer cette thèse.
Trouver une femme morte dans une maison à proximité ne peut être une coïncidence. La curiosité des deux, surtout d’Andrew, les poussent à enquêter sur ce mystère. L’esprit d’analyse de Singleton apporte une solution satisfaisante à leur dilemme. Ils vont alors découvrir l’exploitation des êtres que la nature a détournés, a contrefaits, les rejetant en marge et leur faisant cacher leur différence.
Si le début donne une tournure fantastique à l’histoire, au fil des pages, le polar prend le dessus, mais conservant toujours un côté étrange. Les deux détectives, comme les lecteurs, ne soupçonnent pas jusqu’où va les mener cette enquête.

D’ailleurs, les deux vont se faire rabrouer, ils sont en Amérique, alors leurs licences... Ils sont priés de laisser faire la police qui connaît son boulot. Si le cinéma d’avant-guerre occupe une bonne place dans ce roman, Fabrice Bourland nous convie aussi à l’arrivée d’un nouveau genre d’enquêteurs : le dur à cuire, le modèle américain à l’opposé du détective type Sherlock Holmes. Andrew Singleton croise d’ailleurs un drôle de bonhomme lors de ses fréquentes visites à la bibliothèque...

« Hollywood Monsters » dénonce aussi la politique eugéniste qui sévissait alors en Californie et qui fait froid dans le dos. La stérilisation était appliquée sans sourciller, les chiffres affichés pour prouver le succès du programme. Cela renforce le propos général illustrant la détresse de tous ces pauvres gens affligés de malformation ou d’une maladie génétique aux symptômes apparents. D’un côté, le faste d’Hollywood avec ses stars, et de l’autre, des personnes rejetées, méprisées par les lois et exploitées par des profiteurs. C’est révoltant et bien dévoilé dans le présent livre. Le mot Monstre du titre est justement à double sens, il désigne aussi bien les stars du grand écran que des personnes injustement considérées comme tel.

« Hollywood Monsters » ne se cantonne donc de loin pas au seul polar, il interpelle aussi les lecteurs sur les travers de la société de l’époque. Fabrice Bourland sait raconter une histoire et nous embarquer dans cette aventure aux sombres arcanes. Il concilie à merveille gravité et amusement dans ce roman riche en rebondissements.
Le lecteur sort de « Hollywood Monsters » séduit et avide de retrouver deux personnages attachants, en espérant que l’attente ne sera pas trop longue.

Un polar français intelligent, attachant et aux accents british à ne pas manquer, d’autant qu’il s’agit d’un inédit à petit prix.

Titre : Hollywood Monsters
Auteur : Fabrice Bourland
Couverture : Nicolas Galy pour www.noook.fr
Photo : © Istockphoto / squidmediaro / RetroAtelier / omergenc
Éditeur : 10/18
Collection : Grands Détectives
Site Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 336
Format (en cm) : 10,7 x 17,7
Dépôt légal : janvier 2015
ISBN : 978-2-264-05888-1
Prix : 7,50 €

Autres romans de Fabrice Bourland sur la Yozone :
 « Le Serpent de feu »
 « Le Fantôme de Baker Street »
 « Les Portes du Sommeil »