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Requiem pour Sascha, tome 2 : Dies Irae
Alice Scarling
Milady, Bit-lit, roman (France), bit-lit hot, 403 pages, août 2014, 7,10€

Alors qu’elle était prête à se sacrifier pour Raphael, le démon Zekiel vient sauver Sascha de la lame fatale. Les deux beaux mâles, accessoirement frères avant leur changement de statut, s’affrontent, et Zekiel ramène Sascha à son père.
Elle prend donc sa place de fille du diable, d’autant que le discours de son père sur la réalité du combat entre lui et Jo (alias Dieu) s’avère plutôt éclairant et réaliste. La jeune fille prend le parti du chaos et du libre-arbitre de l’Humanité, contre l’Ordre et l’obéissance aveugle incarnés par les anges. Et pour cela, elle devra provoquer l’Apocalypse, en ouvrant les Bouches de l’Enfer.
Dasn cette tâche, Zekiel doit l’assister. Chargé de développer son pouvoir, le beau démon passe beaucoup de temps avec Sascha, qui se refuse à lui, toujours amoureuse de Raphaël. Mais les circonstances tout comme les avances répétées du démon ne vont pas l’aider...



Après « Lacrimosa », « Dies Irae » s’avère beaucoup plus tourné action. Exit la Terre, ou presque, et les soucis du quotidien pour Sascha, installée dans l’immense palais de Lucifer. Ses journées se fondent dans un flou routinier d’entrainement avec Zekiel, jusqu’à ce que son père l’envoie ouvrir les fameuses Bouches. Chaque incursion sur terre est l’occasion d’une rencontre pour le meilleur ou le pire : loups-garous, vampires, zombies mutants... Alice Scarling joue ainsi dans plusieurs registres, et on appréciera notamment la maîtrise du survival lorsque Zekiel et Sascha se rendent à Tchernobyl. Cela évite aussi la répétitivité évidente d’une telle tâche, les Bouches étant dans des univers très différents.

A mesure que l’Apocalypse s’approche, le camp adverse réplique, nous offrant deux belles batailles, l’une à Berlin contre les exorcistes, l’autre entre les généraux infernaux et les Archanges. Et un bon cas de conscience quand Sascha a face à elle une ancienne connaissance, chère à son cœur.
Oui, parce que même si c’est surtout ses histoires de fesses qui vous intéressent, elle a encore un cœur. Un truc bien encombrant, d’ailleurs, dont l’absence lui simplifierait bien la vie.

Toi qui entre ici, abandonne « 50 Nuances de Grey »

Côté sexe, puisque vous posez la question avec insistance, s’il y a quelques scènes très explicites (dont un premier rêve avec les deux frères...), l’abondance d’action tend à en minorer la quantité. Sascha maîtrise mieux son pouvoir et succombe moins au contrecoup sexuel. Elle s’accroche à sa fidélité à Raphaël, et son amour profond pour lui, pour repousser Zekiel, véritable incarnation du péché, décomplexé et aguicheur. Reflet physique de son frère aîné, il est exubérant là où Raphaël cultivait une certaine humilité, jouisseur et jamais pénitent.
Néanmoins, son attitude évolue, sans que Sascha soit vraiment sûr de la raison. Tous deux se tourneront autour un moment avant de céder, violemment. La faute au contexte.
Voilà le changement radical avec Raphael et « Lacrimosa » : si l’ange incarnait la passion plaisir, Zekiel le démon est une passion coupable, et un acte puissant et douloureux (le démon est bardé de piercings à cet endroit-là). Ce sont donc des sensations d’un autre ordre, d’un autre niveau et d’une nouvelle intensité qui attendent Sascha. Heureusement, son statut de démi-démone lui évite les effets secondaires : elle cicatrise vite, de l’extérieur comme de l’intérieur. Amis du détail, bonjour, comme précédemment l’auteure traite ces passages avec précision et application, dans les moindres gestes et petits mouvements...
Malgré la violence de l’acte, on ne tombe pas dans du sado-maso bas de gamme avec gadgets. Les deux personnages entretenant une relation compliquée, c’est la fougue, l’adrénaline qui les guide. La redescente est souvent difficile, la gestion de l’après-acte compliquée. Foutus sentiments.

Alice Scarling ne délaisse pas son intrigue, et on avance bien dans ces 400 pages. Sascha subit une formation accélérée de fille du diable, et l’ouverture des Bouches permet de rencontrer alliés et vassaux, de comprendre comment fonctionne l’équilibre entre Ordre et Chaos, les cultures de chaque race et les gaffes à ne pas faire, sous peine de se voir matée par des vampires, entre autres. Ses actes ne seront pas sans conséquences, à différentes échelles, et on appréciera de voir la situation se dégrader sur Terre.
Bien que leur lien soit très distendu, Sascha retrouvera Raphael, mais surtout découvrira que leur rencontre remonte à bien longtemps. Ce qui expliquera bien des choses.

Les lecteurs les plus anticléricaux se délecteront du discours de Lucifer, certes pas nouveaux dans la littérature de l’imaginaire, où c’est Dieu qui occupe la place du Méchant (il le mérite bien). Discours auquel on ne pourra qu’adhérer, comme Sascha, devant sa logique et son bien-fondé.

L’humour est enfin toujours bien présent, avec Lucifer en principal muse des arts sur la fin du monde (« Buffy », c’est lui !), une rencontre avec un dragon, mais surtout un Zekiel toujours là pour faire passer son apprentie pour une débile. En novice naïve, Sascha est toujours à côté de la plaque : elle tombe des nues lorsque les démons plaisantent autour d’images d’Epinal qu’ils ont eux-mêmes colportées, et se prend une veste lorsqu’elle croit deviner quelque chose qu’on ne lui aurait pas appris sur le monde démoniaque. Lorsqu’ils cherchent la première faille, à la Grotte du Diable, Sascha attribue le sens de l’orientation infaillible de Zekiel à un talent démoniaque ; non, c’est juste un site touristique, donc il suit les panneaux. Certes, c’est de l’humour facile, direz-vous, n’empêche que ça marche à chaque fois. Mais toujours aux dépens de Sascha.

Un second volume toujours aussi divertissant, un peu plus dense, donc, avec plus que son lot de frissons de toutes sortes.
Conclusion dans « Agnus Dei », qui est sorti le mois dernier, et on espère la grande réponse : Zekiel ou Raphael ? (ou les deux ? rhôô...)


Titre : Dies Irae
Série : Requiem pour Sascha, tome 2/3
Auteur : Alice Scarling
Couverture : Anne-Claire Payet / iStockphoto
Éditeur : Milady
Collection : Bit-lit
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 403
Format (en cm) : 18 x 11 x 2
Dépôt légal : août 2014
ISBN : 9782811212582
Prix : 7,10 €


Requiem pour Sascha
- Lacrimosa
- Dies Irae
- Agnus Dei


Nicolas Soffray
3 mars 2015


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