René Hausman et les animaux, c’est une histoire qui remonte à l’enfance du dessinateur. Sa jeunesse est nourrie d’influences partagées entre Westphalie et Ardennes, d’un mélange de nature et de légendes à cheval sur deux pays. Une passion que raconte de façon admirable sa seconde épouse, Nathalie Troquette dans la formidable monographie “René Hausman – Mémoires d’un pinceau”, publiée en décembre 2012 au Lombard.
Et si pendant plus de 10 ans il a fourni la matière des rubriques “Bestiaire” ou “Nature” du “Journal de Spirou” de ses chroniques hebdomadaires - tout de même près de 500 numéros - c’est en 1969 que germe l’idée de son grand œuvre : le Bestiaire.
Ne croyez surtout pas qu’il envisage de reprendre tout ce qu’il a raconté et dessiné pour “Le Journal de Spirou”. Non, le projet est bien plus ambitieux. Auteur atypique chez Dupuis, où il est appuyé par Yvan Delporte (un homme décisif dans la carrière d’Hausman), séduit en 1958 par ses qualités d’évocation de la nature, et par Maurice Rosy et Charles Dupuis qui lui ont ouvert une collection spéciale de beaux-livres illustrés, “Terre entière”. Et c’est cette Terre entière qu’Hausman veut illustrer, prévoyant de réaliser un bestiaire couvrant les cinq continents, non pas d’un travail encyclopédique mais plutôt par un inventaire choisi d’une majorité des animaux du monde.
Marqué par un illustrateur de l’entre-deux guerres. Félix Lorieux (“Le Buffon des enfants”), il se lance dans cette folle aventure qu’il veut teinter de quelques clins d’œils amusants. Deux livres paraîtront, concernant les “Animaux sauvages d’Europe et d’Amérique du Nord”. En 1983, le T1 concernant “L’Arctique, les forêts du Nord, la montagne” et en 1984, le T2 “Les prés, les bois, les oiseaux, la steppe”.
En 1984, les éditions Dupuis sont revendues et cédées à Hachette. Les choix des nouveaux éditeurs mettent fin à l’aventure du Grand Bestiaire.
Ce très beau livre des éditions Dupuis rassemble ce formidable travail nourri des livres illustrés de Benjamin Rabier ou de Calvo qu’aimait le jeune René Hausman et des multiples techniques auxquelles s’est essayé l’illustrateur. La plume et le pinceau cherchent précision et méticulosité, les gouaches veulent rendre le moindre millimètre de peau, de poil, de reflet de couleur... Ses recherches pour garder la précision tout en fluidifiant le mouvement le guideront vers un dessin plus jeté, utilisant beaucoup l’écoline (encre colorée) et des techniques d’estompage à l’eau de javel, de grattage, de textures brûlées et, un peu plus tard, l’aquarelle.
Ses chouettes (il les adore) magnifiques, ses oiseaux, ses remarquables renards au poil feu (qu’on retrouvera souvent dans ses BD), son splendide coucou, le sanglier qu’il accompagne dans une forêt qu’il aime à explorer, bouquetins et chamois, lynx, ours blancs et autres baleines sont dépeints avec autant de talent que de tendresse pour une nature qu’il honore d’un trait sûr, inspiré ou amusé.
Les textes visent à l’apprentissage, à la connaissance de l’animal. Les illustrations sont de remarquables tableaux saisissant l’animal dans son univers familier, sa quête de survie, inspirant la force, le danger, l’inquiétude, la tranquillité, le jeu...
Les émotions sont multiples, révélatrices du grand talent de naturaliste de René Hausman et de son incomparable complicité avec le règne animal qu’il salue de son œil amoureux et malicieux.
Un délicieux ouvrage pour petits et grands.
Le Grand Bestiaire
Textes et illustrations : René Hausman
Éditeur : Dupuis
Collection : Patrimoine
Pagination : 194 pages couleur
Dépôt légal : 21 novembre 2014
ISBN : 9782800157849
Prix public : 45 €
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Illustrations © René Hausman et Éditions Dupuis (2014)
