« Sous emprises » est le cinquième roman de Sharon Bolton à paraître au Fleuve Noir. L’édition originale anglaise « Dead Scared » est sous-titrée « Lacey Flint Series, Book 2 ». En effet, il s’agit de la seconde apparition de la policière après « Écrit en lettres de sang », qui sera réédité en février 2015 chez Pocket en version poche. Deux autres romans consacrés à Lacey Flint ont été écrits depuis. En regardant plus avant les précédents livres de l’auteure, on s’aperçoit que la psychiatre Evi Oliver figurait déjà dans « Moisson de sang », son troisième roman.
Toutefois, même si on débute par « Sous emprises », ce n’est en rien gênant, les fréquents rappels à la précédente enquête de Lacey Flint et Mark Joesbury ne peuvent que nous donner envie de lire le livre en question.

Une fois que l’on commence « Sous emprises », les cinq cents pages sont vite avalées, car l’intrigue est vraiment passionnante. À l’image de Lacey, tant que l’on est pas rentré de plain pied dans l’université de Cambridge, on ne peut cerner la menace qui rôde. Elle y est envoyée sans être briefée sur ce qu’elle risque. Elle ne doit pas faire de vague, juste observer, ce qui n’est pas dans son tempérament, surtout que le premier soir, elle a déjà droit à un bizutage dévalorisant à l’extrême. Bien sûr, elle va discrètement poser des questions, rencontrer des étudiantes qui ont côtoyé les victimes, au grand désespoir de son supérieur qui essaie vainement de la recadrer.
L’intrigue est habile, car Sharon Bolton nous réserve des fausses pistes sur lesquelles on s’engouffre sans coup férir. Elle parvient aisément à tenir la distance, à ne pas dévoiler ses cartes trop vite pour garder le suspense intact jusqu’au bout. Commencer par une scène choc proche de la conclusion, avant de relater les évènements y conduisant, relève de la bonne idée, car ce procédé permet de garder ce fil conducteur tout du long à l’esprit. Au début, cela semble incroyable d’arriver à cette situation finale, mais la tension monte au fil des pages pour s’accélérer à la fin jusqu’à ce dénouement fort en émotions.

Pas de déchaînement de violence ici, la menace est plus plus sournoise, axée sur les peurs de chacun. L’essentiel se passe au niveau psychologique, la moindre faille est exploitée, alimentée pour que les victimes vivent un cauchemar éveillé. Bien sûr, Lacey va vite devenir une proie de choix...
Il n’est pas étonnant que Sharon Bolton en ait fait l’héroïne d’une série de romans sûrement encore appelée à grandir. Ses liens avec Mark Joesbury ne peuvent que nous la rendre plus sympathique, surtout quand on sait par où elle est déjà passée.

« Sous emprises » s’avère un roman passionnant. Il est bien construit avec des chapitres souvent courts et l’exploitation de plusieurs trames, autant de choix qui nous poussent à avancer, à tourner les pages pour découvrir la suite. Son intrigue est redoutable, la tension grimpe sans cesse jusqu’à la conclusion un brin rapide, mais bien dans le ton de ce qui précède.
Découvrez l’université de Cambridge sous un jour nouveau, ou plutôt dans l’ombre d’une terrible menace qui vous touchera au plus profond et vous poussera à l’inévitable, c’est-à-dire à veiller tard.
Sharon Bolton, une auteure indéniablement à suivre !

Chronique réalisée d’après les épreuves non corrigées.

Titre : Sous emprises (Dead Scared, 2012)
Auteur : Sharon Bolton
Couverture : © Axel Mahé
Traduction de l’anglais (Grande-Bretagne) : Mariane Bertrand
Éditeur : Fleuve Noir
Collection : Thriller Policier
Pages : 496
Format (en cm) : 14 x 22,5
Dépôt légal : janvier 2015
ISBN : 978-2265098817
Prix : 21 €