Amy Tintera tient toutes les promesses de « Reboot » avec ce « Reset » : la Réserve n’est évidemment pas une utopie paisible. Micah, son leader, est dévoré par une froide folie. A la tête d’un formidable arsenal qui leur permettent de tenir tête à la SHER, il voit l’arrivée des échappés comme le renfort de troupes dont il avait besoin pour passer à l’offensive. Et prendre sa revanche, celle de la guerre perdue des Reboots, en tuant tous les humains.
Mais son idéologie va bien plus loin, comme va le découvrir Wren : chasse aux humains pour « produire » de nouveaux jeunes Reboots intégrés de force à la réserve (c’est ça ou la SHER, de toute façon), extraction des puces contraceptives et « encouragement » à la procréation. Car oui, les Reboots peuvent avoir des enfants.
Mais si cette nouvelle interroge Wren et Callum sur leur avenir et celui de la Terre, qu’ils y voient là un espoir de réconciliation des races, l’attitude de Micah est intenable pour Wren, qui supporte très peu ses apparences mielleuses. La tension est rude entre eux, car Micah sait son pouvoir menacé par 178. Car il a perpétué le principe de la SHER, la hiérarchie selon le numéro. Une pratique ancrée dans les esprits, tant des Reboots que des humains. Wren est l’héroïne guerrière idéale, avec ses presque trois heures de mort, tandis que Callum est un ambassadeur parfait auprès des humains, rassurés par son petit trépas de 22 minutes. Même si, dans les faits, le couple réalise rapidement que la durée de mort n’est probablement pas si déterminante, moins en tout cas que le conditionnement de la SHER.
Bonne idée niveau écriture, cette fois-ci la parole alterne d’un chapitre à l’autre entre les deux héros, ce qui met davantage en lumière leur manière d’aborder les choses. On voit mieux s’estomper leurs différences, retrouver leur humanité (mais l’avaient-ils perdue ?).

Niveau péripéties, on assiste au renversement de situation, avec des Reboots qui emploient leur entrainement à traquer des humains ; la capture de Wren, et son sauvetage pas aussi flamboyant que le vol de l’antidote pour Callum dans « Reboot », enfin l’assaut sur la ville, loin de la bataille rangée, dure peu, dans un refus de surenchère irréaliste. Amy Tintera décrit une révolution rapide, certes violente, mais si les mentalités sont encore frileuses, la SHER et les Reboots extrémistes, avec les horreurs et les erreurs qu’ils incarnent, sont vite balayés au profit d’une paix et d’une réconciliation des familles brisées par le virus. Peut-être un peu naïf, mais pas tant que cela, quand on regarde les événements mondiaux de ces derniers temps : quel que soit le résultat de l’étincelle de la révolte, brasier ou fumée dissipée, les gens veulent retrouver la paix.

Le dyptique « Reboot » se termine donc sur une note d’espoir, au terme de 600 pages dans lesquelles, derrière une éternelle romance entre deux êtres que tout sépare, c’est la réconciliation de l’humanité, le rejet de la notion de races et des extrémismes qui nous éclabousse de son évidence. Un refus du racisme, qui fait écho tant au traitement des Noirs aux USA ou des immigrés mexicains (nous sommes au Texas, après tout), qu’aux X-Men et la menace de cette nouvelle (sur-)humanité qui prendra le pas sur nous.

Titre : Reset (Rebel, 2014)
Série : Reboot, tome 2/2
Auteur : Amy Tintera
Traduction de l’anglais (USA) : Laurence Kiéfé
Couverture : Designvisuel.com
Éditeur : Le Masque
Collection : Msk
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 316
Format (en cm) : 21,5 x 15 x 2,7
Dépôt légal : octobre 2014
ISBN : 9782702438381
Prix : 17 €

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