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Zombies, un horizon de cendres
Jean-Pierre Andrevon
Le Bélial’, roman (France, 2004), Zombies, 224 pages, septembre 2014, 15€

Monsieur Kemper est directeur du funérarium municipal, il mène une petite vie tranquille, aime se rendre à pied à son travail. C’est justement un soir en rentrant qu’il croise un drôle de personnage, puant, sale et à l’aspect repoussant. Quant il le reconnaît enfin, il comprend que quelque chose ne va pas, car cette personne est morte il y a quelques semaines.
Il s’agit du premier revenant qu’il voit, avant de nombreux autres cas. Au fil des jours, les médias révèlent l’ampleur de ce phénomène. Sa femme et sa fille restent hypnotisées devant la télé et, un jour, il trouve la belle-mère décédée à la maison...



Après le remarquable « L’éducation de Stony Mayhall » de Daryl Gregory, Le Bélial’ choisit de rééditer le court roman « Zombies, un horizon de cendres » de Jean-Pierre Andrevon, publié en 2004. Là où le premier innovait avec un zombie différent, où l’histoire était présentée par un étonnant mort-vivant, le second suit une personne qui s’accroche à la vie, qui lutte à la mesure de ses moyens pour ne pas sombrer de l’autre côté. Sentant la fin proche, il écrit son histoire, s’exprimant à la première personne.
Ici, les zombies ne courent pas, ils avancent inéluctablement. Jean-Pierre Andrevon n’en montre pas moins comment les zombies évoluent, comment ils deviennent une menace, alors que les premiers étaient presque accueillis d’un œil attendrissant. De prime abord, on peut penser que ces morts-vivants sont différents, mais le naturel revient au galop. Toutefois, ces zombies surprennent par leur aspect changeant, par la régénérescence qui semble de mise et qui les rapproche de ce qu’ils étaient avant.

Jean-Pierre Andrevon ne fait pas dans la dentelle. Quant les vivants comprennent le danger, ils n’y vont pas par quatre chemins et emploient des méthodes de sinistre mémoire mais qui, dans ce nouveau contexte, ont l’approbation de la population. Kemper a toujours incinéré des morts, alors quelle différence si ceux-ci bougent à présent ! Affronter les zombies revient à assouvir ses plus bas instincts. Quand on tient une hache, on s’en sert en l’abattant sur la tête du premier zombie croisé. Idem d’un fusil. En plus, comment avoir mauvaise conscience, car il se relèvera quelques heures après, comme si de rien n’était ? Ce que les gens n’ont jamais fait auparavant devient normal et trouve une justification. La violence est de mise, elle est exposée sans retenue, brute de décoffrage.

Alors « Zombies, un horizon de cendres », un roman bourrin ? Loin de là, l’hommage à « La nuit des morts-vivants » de George A. Romero est bien sûr assumé, mais une autre référence s’impose, celle à « Je suis une légende » de Richard Matheson. Le retour des morts dépasse le monde des vivants, les êtres normaux deviennent minoritaires, leur nombre ne cesse de diminuer jusqu’à disparaître pour laisser la place à un nouveau règne.
Kemper le comprend, sa vie est devenu compliquée, surtout depuis que sa femme et sa fille l’ont quitté après l’épisode de la belle-mère dont il ne voulait pas. Il les cherche, mais les îlots de résistance s’amenuisent.
En fin de volume, on peut légitimement se questionner sur l’avenir des zombies. Jusqu’où évolueront-ils ? Des nouvelles possibilités s’ouvrent à ces nouveaux Terriens qui n’ont pas les mêmes contingences que les précédents.

Vous l’aurez compris, « Zombies, un horizon de cendres » nous fait passer des moments forts en testostérone, mais ratisse plus large avec une réflexion sur la fin de la civilisation telle que nous la connaissons. La planète ne se portera que mieux de notre passage de l’autre côté de la barrière.
Jean-Pierre Andrevon a écrit un roman choc, il nous livre des scènes explicites qui en dérangeront plus d’un. Au premier rang, citons les crémations de masse qui hantent toujours les mémoires.
Dans tous les cas, le lecteur en prend plein les mirettes. L’auteur mène parfaitement son récit pour rester efficace jusqu’au bout.


Titre : Zombies, un horizon de cendres
Auteur : Jean-Pierre Andrevon
Couverture : Aurélien Police
Éditeur : Le Bélial’ (Première édition en 2004 chez le même éditeur)
Directeur de la collection : Olivier Girard
Site Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 224
Format (en cm) : 13 x 20
Dépôt légal : septembre 2014
ISBN : 978-2-84344-131-8
Prix : 15 €


Autres chroniques d’ouvrages de Jean-Pierre Andrevon sur la Yozone :
- « Demain le monde »
- « Sukran »
- « Aubes trompeuses »
- « De vagues et de brume »
- « Monde Enfin (Le) : Récits d’une fin du monde annoncée »
- « Le Monde enfin » dans une autre édition
- « Nouvelles de poche »
- « 66 Synopsis... et autant d’histoires à écrire »
- « C’est un peu la paix, C’est un peu la guerre »
- « Nouvelle aurore »


François Schnebelen
1er octobre 2014


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L’édition épuisée de 2004 (couverture d’Eric Scala)



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