Chargement...
YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Galaxies n°30 (Nouvelle Série)
Directeur de publication : Pierre Gévart
Revue, n°30, SF - nouvelles - articles – critiques, juillet 2014, 192 pages, 11€

À l’occasion de la convention nationale française de Science-Fiction se déroulant à Amiens, ville dans laquelle vécut Jules Verne, « Galaxies » propose un spécial Nemo, personnage fascinant apparu la première fois dans « 20 000 Lieues sous les mers », puis dans « L’Île mystérieuse », où une partie de son passé est dévoilée.
Les notes de lecture mises à part, tout le numéro lui est consacré à travers 11 nouvelles et de nombreux articles. Même si l’appel à textes a rencontré un grand succès, la pagination est identique à l’habitude, bien loin des 32 pages supplémentaires annoncées dans l’éditorial.



Par quel bout prendre ce personnage de Nemo ? Comment écrire une nouvelle originale sur ce personnage, sans sombrer dans la caricature, faire un copier/coller de ce que l’on sait sur lui. Écueil sur lequel butte Florence Cochet avec “J’étais un prince” qui n’apporte pas grand-chose, car elle nous narre les tragiques événements qui ont conduit le Prince Dakkar à devenir Nemo.
Philippe Curval nous explique justement toute la difficulté de l’exercice avec ce qui ressemble d’abord à une non-nouvelle, c’est-à-dire qu’il triture dans tous les sens le thème pour trouver la voie à prendre, nous présentant au passage sa méthode, avant d’installer “Je n’y suis plus pour personne” dans la fiction avec une fin surprenante par rapport au début. Étrange et déroutante nouvelle par son cheminement.

Si Jean-Pierre Laigle nous présente un chapitre inédit de « 20 000 Lieues sous les mers » (“Mobilis in Vacuo”) et refusé par les éditions Hetzel, Pierre Gévart et Jean-Pierre Fontana choisissent le cross-over avec d’autres héros de fictions. Dans “Où tout est révélé”, le premier invoque Sherlock Holmes et Moriarty après l’épisode de Reichenbach, le second, Tarzan au cœur de l’Afrique (“La cité sous le volcan”). Agréables croisements.
Patrice Lajoye fait aussi preuve d’originalité avec un “Rapport d’intervention préliminaire” suite à un effondrement dans une usine. Il ne lève qu’en partie le mystère, mais cela suffit pour faire la liaison. Notons qu’il n’a pas négligé la forme pour lui donner un cachet d’authenticité.

Gulzar Joby imagine un homme à l’allure farfelue, amateur de l’œuvre de Jules Verne et qui a construit son Nautilus. “Fâma Kabiténi de Koussou”, un texte intimiste, sans action mais apprivoisant très bien le thème.
An 3011 pour Vincent Jounieaux qui nous plonge dans un univers carcéral où les détenus travaillent sur un submersible. Lors de l’installation d’un nouveau propulseur, le temps s’en mêle, des apparitions venues du passé débarquent à l’improviste sur le chantier.
Primum Nautilus”, une très belle nouvelle de science-fiction se déroulant dans un lointain futur mais faisant le lien avec Jules Verne au moyen d’un déphasage temporel.

Le tour du jour en quatre-vingts mondes” de Timothée Rey s’avère bien trop emberlificotée pour que l’on y comprenne quelque chose. Malgré le beau clin d’œil du titre, c’est une déception, d’autant qu’elle suit “L’affaire du bout du monde” de Laurent Whale, ma nouvelle préférée de ce numéro. Expédition dans une ère glaciaire, moyens verniens de locomotion, aventure aux allures de chasse au trésor... tout y figure pour nous faire passer un excellent moment de lecture.

Bruno Pochesci séduit aussi avec “L’homme est une baleine comme les autres”, où le capitaine Nemo sort d’une longue renaissance après les événements de « L’île mystérieuse ». De nos jours, les nouvelles technologies lui offrent enfin le moyen de se venger, de façonner la Terre selon ses désirs. Peut-être un peu simpliste dans son raisonnement, l’ensemble n’en est pas moins agréable et propice à faire réfléchir sur notre société.

Au rang des articles, Xavier Mauméjean dresse le portrait du capitaine Nemo, Alexandre Tarrieu s’interroge sur Jules Verne, auteur de SF ou non ?
Yan Wu nous propose un intéressant article sur la place occupée par Jules Verne dans l’imaginaire en Chine, idem pour Samuel Minne mais dans la culture tchèque, alors que Yann Quero nous montre quand Albert Robida singeait (pour reprendre son expression) l’écrivain. Et Nemo est le seul personnage qu’il a abordé avec respect.
Puis Philippe Ethuin dans sa rubrique “Le coin du Bouquineur” nous parle du roman « Nemoville » (1916) écrit par la canadienne Emma-Adèle Lacerte. Elian Krawiek présente un roman inédit en France de Kevin J. Anderson où les références aux différentes œuvres de l’écrivain pullulent. Jean-Pierre Andrevon et Fontana dressent une impressionnante listes de films où apparaît le célèbre capitaine, avant qu’Alain Dartevelle chronique des BD d’inspiration vernienne.

Dans ce « Galaxies n°30 », près de 170 pages sont consacrées au capitaine Nemo, à ce personnage fascinant qui hante les esprits.
Un fil conducteur original, un ensemble convaincant à 90 %, un très bon numéro de la revue !


Titre : Galaxies Nouvelle Série
Numéro : 30 (72 dans l’ancienne numérotation)
Directeur de publication : Pierre Gévart
Couverture : Pierre le Pivain
Type : revue
Genres : SF, études, critiques, entretiens...
Site Internet : Galaxies
Dépôt légal : juillet 2014
ISSN : 1270-2382
Dimensions (en cm) : 13,8 x 20,9
Pages : 192
Prix : 11€



François Schnebelen
22 septembre 2014


JPEG - 23.5 ko



Chargement...
WebAnalytics