Un pneu crevé et la vie d’une femme bascule, d’autant que le garagiste lui certifie que ce n’est pas un accident. Se posant en victime, elle se replie sur elle-même, se protège...
“Bridgestone 301.0” part d’un fait de société plutôt anodin de nos jours, Raphaëlle B. Adam en tire toute une suite d’événements qui va très loin. Peut-être trop, c’est un peu la faiblesse du texte. Pourtant, on passe un bon moment de lecture et c’est vrai qu’un rien peut provoquer de grands effets.
“Maman fait dodo” est terrible, cette nouvelle prend aux tripes, car un enfant en est le principal acteur, sa maman restant avachie sur le lit comme souvent. Maggie, la petite sœur de Joey, n’arrête pas de pleurer et il ne sait pas quoi faire, d’autant que la voisine en a assez et qu’elle risque d’appeler la police.
Si un adulte saisit vite la situation, l’enfant n’a pas le même raisonnement et il se trouve face à un cas de conscience. Situation impitoyable, conclusion implacable. Très belle performance de Katy Boyer-Gaboriault !
Par rapport au numéro précédent, nous retrouvons deux auteurs au sommaire : Rick Mofina et Camille Bouchard.
Le policier Harper a du métier, il en a tellement vu qu’il est obligé d’arborer une carapace à la maison pour ne pas laisser transparaître l’enfer de son métier. Alors qu’il songe à sa vie et aux dernières remarques de sa femme, une alerte lui parvient. Les premiers sur les lieux essuient des coups de feu, heureusement Harper arrive à la rescousse...
Dans “Des cercles rouge sang”, Rick Mofina met en scène un personnage usé par sa charge mais qui l’assure toujours. Et il n’a de loin pas tout vu, comme le prouve une conclusion forte et émouvante.
Après “Parce que, Paulina”, puis Et de ton camion, Camille Bouchard continue son exploration de l’univers des trafiquants avec “Sale argent sale”.
Deux jumelles d’un trou perdu du Mexique se font remarquer et embaucher pour un boulot de comptable dans la grande ville de New-York. Loin de travailler dans une banque ou autre société, elles sont recluses dans un appartement, comptent et trient l’argent que leur amène chaque jour don Mauro. À l’occasion, les billets doivent être nettoyés ou repassés...
Comme de coutume, de 30 à 40 pages qui se lisent d’un coup, alors qu’à bien y réfléchir, il ne se passe pas grand-chose. L’auteur sait à merveille installer l’atmosphère, nous présenter ces deux jumelles si semblables et il accélère à la fin pour atteindre des sommets. Une fois de plus, un grand moment signé Camille Bouchard.
La partie rédactionnelle fait la part belle aux interviews. Martine Latulippe s’entretient avec 6 auteures écrivant du polar aux Québec, dont toutes les interventions permettent d’appréhender “Le polar au féminin”. C’est très intéressant avec la diversité des réponses.
Suit un “Café littéraire avec François Lévesque”, avant la rubrique cinéma “Camera Oscura” de Christian Sauvé, “Le crime en vitrine” balayant l’ensemble des sorties du trimestre rayon polar et des chroniques.
Ce numéro 51 d’« Alibis » impressionne par ses nouvelles. On peut dire que ça tape fort dans tous les sens du terme, ce dont les lecteurs ne se plaindront pas.
Titre : Alibis
Numéro : 51
Comité de rédaction et direction littéraire : Martine Latulippe, Jean Pettigrew
Couverture : Bernard Duchesne
Type : revue
Genres : nouvelles, entretiens, articles, critiques
Site Internet : Alibis ; numéro 51
Période : été 2014
Périodicité : trimestriel
ISSN : 1499-2620
Dimensions (en cm) : 13,2 x 20,9
Pages : 160
Prix : 10 CAD