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Grande Evasion (La) (T6) Tunnel 57
O. Jouvray & N. Brachet
Delcourt

Inspiré d’une histoire vraie, le récit présente les péripéties du jeune Tobias, étudiant ouest-allemand, dont la famille est restée du côté soviétique. Son père par choix. Sa mère par devoir. Sa sœur, Hanna, par obligation.
Le jeune homme n’a qu’une idée en tête : faire évader sa sœur d’une RDA qui l’oppresse. Cette idée va vite être partagée par d’autres ouest-allemands.



Il y a exactement cinquante ans, une vingtaine d’étudiants de Berlin Ouest creusaient un tunnel qui permit à 57 Allemands de l’Est de fuir la RDA. Les faits sont historiques. En effet, en avril 1964, le Mur a 3 ans. Les familles, les amis, les jeunes couples même parfois, sont séparés. Pour certains, cette situation est inacceptable. Mais du haut de leurs miradors, les policiers est-allemands surveillent également ce qui se passe du côté occidental. Les tentatives d’évasion sont sévèrement réprimées. Ainsi, à partir de caves de certaines maisons de la Bernauer Straße, des tunnels clandestins furent creusés dans le sol argileux pour faire passer des fuyards vers l’Ouest. En 1964, le tunnel 57, reliant à l’Ouest une ancienne boulangerie à une providentielle cabane de jardin à l’Est, permit à 57 berlinois (d’où son nom !) de rejoindre la RFA en deux nuits. Ce n’est pas la première fois qu’un tunnel permet d’extraire des berlinois, en revanche, le nombre d’évadés par cette méthode est un record.

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Aujourd’hui, ces histoires sont assez connues des étudiants allemands. Elles le sont beaucoup moins chez les français. Les sites internet francophones traitant de ces événements sont rares. L’exercice est donc louable. Mais est-ce suffisant pour faire de cet album une BD originale et captivante ?

Les séries lancées par David Chauvel, à l’instar de la saga “Sept”, sont souvent des titres de qualité, se distinguant toujours des productions du moment. Même si le dernier épisode de la série “La Grande Evasion”, intitulé “Diên Biên Phu”, semblait en deçà des livres précédents, le sentiment général restait très positif. Certains lecteurs, dont moi-même, attendaient donc patiemment la sortie du présent volume, “Tunnel 57”, pour réévaluer leurs impressions. Malheureusement, sans être mauvais, cet opus ne répond pas complètement à nos attentes.

Le scenario de “Tunnel 57” est intéressant, assez original et crédible. La psychologie des personnages est bien décrite. Pourtant, l’histoire ne réussit pas à nous immerger totalement, nous captiver dans cet univers de Guerre Froide, et on s’attache finalement assez peu aux héros. En fait, si on ne savait pas que l’intrigue était issue de faits réels (ce qui est rappelé à de nombreuses reprises dans le livre), on s’ennuierait vite dans ce récit. Olivier Jouvray a visiblement voulu rendre hommage à ces héros anonymes, motivés par des raisons simples, voire primaires, et se refusant à toute idéologie. Mais du coup, ces Monsieur-tout-le-monde ne présentent pas les caractéristiques attendues du personnage principal. Quelques planches centrées sur le jeune Tobias auraient peut-être alimentées cette empathie nécessaire.
Cependant, sachant ces événements historiques, le lecteur aura du mal à refermer le livre avant d’atteindre la conclusion de cette aventure. Il se peut même que cette lecture fasse naître une petite curiosité pour cette période charnière de l’histoire européenne.

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Côté graphisme, le travail de Nicolas Brachet, très en marge des productions actuelles, peut surprendre à première vue. Pourtant, son style crayonné s’intègre parfaitement à l’ambiance du récit. La mise en scène est classique, mais demeure crédible et réaliste. L’ambiance des années soixante est palpable. J’ai même parfois eu l’impression de regarder une vieille affiche publicitaire de cette époque. Cette bande dessinée aurait peut-être même mérité de rester en noir et blanc pour renforcer ce sentiment historique. C’est d’autant plus vrai que les couleurs, selon moi, dénature un peu parfois certains dessins. Des couleurs trop vives, comme la blondeur d’Hanna ou les teintes de quelques vêtements, accentuent certains détails et perturbent l’équilibre global des planches. Un peu comme les anciennes photographies recolorisées à la main. L’effet est peut-être volontaire, il n’en est pas moins dispensable. A l’inverse, les jeux de lumière et les textures des décors sont parfaitement retranscrits.

Un album en demi-teinte donc mais pas dénué d’intérêt. Si je ne le place pas sur le podium des albums de la série “La Grande Evasion”, il demeure parfaitement à sa place dans cette collection de qualité.
Contrairement à ce qui est écrit sur le quatrième de couverture du livre, le prochain titre de la saga sera “Asylum”. Il est prévu pour mars 2014.


(T6) Tunnel 57
- Série : La Grande Evasion
- Scenario : Olivier Jouvray
- Dessin : Nicolas Brachet
- Couleurs : Anne-Claire Jouvray
- Éditeur : Delcourt
- Collection : Conquistador
- Dépôt légal : 8 janvier 2014
- Format : 230 x 320 mm
- Pagination : 56 pages couleurs
- ISBN : 978-2-7560-3134-7
- Prix Public : 14,30 €


A lire sur la Yozone :
La Grande Evasion (T2) Le Labyrinthe
La Grande Evasion (T4) Fatman
La Grande Evasion (T5) Diên Biên Phu


Illustrations © Brachet et Delcourt (2014)



Allison & Julien
18 juillet 2014




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