En 1936, voilà près de 75 années que l’Europe n’a plus connu de guerre. Metropolis est une ville se situant dans l’Interland franco-allemand.
Ce nom est bien sûr évocateur, il est notamment utilisé dans « La Brigade Chimérique » où il est précisé que la cité existe dans plusieurs plans de réalité. Bien sûr, il ramène aussi à Fritz Lang et ce n’est pas la seule référence au cinéaste allemand.
L’inspecteur Faune est un enfant de Metropolis, il est né avec la ville. Un attentat auquel il assiste révèle les victimes d’un mystérieux tueur. Commence alors une enquête pour le trouver, il assiste le commissaire Lohmann, servant d’intermédiaire avec les autorités de la cité.
Dans ce récit uchronique, car l’Europe n’a pas connu, entre autres, la première guerre mondiale, ce qui la place dans une situation tout autre que celle que nous connaissons, Serge Lehman joue des références, aussi bien réelles avec des figures historiques comme le docteur Freud, Einstein, Aristide Briand... qu’imaginaires (le commissaire Lohmann dans le film « M le maudit » de Fritz Lang).
Il débute l’histoire avec habilité au travers d’un prologue nous dévoilant Faune et le malaise qui l’habite. Des choses étranges se passent et il semble le seul à s’en rendre compte. Une belle manière d’accrocher les lecteurs, surtout avec la succession de plans de la première page, passant d’un gros plan d’une affiche à un plan d’ensemble nous amenant à l’inspecteur.
Un nom y est aussi évoqué : Loulou. Ce n’est qu’à la dernière page que cette allusion sera éclaircie. L’histoire est vraiment bien construite avec des rappels sur le passé de Metropolis et Faune, car les deux sont liés, ainsi que sur celui de Lohmann et cette affaire d’assassin d’enfants marqué d’un M. Ces passages sont d’ailleurs en noir et blanc, marquant ainsi la coupure.
De plus, Serge Lehman prend le temps d’installer les personnages. Par exemple, apprendre où vit Faune, ses habitudes matinales, en révèle plus sur l’homme. Point de dialogues inutiles, plusieurs images de suite peuvent être vierge de mots sans que cela nuise à l’ensemble.
Stéphane De Caneva s’avère à la hauteur, son style colle parfaitement au récit. Ses dessins magnifient la ville de Metropolis. Souvent, une page, voire deux sont utilisées pour mieux frapper le lecteur. Le fait que cette découverte se fasse toujours en tournant la page renforce cette impression. Régulièrement, on s’arrête pour mieux admirer les détails, afin de s’imprégner davantage de l’atmosphère de la cité.
Ce premier tome de « Metropolis » nous permet de découvrir cette mystérieuse œuvre de Serge Lehman qui aura mis plus d’une décennie à mûrir. Le résultat est à la hauteur des attentes, il s’avère somptueux à tout point de vue : histoire dans une Europe décalée, esthétique soignée, rythme du récit, découpage...
Une sombre menace règne sur la ville, bien rendue par Benjamin Carré sur la couverture. Et on n’a plus qu’une hâte, découvrir la suite pour éclaircir tous les points d’ombres soulevés.
Un album est annoncé par semestre, alors il ne reste plus qu’à patienter.
Metropolis (T1)
Scénario : Serge Lehman
Dessins : Stéphane De Caneva
Couleurs : Dimitris Martinos
Couverture : Benjamin Carré
Éditeur : Delcourt
Collection : Machination
Dépôt légal : 8 janvier 2014
Pagination : 96 pages couleurs
Dimensions (en cm) : 19 x 28,3
ISBN : 978-2-7560-4024-0
Prix public : 15,95 €
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Illustrations © Delcourt (2014)
