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Winterworld
Dixon & Zaffino
Delcourt

Avec « Winterwold » et sa suite « Wintersea », les éditions Delcourt exhument un de ces comics typiques des années 80, innovants et opérant une transition graphiquement réussie entre récits de super-héros et BD réalistico-futuriste, comme la version US de « Métal Hurlant » a pu en offrir différents exemples marquants : de quoi révéler au public américain la possibilité d’une BD résolument adulte.



En l’occurrence, cette création due au prolifique scénariste Chuck Dixon (il a contribué à bien des sagas de super-héros, tant chez Marvel que pour DC) et au talentueux dessinateur argentin Jorge Zaffino (1960-2002) ne lésine pas sur la violence, laquelle préside à ce qui reste des rapports sociaux dans une monde sujet à une nouvelle ère glaciaire.

Un sujet qui fait penser à d’autres sommets de la BD, dont bien sûr « Le Transperceneige ». A cette différence qu’ici, ce qui survit de l’humanité n’est pas concentré en un convoi symbolique, mais bien égaillé de place en place, selon une multitude de clans et de tribus que l’isolement et la famine poussent à la sauvagerie, voire à l’anthropophagie...

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Et c’est ce monde apocalyptique que sillonne Scully, commerçant itinérant qui ne croit en rien de rien, bientôt flanqué de Wynn, une jeune orpheline qui lui fait miroiter l’existence d’un monde meilleur, où des nantis disposeraient même de machines volantes. Un monde meilleur, non mais !

Une illusion, selon Scully, dont la philosophie s’énonce dès les premières planches de cette BD désespérée : « Pas chaud, c’est une autre façon de parler d’une chose alors qu’on n’en a pas envie. Parce que le froid est un tueur. Le froid, c’est la mort, et personne n’a envie de causer de ça ».

Ce n’est pourtant que de ça que parle « Wintersea », en une série de rencontres où la règle est de tuer, sans aucun état d’âme, pour éviter se faire tuer. Et pour certains qui en réchappent, finir esclave. Avant de mourir de faim, d’épuisement, de froid...

« Winterworld », virée sinistre que prolonge « Winterwater » : une histoire plus construite où la jeune Wynn renoue avec ses origines et fait connaître à Scully la Terre de feu, communauté où un microclimat permet de goûter aux charmes de la vie d’avant : paradis en sursis, bien sûr, que convoitent tant de hordes de pirates des neiges...

Un diptyque épatant malgré ses tonalités sinistres, et où Jorge Zaffino, à l’instar de toute une lignée de bédéistes sud-américains (dont Alberto Breccia et José Muñoz), manie en maître le noir et blanc, conciliant avec une déconcertante aisance souci du détail et fulgurances de l’action.


Winterwold
- Collection : Contrebande
- Scénario : Chuck Dixon
- Dessins : Jorge Zaffino
- Editions : Delcourt
- Dépôt légal : 3 juillet 2013
- Pagination : 144 pages N/B
- Format : 16,7 x 25,7 cm
- Numéro ISBN : 978-2-7560-4203-9
- Prix public : 13,95 €


Illustrations © Delcourt et les auteurs



Alain Dartevelle
24 mars 2014




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