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Métamorphose en bord de ciel
Mathias Malzieu
J’ai Lu, roman (France), conte fantastique, 123 pages, février 2012, 5,60€

Tom Cloudman est le plus mauvais cascadeur du monde. Mais il aime ça. Après une trop courte carrière et une trop longue liste de bosses, le voilà admis en hôpital, non pas en miettes mais attaqué par un cancer. Enfermé alors qu’il rêve de pouvoir voler, il se fabrique des ailes de plumes, avant de découvrir sur le toit de la clinique une volière et une... femmoiselle. Celle-ci lui propose un pacte : si, comme elle en son temps, il accepte de se métamorphoser, il sera délivré de la maladie. Tom accepte sans chercher à savoir les conditions ! Devenir oiseau, enfin ! A quel prix ? Faire un enfant à la femmoiselle ? Avec joie ! Et... la perte possible de son humanité ?



Mathias Malzieu, le leader du groupe de rock Dionysos, est notre Tim Burton national. « La Mécanique du cœur », excellent album, est devenue sous sa plume un conte triste et sortira même bientôt au cinéma. La recette fonctionne aussi pour l’album « Bird’n’roll », véritable bande originale de ce « Métamorphose en bord de ciel ».

L’histoire tient en peu de choses. Le roman en peu de pages, 123 dans cette édition J’ai Lu, nombre auquel on pourrait retrancher les quelques blanches entre chaque court chapitre. Point ici de volonté d’allonger la sauce, de tirer à la ligne, c’est un conte, un voyage aussi bref qu’émerveillant. Mathias Malzieu cisèle chaque phrase, comme si ce court roman était une très longue chanson, comme si chaque mot était primordial, bouclier contre la réalité, bras ouverts à la folie douce. Pour produire un petit bijou qui se dévore en deux heures, entre rire et larmes.

Car rapportée à une réalité bassement rationnelle, l’histoire est à faire pleurer dans les chaumières : un jeune homme épris de liberté est foudroyé par la maladie, et cette métamorphose promise comme échappatoire n’est qu’un écran de fumée pour adoucir la fin. L’envol, libération, laissant derrière lui l’humanité du personnage... et les funérailles finales, même parodiques, n’en demeurent pas moins comme telles.

Mais voilà, la dose de fantastique présente ici chasse les larmes au profit de l’espoir, du rire, de l’amour, rien ne semble grave, ni désespéré. Le moindre geste de Tom, dans sa manière décalée et unique d’aborder la vie, est un rayon de soleil : il pille les oreillers pour se fabriquer des ailes de plumes, vole en glissant sur les chariots-repas... Même la Betterave, son cancer, ne parvient pas à le clouer suffisamment au sol pour qu’il cesse de rêver du ciel... Et quand la femmoiselle s’en mêle... d’une scène d’amour aérienne, on retiendra que Tom en a oublié, en partant, son bas de pyjama, ce qui s’avère très embarrassant dans les couloirs !

Je ne sais pas si Malzieu écrit une belle et folle histoire sur une situation grave, ou si au contraire il dédramatise le cancer et la fin de vie avec l’énergie et la fantaisie dont il est coutumier dans son univers musical.

Je réitère ma comparaison avec Tim Burton. Je me demande pourquoi, finalement, j’en ai écrit si long, ces mots-là suffisent.


Titre : Métamorphose en bord de ciel
Auteur : Mathias Malzieu
Couverture : d’après la pochette de l’album « Bird’n’roll » de Dionysos
Éditeur : J’ai Lu (édition originale : Flammarion, 2011)
Site Internet : page roman (site éditeur)
Numéro : 9950
Pages : 123
Format (en cm) : 17,8 x 11 x 1
Dépôt légal : février 2012
ISBN : 9782290037843
Prix : 5,60 €



Nicolas Soffray
1er février 2014


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