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Haut-Royaume, tome 1 : Le Chevalier
Pierre Pevel
Bragelonne, roman (France), fantasy, 526 pages, avril 2013, 25€

Lorn Askarian avait tout pour réussir. Fils du maître d’armes du Haut-Roi, élevé avec le prince cadet à la cour du duc de Sarmes, plus jeune garde du roi, il chute mystérieusement : pour une faute dont nul ne veut parler, il est jeté dans les geôles de Dalroth, une prison noire où l’Obscure, la magie sombre du Dragon de la Mort, s’insinue lentement mais sûrement... jusqu’à la folie, ou la mort.
Mais au terme de trois années, c’est le prince cadet lui-même qui vient tirer Lorn de sa réclusion : le Haut-Royaume va mal, et le Haut-Roi lui-même a déclaré Lorn innocent du crime odieux dont il était accusé. Car il a besoin de lui : Lorn a un destin lié au prince et au Haut-Royaume. Le Haut-Roi fait de lui son Premier Chevalier, son représentant incarné. Mais dans quel but ?



Lorn inspire doublement la terreur. A son statut de survivant de Dalroth s’ajoute le pouvoir symbolique de sa chevalière au loup couronné : sa parole est celle du roi. Deux pouvoirs cohabitent en lui : celui, temporel, du Haut-roi, et l’autre plus mystérieux, celui de l’Obscure. Car de ses trois ans de prison, Lorn a conservé un souvenir cuisant : une marque sombre à la main gauche, douloureuse, un lien avec l’Obscure qui le submerge parfois dans de violentes crises.

Après un premier temps de retour à la civilisation, où il peine à reprendre goût à la vie, la mission du Haut-Roi l’intrigue plus qu’autre chose, tandis que dans son esprit les questions en appellent sans cesse d’autres : pourquoi l’amnistier maintenant ? pourquoi l’avoir laisser croupir à Dalroth trois années ? quels sont les projets du roi pour lui ? que veut-il que Lorn fasse de ce pouvoir de Premier Chevalier ?

Quelque chose couve. La Reine, profitant du retrait du Haut-Roi dans sa forteresse, gouverne et joue un jeu dangereux : elle vend la cité d’Angborn, arrachée de haute lutte des années plus tôt, à l’Yrgaärd, le royaume du Dragon de la Mort. Officiellement c’est un traité de paix entre deux ennemis héréditaires, mais personne n’est dupe : la Reine vend un port majeur du Haut-Royaume contre assez d’argent pour remplir des caisses vides et continuer à gouverner.

Vendre Angborn serait un affront à tous les soldats morts pour l’arracher au Dragon Noir. Annuler le traité signifierait une nouvelle guerre avec l’Yrgaärd, alors que le Haut-Royaume est divisé par les complots de la reine et de son ministre, mais aussi de la noblesse.
Un homme seul peut-il sauver le Haut-Royaume ?

Après « Les Lames du Cardinal », Pierre Pevel revient à de la fantasy assez classique. Certes, dans sa grande passion pour les“ trucs qui font boum !”, un peu de poudre noire vient épicer la chose, mais les canons sont la seule « modernité » qu’il se permet. Au contraire même, il saupoudre son Haut-Royaume d’éléments-type de la fantasy classique : dieux-Dragons antagonistes et clergés afférents, minerai magique (l’arcanium), compagnies militaires d’élite (les différentes gardes royales, l’Azur et l’Onyx, les vyverniers) et un soupçon de magie, noire bien sûr puisqu’il s’agit de l’Obscure, au centre de cette histoire.
Mais nous avons affaire à Pierre Pevel, pas à Richard Salvatore (avec tout le respect dû au créateur de Drizzt). Les passages obligés de cette histoire de renaissance (celle de Lorn, celle de la Garde d’Onyx) sont assez nombreux, entre preuves de courage, démonstrations de force, morceaux de bravoure, sentences cyniques et leçons de guerre, mais la plume est là et fait radicalement la différence. En plus des quelques spécificités de cette histoire qui donnent régulièrement un double sens ou des motivations obscures aux actes des uns et des autres. C’est une histoire d’hommes, de confiance et de trahison, la fantasy y serait presque secondaire.

Presque. Car ses éléments sont bien là, dragons et magie noire au premier rang. L’Obscure aura certes son rôle à jouer, mais la marque dans la paume de Lorn est surtout un rappel permanent à la trahison et à la noirceur, toutes deux profondément chevillées au cœur des hommes, Lorn y compris.
Il a trahi, on l’a trahi, Lorn joue au chat et à la souris avec le lecteur : on apprend au compte-gouttes la vérité sur ce qui l’a conduit à Dalroth. Et cette vérité est ambiguë. Mais la trahison est là. Et la vengeance est dans le cœur de Lorn dès sa sortie de prison, mais elle se manifestera différemment au fil des mois : d’abord un refus de jouer le jeu des puissants, le titre et les prérogatives de Premier Chevalier laissent entrevoir la pouvoir de rendre la monnaie de sa pièce à qui de droit. C’est toute l’ambiguïté du nouveau héros de Pevel : le preux chevalier, le dernier rempart du royaume n’est pas un chevalier blanc. Et pas seulement parce qu’il a souffert, parce qu’il est marqué, parce que constamment il se rappelle la faiblesse, la faille désormais ouverte en lui, mais parce qu’au fond de lui, la noirceur toute humaine a fait son chemin.

Lorn sauvera-t-il le Haut-Royaume ? Et si oui, pour combien de temps ? Sa vengeance sera-t-elle plus destructrice qu’une guerre avec l’Yrgaärd ?

Réponse, on l’espère, très bientôt. Bragelonne avait publié ce premier volume en édition hardcover pour les Imaginales 2013, et il ressort, en édition normale et pour quelques euros de moins, en ce mois de janvier. Même programme pour 2014 ?

Impossible en tout cas de ne pas accrocher à ce héros trahi et maudit, qui détient l’avenir du Haut-Royaume, pour ainsi dire, dans la paume de sa main...


Titre : Le Chevalier
Série : Haut-Royaume, tome 1
Auteur : Pierre Pevel
Couverture : Didier Graffet
Éditeur : Bragelonne
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 526
Format (en cm) : 24,6 x 15,6 x 4,9
- édition reliée hardcover :
Dépôt légal : avril 2013
ISBN : 9782352946328
Prix : 25 €
- édition simple brochée :
Dépôt légal : janvier 2014
ISBN : 9782352947233
Prix : 22 €



Nicolas Soffray
22 janvier 2014


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