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Victor Hugo, aux frontières de l’exil
Gil et Paturaud
Daniel Maghen

11 septembre 1853, cela fait plus d’un an que Victor Hugo est en exil. Sur l’île de Jersey, il observe la mer et pense à sa défunte fille Léopoldine. Cela fait dix ans qu’elle est morte sans que l’écrivain ait pu l’enterrer dignement et faire son deuil. Hugo est littéralement hanté par cette mort soi-disant accidentelle. La jeune fille serait morte noyée lors d’une virée en bateau avec son mari et le frère de ce dernier. Dans sa recherche de vérité, Victor Hugo n’hésite pas à faire appel à une médium, et lors d’une des séances de spiritisme, le fantôme de Léopoldine lui apparaît et réclame que la vérité soit enfin révélée sur sa mort. Traumatisé par cette vision, Victor Hugo décide l’inimaginable : retourner en France le temps de faire sa propre enquête.



Paris, Napoléon III s’attend à ce que les opposants au régime profitent de l’anniversaire de sa première année de règne pour critiquer ouvertement l’inefficacité de ses politiques et ne cherchent à le renverser. Le comble de l’ironie quand on garde le pouvoir par un coup d’état. Il faut donc à l’empereur de renforcer son service de renseignement et de faire surveiller les groupuscules pouvant fomenter une révolte. Pour cela, il va rappeler un vieux briscard, un policier aux méthodes loin d’être très orthodoxes mais qui a su montrer son efficacité : Eugène-François Vidocq. Le vieil homme n’a rien perdu de sa perspicacité et il sait parfaitement quels lieux visiter pour connaitre la moindre activité suspect dans la capitale. Toutefois, il ne s’attendait pas à voir revenir sur le devant de la scène un des exilés les plus célèbres et les plus craints de l’empereur : Victor Hugo.

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« Victor Hugo, aux frontières de l’exil » nous raconte de façon romancée cette période du célèbre écrivain : son exil sur l’ile de Jersey. Ce n’est en fait qu’une partie de l’exil de Victor Hugo, mais le cœur de ce roman est autre. Esther Gil s’est en fait attaquée au traumatisme que fut pour Victor Hugo la mort de sa fille Léopoldine. Sous la forme d’une enquête policière, la scénariste nous raconte la quête d’un père cherchant à comprendre la mort de son enfant. Toutefois, Victor Hugo n’est pas un père comme un autre mais surtout, pas un homme comme un autre. S’attaquer à un écrivain d’une telle envergure demandait beaucoup de vigilance pour ne pas trop déformer la vérité historique. Car le roman d’Esther Gil n’est pas vraiment une fiction, s’appuyant sur les faits exacts de l’époque.

La scénariste va nous faire découvrir un Victor Hugo certainement peu connu du grand public, par exemple par la part que prit l’occultisme pendant un temps dans sa vie. Si l’apparition de Léopoldine peut paraître un peu exagérée - ce sera d’ailleurs la seule utilisation du fantastique dans cet album -, la suite des événements est très proche de la réalité. Esther Gil nous dépeint Hugo tel qu’il était : ce père qui délaissa sa fille Adèle, trop préoccupé par les morts pour s’attarder sur les vivants, cet homme infidèle qui semblait pourtant amoureux de toutes ces femmes qui partagèrent sa vie... en même temps. Les personnages que va rencontrer Hugo durant son enquête seront ou bien réels comme Vidocq ou inventé pour l’occasion comme le jeune Gavroche. Les références aux « Misérables » seront d’ailleurs nombreuses dans ce tome. Esther Gil nous donnera, bien sûr, sa propre conclusion sur la mort de Léopoldine.

Laurent Paturaud va, de son côté, nous offrir un travail superbe. Ses personnages, sans trop ressembler aux véritables personnages historiques, sont très expressifs et nous immergent parfaitement dans cette oeuvre. On peut lui reprocher les corps un peu trop parfaits des femmes qui partagèrent la vie de Victor Hugo, mais le travail sur les jeux de lumières, sur les ombres, font de cet album une oeuvre qui marque un lecteur. Le cahier graphique en fin de tome ne fera que confirmer le talent de ce dessinateur, avec des portraits d’une grande beauté, des décors très détaillés... Le texte qui complète ces illustrations nous permet d’en savoir plus sur le travail des deux auteurs et de pousser un peu plus l’analyse de ce personnage hors du commun que fut Victor Hugo.

Les éditions Daniel Maghen nous offrent encore une fois une bande dessinée de grande qualité qui ravira un public très large, aussi bien les amoureux d’histoire, que ceux aimant les enquêtes policières ou tout simplement ceux aimant les dessins de qualité.


Victor Hugo, aux frontières de l’exil
- Auteur : Laurent Paturaud
- Scénario : Esther Gil
- Éditeur : Daniel Maghen
- Dépôt légal : 28 aout 2013
- Format : 245 x 325 mm
- Pagination : 112 pages couleurs dont un cahier graphique de 17 pages
- Numéro ISBN : 9782356740311
- Prix public : 19 €


© Editions Daniel Maghen - Tous droits réservés



Frédéric Leray
23 décembre 2013




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