Connaissez-vous l’histoire de ce couple de vieillards, vivants dans un village reculé. Le vieux se baladait souvent dans la forêt pour ne pas avoir à penser à cette triste vie qu’il passe avec la vieille. Un jour d’hiver, la neige tomba drue et les deux vieux décidèrent de créer des poupées de neige. C’était l’occupation préférée de la vieille. Seulement, se retrouver face à ces personnages de glace avait quelque chose de frustrant car le plus grand regret des deux vieillards est de n’avoir jamais eu d’enfant. Toutefois, le vieux possède deux pierres de lapis-lazuli qui seraient, selon la légende, magiques. Alors que se passerait-il s’il les utilisait pour former les yeux d’une des poupées de neige blanche ?
Il y a des livres qui vous chamboulent en une lecture, que vous reposez sans en fait trop savoir quoi en penser. Vous êtes touchés mais vous ne savez trop si c’est positivement ou négativement. C’est un peu cette impression que j’ai ressentie en fermant « Blanche ». L’histoire que nous conte Pog pourrait être tirée d’un folklore lapon ou russe, métaphore des illusions perdues et surtout de l’impossibilité de revenir sur le passé. C’est pourtant ce que cherchent les deux vieillards en voulant se créer une enfant à partir de la neige. Cette métaphore a été très largement utilisée dans la littérature fantastique, de « Frankenstein » à « Pinocchio », dans tous les styles. L’homme a de tout temps cherché à créer artificiellement la vie, quelque part à défier Dieu.
« Blanche », bien sûr, est plus doux dans son format que les deux romans précités, mais aussi très sombre et surtout très pessimiste car la morale de cette histoire ne sera pas un « happy end » mais bien au contraire un retour brutal à la réalité pour nos deux vieillards.
Cette comptine, triste et remplie de désillusions, est illustrée par des dessins d’Alexandre Day. Entre pleine page, où un ciel obscur plombe nos deux vieillards dont les postures et les expressions reflètent une profonde tristesse, et des esquisses plus claires plus joyeuses, mais aussi moins nombreuses, tout est fait pour alourdir encore plus l’atmosphère du conte déjà très sombre. Le lecteur est donc plongé dans un univers quelque peu déprimant, pas toujours facile d’accès et dont le lien entre dessin et histoire n’est pas toujours des plus évidents. Les crayonnés sont tous en noir et blanc, ajoutant à la morosité ambiante.
Attention, les dessins d’Alexandre Day n’en demeure pas moins des œuvres très intéressantes, souvent très fortes par les émotions qui en émanent. Mais regroupés dans un même album, cela génère vraiment un climat étrange propice à l’introspection et au pessimisme.
« Blanche » est donc une oeuvre indéniablement belle mais à éviter si vous avez le morale dans les chaussettes. A découvrir doucement, mais surement.
Blanche
Textes : Pog
Illustrations : Alexandre Day
Éditeur : Editions Margot
Dépôt légal : 1er décembre 2013
Format : 380 x 270mm
Pagination : 40
ISBN : 978-2-9541157-5-7
Prix public : 19,90 €
© Illustrations de Alexandre Day
