Les A. Caidos, le gang le plus ambitieux de L.A., surtout depuis qu’ils sont sous le commandement de Tuko, un vrai psychopathe près à tout pour se débarrasser des gangs rivaux, un vrai malade mettant une pression sans pareil sur ses hommes. Son frère, Marco, n’a pas sa splendeur, plus proche de petit caïd de bas quartier. Alors quand Carlos et lui tentent de rappeler à ce cher Ismaël à qui il appartient, il fait une énorme erreur : menacer la famille de ce traître. La réaction d’Ismaël est d’une rare violence mais surtout des plus humiliantes. Il ne reste plus à Marco qu’une solution : se venger de ce connard et de sa putain de famille. De toute façon, les A Caidos ne sont plus à un cadavre près, vu l’opération de nettoyage lancée par Tuko.

On pourrait croire que les expériences sur des soldats pour les rendre plus puissants et dont les conséquences sont catastrophiques font un peu réchauffées. C’était tout de même la base de nombre de comics, à commencer par le plus célèbre de tous : « Captain America ». Ou dans des versions plus trashs avec « Team 7 ». Le cinéma nous a offert, de son côté, les « Universal Soldier ». Un jugement trop hâtif pourrait n’être que « encore ».
Toutefois, Joaquim Diaz a un véritable talent. Bon, d’abord celui de pouvoir réaliser à lui tout seul tout un album, mais il a surtout bien appris ses leçons et utilise avec une véritable finesse toutes les astuces pour scotcher le lecteur. Tout d’abord, il commence par la fin... Classique me direz-vous, mais vu la violence des premières pages, le lecteur est immédiatement harponné. Ensuite, les clés pour comprendre l’état de ce pauvre Ismaël sont données au compte-gouttes, gardant toujours le mystère sur ce qui est réellement arrivé Ismaël pour qu’il devienne un monstre sans pouvoir contrôler ses fureurs. Mais il faut aussi de vrais méchants, des personnages que l’on puisse haïr du plus profond de notre âme au point de légitimer la violence du héros. Et de ce côté-là, Joaquim Diaz ne fait pas dans la dentelle, même si cela peut paraître sans surprises.
Toutefois, il y a l’art et la manière d’amener une tragédie attendue. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Joaquim Diaz sait introduire une scène. Il parvient même à donner l’impression que ce volume est réalisé par deux dessinateurs : celui s’occupant de « Ismaël normal », et celui dessinant les ténèbres de « l’Ismaël possédé », une belle performance démontrant la palette de graphismes maîtrisés par Joaquim Diaz. Globalement hyper-réalistes, les dessins frappent l’esprit, zappant entre les deux états du héros pour finir sur une scène que l’on pourrait traiter d’anthologie, symbolique de l’atmosphère qui émerge de cette série et qui annonce un deuxième tome très dur.
« Harden » s’avère donc comme une excellente série où l’horreur vous prend au tripes et ne vous lâche plus.
(T1) Sin Piedad
Série : Harden
Scénario : Joaquim Diaz
Dessin et couleurs : Joaquim Diaz
Éditeur : Le Lombard
Dépôt légal : 13 septembre 2013
Format : 237 x 310 mm
Pagination : 56 pages
Numéro ISBN : 9782803630912
Prix public : 14,45 €
© Joaquim Diaz- Le Lombard