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Dans la tête de Roman Coppola
L’Interview Dans la tête de Charles Swan III
5 octobre 2013

Dans la tête de Charles Swan III a été un de nos coup de cœur de l’été, Roman Coppola a pris le temps de répondre à nos questions.
Découvrez cet échange.



1 Pourquoi avoir réalisé le film avec une Dolly ?

J’ai choisi un type particulier de Dolly pour ce film pour des raisons pratiques mais aussi dans un soucis de créativité. Cette Dolly est de marque italienne c’est la « spider Dolly automatique », je l’ai acheté bon marché sur le net alors que dans les productions dites « normales » on a tendance à les louer à l’année.
En l’achetant, d’une part ça m’est revenu moins cher mais en plus j’avais comme une relation avec elle, j’ai appris à l’utiliser, elle est très spéciale, ça m’a permis de la customiser un peu.
Elle a plein de qualités : elle est très légère et est dotée d’un poste central ce qui signifie qu’elle s’ équilibre différemment des autres Dolly et vraiment mieux d’ailleurs. Elle peut tourner sur 360 degrés car le cameraman est au milieu du fait de ce poste central.
Quoi qu’il en soit, en choisissant mon éventail d’outils de manière strict sur le genre de choses que j’allais utiliser, des choses légères, peu onéreuses, en me limitant sur le matériel, j’ai pu obtenir un résultat plus précis, plus direct.
Beaucoup de films font appel à trop de logistique, donc ils offrent plus de possibilités, on voit ça comme une qualité en se disant « bon si jamais on a besoin on peu aussi faire comme ça » mais je préfère être limité niveau matériel et faire avec ce que j’ai, ça me permet de me concentrer sur d’autres choses.
La Dolly était fondamentale pour cet aspect de la préparation ou je voulais contrôler mes outils, vivre une « relation »avec eux et choisir des choses qui laisseraient leur empreinte sur le film, chose que la Dolly précisément est arrivée à faire.
Mais franchement, si vous regardez le film, il y a bien-sûr un certain nombre de scènes tournées à la Dolly mais ni plus ni moins que n’importe quel autre film, je n’ai pas selon moi abusé sur mon utilisation de la Dolly, c’était juste MON outil principal en tant que caméra.

2. Bill Murray est extraordinaire, pourquoi avez vous pensé à lui pour ce film ?

Je suis entièrement d’accord , c’est vraiment un rayon de soleil. Il est si drôle , si charmant, intelligent etc...
C’est étrange comment certains rôles sont créés, un homme m’a inspiré, un agent et aussi un comptable que j’ai dans ma vie qui garde toujours un œil sur la réalité. Quand tu dépenses trop d’argent pour faire face aux difficultés ils sont là pour te ramener à la réalité mais j’ai choisi de faire de ce personnage un ami proche. Ça c’est quelque chose qui a vraiment été inventé pour le film. Mais c’est dur de répondre, tout cela est vraiment venu en même temps. J’aime bien le fait que Charlie, alors qu’il traverse une période difficile, fait appel aux gens qui l’entourent : sa sœur, son meilleur ami mais aussi sa femme de ménage et son comptable. Ça me semblait être ce qu’il fallait pour ce personnage.
Pour revenir à Bill je me suis dit « Waou il serait super s’il jouait ce rôle » , je l’avais à l’esprit mais j’ai fait attention de ne pas en faire une fixation car je ne voulais surtout pas être bloqué du fait qu’il est très occupé, par chance il a accepté le rôle et j’ étais ravi et très reconnaissant de pouvoir travailler avec lui.

3. Ce film est un peu nostalgique, vous sentez-vous concerné ?

Oui, j ai grandi à SF (nda : San Fransisco) et aller à Hollywood là où beaucoup de mes proches vivaient, c’était quelque chose.
Surtout au milieu des années 70, 73/74 plus précisément, la culture « pop »qu’on pouvait voir si présente dans les rues, en descendant sunset strip on voyait d’immenses affiches, d’albums, de films, on passait près de Tower Records et voyait des illustrations de pochettes d’albums , de magazines, PlayBoy et autres magazines qui faisaient partie de la culture « pop » étaient remplis de cette imagerie pop, celle des pubs, très sexy, très amusante et excentrique.
Alors je me suis intéressé à cela et c’est devenu comme la base de ce que je voulais faire, c’est donc lié à mes souvenirs d’enfance de cette période là, à cet endroit précis, c’est-à-dire Hollywood au milieu des 70’s et à mon intérêt pour les artistes qui ont permis tout cela.
Et je pense que le film est en connexion avec Hollywood en général, certains fétiches et intérêts pour la culture pop de l’époque venaient des années 30 d’Hollywood et de la période « studio » classique de Sterring Rodgers ,Busby Berkeley et tous ces films, westerns et autres qu’on assimilait à la culture pop des 70’s et une fois de plus j’ai voulu m’en inspirer du fait de mon amour pour cet héritage.

4. Comment avez vous choisi vos acteurs ?

Le choix des acteurs se fait de toutes les manières possibles, une des bases dans le choix de mes acteurs était de prendre des gens qui faisaient partie de ma vie d’une certaine manière, on a fait ce film avec peu de moyens, on l’a fait rapidement, j’ai mis du temps à écrire le scénario mais la production a été très courte et il y avait beaucoup de gens dans ma vie avec qui j’avais envie de travailler, comme Jason Schwarztman, pendant que j’écrivais je lui soumettais et il s’impliquait en tant qu’ami, comme une oreille attentive.
Bill Murray faisait partie de ma vie et j’ai pu faire appel à lui, Charlie Sheen également bien que je ne l’avais pas vu depuis des années nous avions des affinités qui datent de l’enfance.
Le fait de faire appel aux gens qui faisaient partie de ma vie avait aussi quelque chose de pratique , on fait un film souvent en partant à la recherche d’acteurs.
Les atteindre, passer outre leurs agents et managers, ça peut prendre des mois et des mois donc il y a vraiment un aspect pratique à faire appel qu’aux gens de son entourage.
Bien-sûr il y a la confiance et l’intimité quand tu connais les gens avec qui tu travailles, tu sais de quoi ils sont capables il y a une confiance mutuelle et le côté accessible, c’est merveilleux de travailler comme ça.
Mais en dernier lieu j’ai choisi les acteurs en m’assurant qu’ils soient les meilleurs possibles pour leurs rôles. Comme Charlie Sheen par exemple, c’était le petit ami parfait il a tant d’esprit et de charme et il est vraiment très drôle avec tout ce charisme en plus,c’est un très bon acteur ! Je suis très content qu’il n’ait pas fait de films depuis longtemps ,ça m’a permis de le refaire découvrir au public en tant qu’acteur de cinéma, tout ça a été très attrayant pour moi.Quand on fait quelque chose et dans ce cas là il s’agit de mon film, je veux que ce soit MON film, et en tant que tel je voulais des gens que je connaissais et si quelqu’un d’autre devait faire ce film, il ferait le SIEN, et bien moi pour faire le MIEN j’ai puisé dans MON monde.

5. Le film est très complet d’un point de vue scénique et graphique, comment vous est venu l’idée de faire un film sur un designer qui fait face à une rupture ?

C’est une question assez vaste, je savais depuis le début,quand j’ai commencer à travailler sur mon idée d’une étude de personnage, d’un personnage exotique.
Le nom m’est venu rapidement , « Charles Swan III » c’est pompeux et grotesque ça a fait apparaître des images, comme ce mec qui a une vieille voiture ridicule et des animaux de compagnie exotiques, qui a des difficultés avec les femmes, qui a une sono incroyable et qui reste éveillé tard.
C’est quelqu’un de très créatif , donc ça a coulé de source cette histoire de type créatif et la crise qu’il traverse par la suite. Le fait de se séparer de quelqu’un en le vivant très mal, quand ça vous torture l’esprit et chamboule votre vie, je pense que c’est une base solide pour faire un film et surtout en tant que spectateur vous arrivez à savoir ce qui s’est passé quand il comprend lui même ce qui s’est passé.
Donc je pourrais raconter l’histoire de manière fractionnée comme dans un kaléidoscope sans respecter l’ordre de l’histoire, c’est quelque chose qui me plaît parce que c’est l’état d’esprit dans lequel tu es quand tu fais face à une rupture ; tu es très fractionné et confus, tu peux avoir aimé quelqu’un profondément et en te rappelant d’un détail tu peux le haïr profondément, et tu pourrais voir quelque chose ou avoir le souvenir d’un restaurant où vous êtes allés passer un superbe moment ensemble et ce même restaurant est celui où vous vous êtes séparés ou autre , donc votre cerveau fait des aller-retours. Je voulais en faire le portrait et j’ai pensé que le cinéma était le parfait support pour montrer cet état d’esprit et faire du cinéma l’écho de ces images kaléidoscopiques de rupture dont on vient à bout,donc c’était l’idée, tout comme l’idée de sa créativité ce qui rend le film d’autant plus riche car son esprit peut nous faire explorer son imagination.
Dans mon travail personnel, j’ai fais des pubs, des films et différentes choses, il y a toujours cet aspect intéressant dans votre travail de publicitaire et d’artiste, chose que j’aime, je lui ai donné l’image d’un artiste de pub c’est à dire d un illustrateur plutôt que celle d’un artiste peintre et je me suis juste dit que c’était une personne intéressante à observer et à connaître.

6. La musique de Liam Hayes est sans pareil, comment en êtes-vous venu à travailler avec ?

Absolument, Liam est mon héros je n’aurais pas fait ce film sans sa musique, il a été d’une telle inspiration, sa musique est si magnifique pour moi, à la base j’ai été initié par mon cousin Jason Schwartzman, il m’a fait écouter ses disques et j’en suis tombé amoureux.
Sa musique à été l’étincelle du film, donc j’ai écouté la musique sans arrêt, j’ai écrit des scènes dessus, certains passages ont inspiré des scènes, et donc bien-sûr quand on a commencé à travailler plus sérieusement, il a contribué en proposant des chansons après qui s’inspiraient de ce que je faisais.
C’était une incroyable collaboration.
C’est mon meilleur ami maintenant, c’est la personne pour qui j’ai le plus de considération et pour moi c’est le plus grand artiste musical auquel j’ai eu à faire, et j’en ai connu beaucoup.
Il est quelqu’un que je respecte beaucoup et que j’admire et je ne pourrai jamais dire à quel point sa musique a donné son âme à ce film.

7. Ce film est un bijou, merci !

Je suis ravi d’entendre ça, ce film a été fait avec beaucoup d’amour et c’est difficile dans un monde de cinéma professionnel de faire une œuvre atypique.
Le cinéma moderne a tendance à suivre le modèle de films précédents et c’est très difficile d’obtenir du soutien pour des films uniques en leur genre donc quand j’entends que ça a de l’impacte chez les gens ça a vraiment un sens car c’est un peu pour ça que je le fait donc j’apprécie ce commentaire et j’espère que d’autres personnes autour vont apprécier le film , merci pour votre intérêt.

Merci à Guy Etienne, Pascalyne Wilson et Alèv Hezer pour leur aide dans la retranscription.

LIEN(S) YOZONE

=> La critique du film


© Image : UFO Distribution



Ingrid Etienne
8 octobre 2013



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