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New Delhi (T1)
Corbeyran & L. Lachance
Editions Glénat

Corbeyran développe son concept de série fleuve aux cross-overs multiples. Dans ce nouvel univers, New Delhi a pris la place de ce que nous connaissons sous le nom de New-York. Les grandes avenues et les gratte-ciels sont toujours là mais ils sont occupés d’un flot incessant d’humains, de vaches sacrées, de vélos, de rickshaws… Même la statue de la liberté se voit parée de couleurs flamboyantes. Incredible India !
Les habitants de ce monde ont trouvé le moyen de voyager parmi les autres mondes parallèles : le yoga. Selon ses dirigeants, ce procédé, réservé à une élite entrainée, est sensé résoudre les pénuries d’eau, de nourriture et d’énergie qui menacent la population.
Une orientation étrange dans le scénario de la saga…



Ainsi, il n’est plus question de fusion noire. Pour voyager, il faut méditer ! La famille Kosinki et ses innovations scientifiques sont donc totalement absentes de l’intrigue principale.
Dans ce New Delhi américain, la jeune Abha rêve de rejoindre sa sœur, Lakshmi, en tant que yogi en charge de l’exploration dimensionnelle. Une telle responsabilité implique de nombreuses contraintes. Parmi elles, il est strictement interdit d’influer sur les autres réalités. A l’instar de l’effet papillon, les perturbations collatérales pourraient être catastrophiques. Les yogis se contentent donc de quitter leur enveloppe corporelle pendant une semaine, de visiter discrètement les autres mondes et de revenir faire leur rapport. Mais Lakshmi est suspectée d’avoir interagi avec un habitant de New Moscow. Seul un yogi doué, connaissant bien la jeune femme et méconnu des instances dirigeantes pourra mener cette enquête discrète. Abha est toute désignée. La nouvelle recrue va ainsi découvrir le monde de New Moscow et faire la connaissance de Ludmila, connue des précédents albums de la série, et coincée entre les réalités parallèles.

Ce nouvel épisode construit un lien solide entre les trois univers de ce nouveau cycle. Les références sont nombreuses et assez bien utilisées. Les pièces du puzzle se mettent en place intelligemment, de façon même plus subtile que lors du précédent cycle. Ce second cycle, prévu également en dix épisodes, pourrait-il convertir les déçus de la saga “New Byzance” – “New Harlem” – “New York” ? Peut-être…

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Cependant, tout n’est pas parfait dans cet album. L’univers tout d’abord est assez peu crédible. On ne comprend pas les origines de l’invasion de l’Amérique du Nord par l’Inde. Et les drapeaux, parfois indiens, parfois américains, affichés aux façades des immeubles augmentent cette confusion. Si les États-Unis n’existent pas, pourquoi conserver la bannière étoilée ? Par ailleurs, on ne comprend pas les véritables intentions de cette nouvelle humanité explorant les réalités voisines. Comment résoudre le problème de la faim dans le monde en visitant d’autres mondes, sans interagir d’aucune façon avec eux ? Les auteurs exploitent ainsi, et de façon assez maladroite, quelques clichés relatifs au peuple indien. Ces caricatures se retrouvent également dans les dessins.

J’ai eu la chance d’aller récemment à New Delhi, la vraie. La ville est époustouflante, mais cette cité moderne indienne est très loin du capharnaüm vivant présenté dans les planches de cette BD. Bien sûr, l’environnement présenté est fictif, mais il s’inspire trop de notre propre réalité pour nous faire oublier nos références. Autres éléments gênants : ces phrases en anglais, rédigées à la façon de la calligraphie indienne, sont assez peu crédibles. Pourquoi ce peuple écrirait sur tous ses murs et véhicules : « Water is precious. Save it. » ou « Food is a gift. Don’t waste it. » ? Ces poncifs entravent un peu l’immersion du lecteur.

Enfin, et c’est maintenant une habitude dans cette série, il est toujours amusant de comparer deux scènes identiques, esquissées différemment d’un album à un autre. A ce petit jeu, il faut le reconnaître, New Delhi ne sort pas gagnant. Cette nouvelle trilogie n’offre pas les meilleurs dessins de la saga. D’un côté, les couleurs vives de Cyril Saint-Blancat se marient parfaitement avec l’univers indien. On retrouve les teintes colorées des vêtements indiens sans tomber dans la caricature bollywoodienne. Mais d’un autre côté, les graphismes simples de Louis Lachance ne facilitent pas la lecture. Certes, les décors sont magnifiques, avec des arrières-plans détaillés, mais les visages des personnages sont trop souvent caricaturés. Les poses semblent souvent immobiles, avec des protagonistes tournés dans un profil parfait. Question de goût sans doute ! Le point positif reste le découpage original d’un même décor en plusieurs cases pour une lecture fluide et dynamique.

Espérons que la richesse du récit des prochains tomes comblera les quelques lacunes graphiques à mes yeux. Le tome 2 de “New Delhi” est prévu le 6 novembre 2013. Avant lui, les deuxièmes tomes de “New Beijing” et “New Moscow” seront disponibles chez nos libraires.


(T1) New Delhi
- Série : Uchronie(s)
- Scénario : Corbeyran
- Dessin : Louis Lachance
- Couleur : Cyril Saint-Blancat
- Illustration de couverture : Richard Guérineau
- Éditeur : Glénat
- Collection : Grafica
- Dépôt légal : 8 mai 2013
- Format : 240 x 320 mm
- Pagination : 48 pages couleurs
- ISBN : 978-2-7234-9040-5
- Prix Public TTC : 13,90 €


A lire sur la Yozone :
L’uchronie, renouveau de la SF ?
Les Uchronie (s) de Corbeyran
Uchronie(s) New Byzance (T2) Résistances
Uchronie(s) New Byzance (T3) Réalités
Uchronie(s) New Harlem (T3) Révisionnisme
Uchronie(s) New York (T2) Résonances
Uchronie(s) New Beijing (T1)
Uchronie(s) New Moscow (T1)


Illustrations © Lachance et Glénat (2013)



Allison & Julien
27 septembre 2013




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