Il ne reste plus à Eric qu’une seule chose à faire : fuir ! D’abord, la sécurité de la banque qui n’a pas mis longtemps à réagir. Heureusement, la tour où se situe le siège est proche d’un bar où quelques cols blancs un peu éméchés fêtent une promotion. Qu’un autre col blanc se mêle à la fête passe totalement inaperçu. Alors qu’Eric semble désespéré, un inconnu l’aborde dans le métro et cette espèce de SDF entouré de pigeons lui propose de l’aider. Comme si ce clodo pouvait comprendre ce qu’Eric ressent... Et pourtant... Ce que l’inconnu lui propose est assez incroyable : il doit accepter de perdre son identité et se déconnecter du reste du monde afin de devenir invisible. Décidément, ce type est fou. Mais à peine Eric est-il rentré chez lui que sa femme le trahit à son tour, le livrant à la police.

Les éditions Delcourt passent en cette rentrée 2013 en mode 2.0, associant la bande dessinée classique avec la lecture numérique. Et quelle meilleure incarnation de ce mariage de deux modes de lecture que le passage à la réalité augmentée... Pour les béotiens, la réalité augmentée désigne ici une méthode qui permet d’incruster de façon réaliste des objets virtuels dans une séquence d’images, en particulier les planches d’une BD. Grace à un programme téléchargeable sur portable ou tablette, le lecteur découvre alors des éléments que visualise son outil informatique.

Mais revenons d’abord à l’origine de « MediaEntity ». La série commença en fait comme websérie. Aujourd’hui, l’oeuvre de Simon et Emilie revient au format classique... à un détail près : certaines pages sont réalisées en réalité augmentée. Mais au-delà de la performance technique, que dire de la BD en elle-même ? Le premier tome s’inspire plus que fortement de l’histoire du trader de la Société Générale, Jérome Kerviel, qui fit perdre plus de 4,8 milliards d’euros à sa banque. Simon transforme l’histoire du trader en un complot plus complexe, sur lequel le lecteur n’aura strictement aucune véritable information dans ce premier tome. L’histoire pose les principaux personnages, apportant plus de questions que de réponses. L’action est réellement non stop, les mésaventures de Magoni l’enfoncent toujours plus profondément dans l’horreur de ce complot lui ayant bouffé sa vie.

Et « Mediaentity » dans tout cela ? Il faut s’intéresser au dossier en fin de tome pour en savoir un peu plus sur la signification du titre de la série. Mais il ne faudra pas longtemps pour atteindre la dernière page, car le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’y a pas grand chose à lire. Une conséquence de la version websérie qui impose une lecture rapide pour garder l’internaute connecté à l’histoire, mais en mode BD, le lecteur a l’impression d’avoir passé bien peu de temps sur sa BD. Le style graphique d’Emilie, très punchy mais avec aussi des décors plutôt vides, augmente cette impression d’avoir lu à grande vitesse le tome. Son design s’adapte très bien au format papier, avec un vrai focus sur les personnages. Toutefois, les couleurs ont un côté lisse qui saute aux yeux en BD classique alors qu’elles passent sans grand problème sur ordinateur.

L’expérience « MediaEntity » ne va pas s’arrêter là car les éditions Delcourt prépare un véritable jeu de piste sur le thème de cette série. Un jeu de piste local par des indices qui seront semés lors du festival Delcourt à Bercy Village, du 20 au 22 septembre 2013, et durant les Utiopales, du 30 octobre au 4 novembre 2013. Un jeu de piste national, le public étant ponctuellement appelé à aller chercher des informations dans des clés USB cachées et scellées dans les murs de grandes villes de France.

« MediaEntity » lance donc une nouvelle façon d’appréhender la BD, mais il faudra attendre le tome 2 pour savoir si l’histoire est vraiment à la hauteur des attentes des lecteurs. Et attention, le côté réalité augmentée se limite pour le moment au dossier de fin de tome.

MediaEntity (T1)
 Scénario : Simon
 Dessin : Emilie
 Couleur : Emilie
 Éditeur : Delcourt
 Dépôt légal : 28 aout 2013
 Format : 240x320 mm
 Pagination : 64 pages couleurs
 Numéro ISBN : 978-2-7560-4728-7
 Prix public : 13,95 €

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