Chargement...
YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Greg Mandel, tome 2 : Quantum
Peter F. Hamilton
Milady, traduit de l’anglais (Grande-Bretagne), Science-Fiction, 510 pages, octobre 2010, 8€

Dix ans de Parti Socialiste Populaire ont ruiné la Grande Bretagne : krach financier, destruction de l’économie, sécurité sociale dissoute, réseau routier à l’abandon. Un début de fonte des pôles n’a pas amélioré les choses : l’île d’Ely est sous la mer, deux millions de britanniques sont déplacés, les habitants des Fens inondés du Lincolnshire viennent augmenter la population des bourgs et des villages. Trois ans après la chute du Parti Socialiste Populaire et la seconde Restauration (et un an après les aventures de Greg Mandel décrites dans « Mindstar »), dans un pays qui subit le poids des modifications climatiques – alternance de sécheresses et d’inondations – les choses ont bien du mal à revenir à la normale. C’est dans ce contexte encore instable, et dans une course technologique féroce à la recherche de sources d’énergie nouvelles et inoffensives (expérience faite, plus personne n’a envie de rire de la fonte des pôles), que vient s’inscrire cette seconde aventure de Greg Mandel.



Greg Mandel, l’ancien soldat de la brigade Mindstar aux capacités modifiées (un implant glandulaire lui permet de libérer une neurohormone lui donnant pouvoir de savoir si ses interlocuteurs mentent ou non) est sollicité par Julia Evans, héritière d’Event Horizon, l’entreprise de son grand-père Philip Evans – lequel survit depuis sa mort dans un « construct » informatique à la William Gibson. Sa mission : résoudre l’énigme posée par le meurtre d’Edward Kitchener, physicien de grande classe qui travaillait, entre autres, pour Event Horizon. Un meurtre perpétré selon un étrange rituel, et semblable à ceux commis par un psychopathe depuis longtemps sous le verrou.

Le mystère n’est pas mince. La nuit du crime, Kitchener était isolé dans son abbaye en compagnie d’une poignée d’étudiants, coupés du reste du monde par des intempéries accompagnées d’inondations telles qu’il était pratiquement impossible d’y accéder. Un tueur en aile volante ? Trop de vent. Un techno-mercenaire ? Peu vraisemblable : les systèmes de sécurité de l’abbaye sont pratiquement inviolables, et nulle trace d’intrusion, qu’elle soit informatique ou humaine, n’est décelée par quiconque. Quant aux interrogatoires des étudiants par Greg Mandel lui-même, ils n’aboutissent strictement à rien.

On est donc en présence d’un mystère non pas de chambre close, mais de bâtiment clos, combiné à des aspects hig-tech, à des éléments de technothriller, et à des facettes cyberpunk. S’il est astucieusement conçu, et fait preuve de belles qualités dans l’intégration de l’intrigue au contexte sociopolitique et économique, et si l’on prend plaisir à retrouver des personnages connus – outre Greg et Eléonore Mandel, Julie Evans, son responsable de la sécurité Morgan Walshaw, l’entité semi-humaine Philip Evans, le hacker handicapé Royan et les Trinities – ce roman montre néanmoins quelques limites. On notera, par exemple, que les amourettes de Julia, ainsi que les épisodes relatifs à l’importance qu’elle accorde à la manière dont ses tenues sont moquées par une journaliste influente de la médiasphère, non seulement n’apportent guère de crédibilité à son personnage, mais aussi occupent bien des pages d’un roman qui aurait sans doute gagné à être plus concis.

Fort heureusement Peter F. Hamilton vient raviver l’attention avec la découverte de nouvelles neurohormones et l’exploration de leurs propriétés pour voir non pas le futur, mais une partie du passé. Si la tentative de mettre en relation leurs effets avec l’existence, dans la structure de l’univers, de micro trous noirs donnant accès à un proche passé apparaît quelque peu tirée par les cheveux (et l’on regrette qu’elle ne soit exploitée que dans le cadre d’une intrigue policière), elle permet à l’enquête, dès lors confrontée à de nouveaux éléments en faveur de l’impossibilité d’un tel crime, de rebondir à plusieurs reprises avant de trouver son dénouement.

Moins dense et moins trépidant que les deux autres romans consacrés à Greg Mandel, « Nano » et « Mindstar », « Quantum  » n’en reste pas moins un bon polar high-tech/cyber, plaisant à lire, apportant son lot d’hypothèses et de retournements de situation. Les lecteurs des premières aventures de Greg Mandel y retrouveront avec plaisir les personnages de « Mindstar » et le futur proche imaginé par Peter F. Hamilton.


Titre : Quantum (A Quantum Murder, 1994)
Cycle : Greg Mandel T 2
Auteur : Peter F. Hamilton
Couverture : Lapao
Éditeur : Milady
Traducteur : Thierry Arson et Sara Doke
Éditeur : Milady
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 510
Format (en cm) : 18 x 11 x 4
Dépôt légal :
ISBN : 978-2-811204143
Prix : 8€



Peter F. Hamilton sur la Yozone :
- La trilogie du vide
tome I « Vide qui songe »
tome III« Vide en évolution »
- La tétralogie de Pandore
tome I « Pandore Abusée »
tome II « Pandore menacée »
tome III « Judas déchaîné »
- La trilogie Greg Mandel
tome I « Mindstar »
tome III « Nano »
- Un volume de nouvelles
Manhattan à l’envers


Hilaire Alrune
30 septembre 2013


JPEG - 23.7 ko



Chargement...
WebAnalytics