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Maison Sans-Pareil (la), tome 1 : L’Oiseau Noir
Elliot Skell
Flammarion, grand format, roman traduit de l’anglais (Grande-Bretagne), aventure gothique, 349 pages, juin 2012, 13€

Un jour, le Capitaine Capelan est arrivé avec son Majordome et de grandes richesses. Il a fait construire la Maison Sans-Pareil, assemblage architectural très hétéroclite, et un grand mur autour pour protéger sa famille du monde sale et laborieux du dehors.
200 ans plus tard, ses descendants vivent toujours dans l’immense maison Sans-Pareil, et les descendants des serviteurs ont repris le flambeau de leurs parents. Tout continue selon les traditions instaurées...
Un jour, la jeune et perspicace Omnia Capelan voit une ombre noire sortir des forêts entourant la Maison. Et le Capitaine est tué. Pas mort de mort naturelle en laissant un testament désignant son successeur, mais tué. Et c’est bientôt le tour de son Majordome.
C’est très très inhabituel...



Mais si tous les Capelan s’émeuvent de ces morts, peu les trouvent réellement suspectes, et presque tous s’en retournent bien vite à la passion dévorante qui occupe leurs journées.
Car on découvre bien vite qu’entre les règles implicites de la Maison et l’espèce de malédiction qui pèse sur la famille Capelan, les adultes ne sont guère d’un grand secours.
C’est la jeune Omnia Capelan qui va commencer à enquêter. Et à force de fouiner, elle découvre, avec son cousin Étergrand, un trou dans le mur d’enceinte. Ce qui veut dire que des gens peuvent entrer et sortir de la Maison, comme l’ombre qu’elle a entraperçue...

Le lendemain, une tuile manque lui tomber sur le crâne en salle de classe. Tout le monde parle d’accident inexplicable. Sauf Cornélius Halodule, le messager de la Maison, qui connaît le mieux l’extérieur puisque le seul à y aller (pour porter notamment les actes de décès).
Le domestique presse Omnia de faire attention, et de le laisser la protéger. Mais les soupçons de la jeune fille se portent plutôt à son encontre : n’a-t-il pas la même silhouette que ce grand oiseau sombre, signe unanimement reconnu de mauvais présage, qui plane au-dessus de la maison ?
N’est-ce pas lui qui poursuit Omnia en haut d’une tour, où elle a rendez-vous avec l’ombre qui utilise le trou dans le mur ?
Rendez-vous qui s’avère un piège mortel, et Omnia n’échappe à la chute que grâce à la lubie de Basilica Capelan, qui pêche les oiseaux à sa fenêtre avec un grand filet. Mais qui est cette femme, de sa famille, qui vit recluse, et pourquoi personne ne semble la connaître et la croire en vie ?

La mort du Capitaine n’est peut-être pas le plus grand mystère de la Maison Sans-Pareil...

Dès la couverture signée Aurélien Police, j’ai été emporté dans cette histoire où l’ambiance presque gothique est savamment camouflée derrière une fantaisie permanente.

Elliot Skell réussit parfaitement son coup : on est scotché dès les premières pages. D’abord parce que cela s’ouvre par un meurtre, puis par les bases de son micro-univers jetées en quelques lignes, mais aux conséquences ô combien importantes.
La Maison Sans-Pareil vit en quasi autarcie, et quiconque y entre (notamment les futurs époux et épouse, apprend-on) pour intégrer la grande famille Capelan, n’en sortira plus.
Qu’importe, qu’a le monde extérieur à apporter aux gens ? Sueur, travail, misère. Alors que la Maison, chacun peut se donner à fond pour sa passion, qui obnubile chacun, l’un pour les papillons, l’autre pour la peinture, ou encore les gels et cires pour cheveux, comme le frère aîné d’Omnia.

On a déjà donc un bon potentiel de joyeux bazar, croisement entre les imaginations délirantes de Tim Burton et les univers visuels de Jean-Pierre Jeunet.
Difficile de donner des références chronologiques : le temps ne semble pas avoir cours dans la maison, même si le niveau technologique laisse envisager un flou entre le XVIIe et le XIXe siècle. Comme on ignore ce qu’il en est dehors... Aucun avion ne survole la Maison, mais si vous avez vu « Le Village » de Shyamalan, vous savez que ça ne veut rien dire...
Donc on oscille entre de la fantasy légère et un flou pas désagréable sur ce qui est possible ou pas de nous tomber dessus.

Ce dont on ne peut guère douter, c’est que les Capelan sont de sacrés monomaniaques, et que les traditions leur ont donné de solides œillères quant à tout ce qui pourrait chambouler leur quotidien. Et ils cachent de lourds secrets, comme en témoigne la retraite de Basilica, recluse, exclue de la vie de la Maison, ou encore la pièce secrète qu’Omnia découvre derrière le placard de son cousin.
Et qui sont les Éterfuis, dont le meurtrier annonce le retour et la vengeance à la fin ?
Toutes raisons de se jeter sur la suite, « L’Homme au Masque », où certaines choses trouveront des éclaircissements.

Avec ce palais aux allures de labyrinthe fabuleux, son héroïne qui semble la seule à avoir la tête sur les épaules au milieu de frappadingues en tous genres et son complot qui vous tient en haleine (malgré le faible nombre de suspect, car avouons-le, l’évidence crève vite les yeux), « La Maison Sans-Pareil » vous réserve un agréable moment de lecture. L’éditeur le conseille dès 11 ans. Personnellement, je ne vois aucune raison de mettre un âge maximum.


Titre : L’Oiseau Noir (Neversuch House, 2010)
Série : La Maison Sans-Pareil, tome 1
Auteur : Elliot Skell
Traduction de l’anglais (Grande-Bretagne) : Alice Marchand
Couverture : Aurélien Police
Éditeur : Flammarion
Collection : Grand Format
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 349
Format (en cm) : 20 x 14,5 x 2,5
Dépôt légal : juin 2012
ISBN : 9782081253933
Prix : 13 €



Nicolas Soffray
27 août 2013


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