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Sandman Slim
Richard Kadrey
Denoël, Lunes d’encre, roman traduit de l’anglais (USA), vengeance fantastique, 361 pages, février 2013, 23€

James Stark est un Sub Rosa, un magicien californien. Un gamin doué. Au point que son pote Mason, le chef de leur Cercle, l’a envoyé en Enfer. Onze ans.
Monstre de foire, premier humain vivant à atterrir En-Bas, Stark a survécu, se battant dans les arènes pour divertir les démons, avant de faire le tueur à gages pour les généraux infernaux.
Et le voilà qui revient à Hollywood, la veille de Noël, avec trois gadgets démoniaques, et bien décidé à se venger...



C’est le début d’un grand bazar, car Stark n’est pas du genre subtil, et le monde a bien changé en 11 ans, ne serait-ce qu’au niveau de la téléphonie. Armé du couteau noir d’Azazel (qui ne tue que si on le souhaite), de la pièce Veritas (qui dit la vérité avec une certaine ironie) et de la Clé de la Salle aux 13 Portes (qui permet de voyager via les ombres), il va chercher ses anciens « amis » pour leur faire la peau. Non pas qu’il leur en veuille infiniment pour ces onze années d’enfer, mais Mason a fait tuer sa petite amie Alice, et ça Stark ne le pardonnera pas.
S’installant dans le vidéoclub miteux de Kasabian, le mage le plus pitoyable du groupe qu’il décapite (sans le tuer), Stark fait le tour de son carnet d’adresses, retrouvant son vieux mentor français Vidocq (oui, LE Vidocq) qui désespère de ce jeune chien fou incapable de ne pas se fourrer dans le pétrin.
Mais Stark s’en sort toujours, avec peu de casse : son séjour infernal l’a doté de certains pouvoirs. Il lit dans les émotions des gens. On ne peut jamais le blesser deux fois de la même manière.

Et il va bien en avoir besoin. Entre Parker, le larbin sadique de Mason, les vampires, un groupe de néo-nazis, la Garde d’Or, les anges déchus et la Sécurité Nationale, les fêtes de Noël vont être animées. Et pour bien faire, d’autres monstres se jettent dans la mêlée. Mais face à Sandman Slim, le monstre tueur de monstres, feront-ils le poids ?
Ah, c’est beau, la naïveté et l’excès de confiance, face à un type qui n’a rien à perdre...

Les histoires de vengeance, c’est bon quand ça va crescendo (façon « Kill Bill ») ou au contraire quand rien ne se passe comme prévu. On est ici plutôt dans ce dernier cas. Stark, héros et narrateur au présent de cette série B assumée, n’a pas de plan, vit sur le moment sans plan à long terme. Venger Alice, le reste importe peu. Richard Kadrey nous lance directement dans le vif du sujet en débutant cette histoire par la sortie de terre de son héros. Nous n’apprendrons que quelques bribes de ses aventures infernales au fur et à mesure des évènements ; comme lui, comme le temps du récit, ce sera le moment présent qui prévaudra.

De grand ado sarcastique, Stark a conservé de nombreuses séquelles, maniant un humour noir et une ironie mordante en toutes occasions, y compris les pires : face à certaines forces, du genre un ange en mission divine qui le considère comme une abomination, il vaudrait mieux pour sa santé qu’il se tienne à carreau. Hélas... Et quand il ne se fourre pas « par hasard » dans les ennuis, il y plonge à pieds joints, au point d’avoir parfois les deux camps, les Bons et les Méchants, à dos.
Mais bizarrement, lorsqu’on apprend qu’une autre race créée par le Grand Barbu va détruire l’Humanité au terme d’un vaste complot à minuit le 31 décembre, devinez qui va sauver le monde ? Bon en fait, c’est une concomitance d’intérêts, lui vient faire autre chose. Mais bon, quand on peut massacrer des méchants, assouvir sa vengeance et que ça rend service...

Tout le bouquin est à l’avenant. On a droit à une vaste panorama des forces en présence, guère plus reluisantes les unes que les autres, fanatiques de tous bords et mages avides de puissance. C’est truculent à souhait, entre échanges de vacheries et scènes d’action flamboyantes.

Ceci n’est que le premier tome d’une série (le 5e vient de paraître aux USA), et la compagnie Dino de Laurentiis (rappelez-vous « Dune ») prépare l’adaptation cinéma. Imaginez un truc entre « Constantine » et « RED », vous ne devriez pas tomber loin.

La série B est hélas un peu rare sur nos rayons, les auteurs voulant tous laisser une œuvre aussi sérieuse qu’immortalisante. Kadrey prend visiblement exemple sur les rejetons indignes de l’Amérique comme Quentin Tarentino : il fait du grand n’importe quoi, mais le plus sérieusement du monde.

Denoël a publié déjà publié 3 romans de Richard Kadrey, 2 volumes de SF et un dernier de fantasy urbaine, « Butcher Bird ». De quoi attendre la suite de « Sandman Slim »...
Mais pour ceux qui trouveront ça juste bien sympa mais sans plus, on peut très bien arrêter là sa lecture sans rester sur sa faim ni avec de grandes révélations en suspens.


Titre : Sandman Slim (Sandman Slim, 2009)
Auteur : Richard Kadrey
Série : Sandman Slim, tome 1/5 (actuellement)
Traduction de l’anglais (USA) : Jean-Pierre Pugi
Couverture : Ervin Serrano
Éditeur : Denoël
Collection : Lunes d’encre
Site Internet : fiche du roman
Pages : 361
Format (en cm) : 14 x 20,5 x 2,8
Dépôt légal : février 2013
ISBN : 9782207108963
Prix : 23 €



Nicolas Soffray
18 septembre 2013


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