En 2012, une énigmatique multinationale, la Leviathan Financing and Co, invite des dizaines de personnes à une étrange réunion. Toutes les personnes présentes sont spécialistes dans leur domaine. Les invités n’ont pas des dons, mais des talents. Ils sont ce que l’humanité a de meilleur dans les domaines artistique, littéraire, scientifique… Un émissaire de la compagnie ne tarde pas à présenter les raisons de ce rassemblement : un jeu. Mais quel jeu ! A grande échelle et réservé à l’élite. A l’instar d’Hercule, la Leviathan Corporation propose à ses illustres invités de réaliser douze épreuves hors du commun, à l’image des personnalités présentes. La récompense est simple : seul le vainqueur connaîtra la raison pour laquelle la multinationale a organisé ce concours. Piqués au vif, tous les protagonistes relèvent le défi. Des groupes sont alors constitués pour mener le premier des travaux. Le lecteur suit alors cinq de ces « edgers », comme ils se qualifient, au profil très différent. Ils ne se connaissent pas, ou peu, mais leurs talents semblent se compléter. Hiroshi Itou a refusé deux fois le Nobel de Physique, Stella Orsini del Giglio est une héritière richissime, Jirakee Walker a obtenu trois prix Pulitzer de la meilleure photo, Mark Underwood est un expert en psychologie sociale, et Delroy dispose d’un talent de persuasion incomparable. Ces cinq edgers sont chargés de retrouver et d’aider un mystérieux jazzman quadragénaire. La quête paraît simple. Et pourtant…
Le scénario de Francesco Dimitri est parfaitement maîtrisé. Cet écrivain talentueux nous propose ici son premier roman graphique. Et quelle surprise ! On plonge avec plaisir dans cette histoire crédible et palpitante. Le suspens nous emporte. On vibre pour ces super-héros sans super-pouvoir. Les dialogues sont fins, percutants et très informatifs. Les rebondissements sont nombreux et certains événements dramatiques ne vous laisseront pas de marbre. L’immersion est totale. Un régal !
Seul bémol, s’il fallait en trouver un, cette histoire est supposée être un diptyque, un récit en deux tomes. Or, comment réaliser douze travaux quand le premier n’est toujours pas résolu à l’issu de cet album ? Que le premier volume prenne le temps de poser l’intrigue et les personnages est normal, mais cela crée quelques inquiétudes concernant la densité narrative du prochain opus.
Les auteurs s’offrent même le luxe de disperser quelques clins d’oeil dans leurs dessins, comme sur les tee-shirts des personnages. Ici une référence au chat de Schrödinger. Là, une adresse IP ? Ces éléments enrichissent la lecture. Globalement, les dessins sont d’ailleurs de très bonne facture. Les personnages sont charismatiques, un poil caricaturaux mais facilement reconnaissables, et les décors sont variés (tour d’Europe oblige !). J’ai particulièrement apprécié le travail sur les couleurs et les lumières, tout en subtilité, également de Mario Alberti.
L’illustrateur a participé aux “Chroniques de Légion”. Il a également réalisé plusieurs couvertures de DC Comics et quelques numéros cross-over pour Marvel. On retrouve le style des comic books dans le découpage dynamique des planches de cet album.
Ce premier opus se solde par un cliffhanger de taille.
Le prochain épisode est prévu pour le 21 août 2013. Dans cette conclusion, les edgers devront écrire la chanson d’amour parfaite, venger la disparition d’un des leurs, et se débarrasser du parrain de la Camorra… Rien que ça ! Seul un scénario parfait réussira à combler nos attentes en un seul volume. On croise les doigts.
Cutting Edge (T1)
Scénario : Francesco Dimitri
Dessin : Mario Alberti
Couleurs : Mario Alberti
Éditeur : Delcourt
Collection : Machination
Dépôt légal : 17 avril 2013
Format : 240 x 320 mm
Pagination : 48 pages couleurs
ISBN : 978-2-7560-3250-4
Prix Public : 13,95 €
Illustrations © Alberti et Delcourt (2013)
