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Agence Hardy (T7) Les diamants fondent au soleil
Goetzinger Annie & Christin Pierre
Dargaud

Paris, février 1960. Victor Maziéro, l’employé d’Édith Hardy, boucle sa valise, sans nouvelles de Rosa, ni directement, ni par ses collègues journalistes de Combat. Malgré les affrontements dans Alger- c’est « la semaine des barricades »-, il part. De son côté, Édith a un rendez-vous professionnel, place Vendôme, chez un grand bijoutier. Louis-George Pérouge a connu son mari en 1939, lorsque celui-ci était agent de change et homme de confiance de la famille israélite Levy-Sanders. Ceux-ci convertirent de nombreuses œuvres d’art en bijoux durant ces temps de guerre incertains. Les transactions furent consignées dans « le livre de pierres » de la maison Pérouge, mais la guerre et la déportation virent la disparition complète de cette famille. Sauf que récemment, un artisan orfèvre avec lequel la maison travaille, et lui-même touché par la déportation, vient de lui apporter un rubis issu de ces ventes. Le bijoutier lui demande de remonter la piste et Édith accepte la mission par devoir de mémoire sans intérêt financier. Pendant ce temps, Victor embarque à Marseille pour l’Algérie.



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Trois ans après la parution du « Boulevard des crimes », Pierre Christin nous renvoie, cette fois-ci, dans un Paris disparu, le Paris de sa jeunesse (il est né en 1938). Il aborde deux thèmes historiques forts dans cet album, mélangeant la grande et la petite histoire. D’une part, la spoliation des biens juifs pendant la dernière guerre mondiale, sujet régulièrement d’actualité. En effet, la politique d’aryanisation, commença en 1940, elle consistait à déposséder les juifs en leur interdisant toute activité commerciale. Celle-ci, par extension, pouvait porter aussi bien sur les biens (œuvres d’art, meubles), sur l’immobilier ou sur le financier (compte en déshérence). La mission d’étude sur la spoliation des Juifs de France, dite « Mission Mattéoli », a été installée en mars 1997 par Alain Juppé, alors Premier ministre. Les conclusions ont été rendues le 17 avril 2000. Une commission pour l’indemnisation des victimes de spoliations intervenues du fait des législations antisémites en vigueur pendant l’Occupation a été mise en place en septembre 1999.

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D’autre part, la guerre d’Algérie, à travers l’enquête de Victor Maziéro. C’est un conflit qui se déroula de 1954 à 1962, principalement en Algérie, alors colonie française. Elle opposa l’Etat français aux indépendantistes algériens, mais fait partie de façon plus générale du mouvement globale de décolonisation. Elle fut aussi considérée comme une guerre civile entre des communautés. Le conflit déboucha sur les accords d’Evian le 18 mars 1962 qui virent l’indépendance de l’Algérie. Elle eut comme conséquence d’entraîner la chute de la quatrième république. L’action se passe en février 1960, à Alger, c’est la fin de « la semaine des barricades ». Cette insurrection de la population algérienne d’origine européenne est la résultante du limogeage du colonel Massu. Les principaux instigateurs furent Pierre Lagaillarde et Jean-Jacques Susini qui créèrent l’O.A.S (organisation de l’armée secrète) le 11 février 1961. Le journal « Combat » né sous la résistance est d’abord une tribune pour le mouvement résistant éponyme. Il fut publié de 1941 à 1974, il couvrira de façon complète toute la Guerre d’Indépendance.

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Pierre Christin, au travers de ces sujets, nous montre une France qui subit une mutation, dans cette fin des années 50. Modification architecturale et sociale avec l’évocation des bidonvilles de la banlieue parisienne (Nanterre) qui tranche avec la bourgeoisie de la place Vendôme, alors que l’on aperçoit le C.N.I.T. (Le Centre des nouvelles industries et technologies) en arrière plan. Cet espace d’exposition fut construit en 1958 sur la commune de Puteaux.

Une histoire dure, par les sujets traités, truffée de références et ancrée dans l’Histoire.

On ressent, malgré tout, un léger flottement dans le scénario, dû peut-être au format de l’album. La conclusion du scénario est rapide, trois pages, et, à mon avis, légère. Loin de ce que la verve de l’auteur sait créer.

Annie Goetzinger est toujours fidèle à son style, très à l’aise dans tout ce qui touche la mode ou le design. Ses couleurs pastels viennent éclairer son dessin toujours un peu rigide et adoucir le propos éprouvant. Mais le tout dégage un charme et une élégance distinguée, en restant toujours dans le ton de la série noire.

Un tandem de charme et de choc, qui fonctionne à merveille mais qui, sur ce scénario, aurait pu nous proposer une histoire sur deux tomes.

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(T7) Les Diamants fondent au soleil
- Série : Agence Hardy
- Scénario : Pierre Christin
- Dessin : Annie Goetzinger
- Couleurs : Annie Goetzinger
- Éditeur : Dargaud
- Dépôt légal : 29/06/2012
- Pagination :48 pages couleurs
- Format :240 x 320 mm
- ISBN : 978-2205-06709-5
- Prix : 11,99 €


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©Dargaud édition 2012



arjulu
2 octobre 2013




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