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Paris est un leurre : la véritable histoire du faux Paris
Xavier Boissel
Inculte, essai (France), 128 pages, avril 2012, 13,90€

Saviez-vous que lors de la Première Guerre mondiale, l’armée française avait envisagé la création d’un faux Paris, destiné à détourner les bombardements de la capitale ? Un projet tardif, tué dans l’œuf par l’armistice, mais aux conséquences encore visibles presque un siècle plus tard.



En 14-18, les bombardiers sont encore à leurs débuts : les ballons Zeppelin sont abattus avant de faire trop de mal. Puis viennent les avions Gothas, petits et rapides : si leurs bombes ne sont guère puissantes, elles portent la guerre derrière les lignes de front, et la peur chez les civils. Les bombardements sont souvent nocturnes, pour échapper à la DCA, et en l’absence de radar, se font souvent au jugé. D’où l’idée française d’un « faux Paris » : reproduire les lieux marquants de la capitale, les cibles facilement identifiables depuis le ciel, en zone rurale : grandes avenues, usines, gares...

C’est l’ingénieur Jacopozzi qui sera chargé de créer ces faux, de les faire passer pour vrai depuis les cieux : éclairages de couleurs, tamisés pour faire croire à un couvre-feu mal respecté, mobiles pour simuler les trains...

Hélas, les travaux sont à peine entamés que la guerre est finie. Jacopozzi sera néanmoins une figure majeure de la décennie suivante. « Magicien de la lumière », il illuminera Paris, lui qui avait initialement été engagé pour la dissimuler.

Que reste-t-il aujourd’hui du Paris factice ? Les plans des 3 sites prévus, que l’auteur arpente, à la recherche de vestiges. Et de s’interroger sur ce qu’il sont devenus (base militaire, zone commerciale, terrain vague et champ de bataille factice au paint-ball...).

Deux réflexions guident Xavier Boissel. La fin d’un Paris « vrai », tout d’abord. L’auteur remarque que la capitale, faisant un triomphe à la fée électricité dans l’immédiat après-guerre, se vide peu à peu de sa substance pour ne garder qu’un paraître, une façade, et devient aussi factice que ces leurres imaginés par l’armée. Sa seconde idée va vers les nouveaux usages faits des lieux du faux Paris, qui ont évolué vers d’autres sortes de conflits (ludiques ou commerciaux).

Un petit ouvrage d’un abord facile, mais le sujet d’une vraie réflexion savante qui glisse des innovations militaires à une dissection de la civilisation qui suivit le conflit. Un peu plus de densité n’aurait pas été de refus (le texte en lui-même ne fait que 80 pages), pour donner un plus grand intérêt historique à cet essai qui oscille entre recherche et déambulation presque onirique.

On regrettera peut-être que les notes bibliographiques soient systématiquement renvoyées en fin de partie plutôt qu’en fin d’ouvrage ou bas de page. Idem du cahier de photos noir et blanc, séparées de leur contexte et légendées à part.

Une anecdote de l’histoire à découvrir.


Titre : Paris est un leurre
Sous-titre : La véritable histoire du faux Paris
Auteur : Xavier Boissel
Couverture : plan du faux Paris (détail)
Éditeur : Inculte
Collection : Temps réel
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 128 pages dont 32 illustrées
Format (en cm) : 18 x 13 x 1,2
Dépôt légal : avril 2012
ISBN : 9782916940809
Prix : 13,90 €



Nicolas Soffray
18 juillet 2013


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