En feignant de disserter sur les lunettes noires (au sujet desquelles le lecteur ressortira plus savant, et dont il apprendra les surprenantes origines), l’auteur nous fait découvrir, à travers une série de monologues et de dialogues, ses souvenirs d’adolescents et ses débuts d’écrivain, ses réflexions douces-amères sur le monde comme il ne va pas, ses considérations ironiques sur la prétendue modernité.

Les opinions politiques de ce rebelle de la première heure feront certes grincer quelques dents, mais ses piques bien senties ne manqueront pas d’amuser le plus grand nombre. Et l’on retrouvera dans ce volume, sous forme d’une fin du monde de plus, l’une des caractéristiques qui faisaient tout le charme de son roman de la déréliction, le post apocalyptique (ou, plus exactement, le per-apocalyptique) « La minute prescrite pour l’assaut », remarquable roman de la chute de la France et de l’Europe : un mélange de désespoir apaisé, de nostalgie à la fois grinçante et sereine, et de façon de goûter l’esthétique du désastre. L’état d’esprit indéfinissable de celui qui, ayant compris que tout fout le camp à tout jamais, s’installe sous une tonnelle et débouche une bouteille de Pommard en regardant le monde s’effondrer autour de lui.

Un essai, donc, qui devrait parfaitement répondre à l’état d’âme des lecteurs déjà désabusés par un été qui s’annonce particulièrement couvert et pluvieux, et qui n’auront d’autre choix, pour feindre la solaire farniente, que de s’effondrer dans leur transatlantique en ciré et sous la pluie battante, pour y lire des textes grinçants ou désespérés.

Titre : Physiologie des lunettes noires
Auteur : Jérôme Leroy
Couverture : Tom Schierlitz / Getty Images
Site Internet : page roman (site éditeur)
Format (en cm) : 12,5 x 19
Dépôt légal : avril 2010
ISBN : 978-2755500608
Prix : 12€

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