Le premier épisode d’H.$.E s’ouvre sur un monde anéanti par une crise financière sans précédent. Pourtant, alors que l’économie des pays industrialisés est ravagée, que les chômeurs et les petits porteurs ruinés se comptent par millions, une valeur financière semble résister : l’être humain. Les représentants de l’élite de la société peuvent se faire coter en bourse et devenir des « Red Eyes ». L’introduction en bourse n’est donc plus le seul privilège de personnes morales, c’est aussi une réalité pour des personnes physiques, qui perçoivent un capital, portent au poignet une « rate watch » indiquant leur cote et répondent à leurs actionnaires dans leurs assemblées générales... Félix Fox a besoin d’argent et ne rêve plus que d’une chose : être coté. Il y parvient à force de persuasion et d’efforts. Soutenu par le créateur du H.$.E, il voit sa cote monter en flèche et atteindre des sommets, mais bien sûr, il y a aussi un prix à payer...
Avec ce premier opus Xavier Dorison nous délivre un tome introductif en bonne et due forme. Complète présentation des personnages, exposition de la situation, du lieu, de l’époque et de la manière dont on y vit. Ce style très propre sur lui, parvient toutefois à nous accrocher malgré un volume avare en rebondissement.
Évidemment, rien ne va se dérouler comme prévu, qu’à l’horizon du héros se profile un noir destin. Cela suffit apparemment à créer une certaine attraction, un désir non dissimulé de connaitre la suite. Les petites allusions aux divers futurs problèmes ne sont certainement pas étrangères à cela. La compagne qui fait tache, les actionnaires qui ne lâchent rien, le Big Boss trop sympa pour être honnête. Une foule de petits détails judicieusement dispersés permet à cette aventure de partir sur de bonnes bases.
Une belle orchestration gage d’une potentielle bonne suite à cette aventure.
Bon l’ombre de Justin Timberlake et de son “Time Out” n’est peut-être pas non plus innocente dans ce bon début.
Sur le plan visuel, l’univers créé par Thomas Allart reste des plus plausibles. Le luxe et l’opulence y côtoient le chaos et la décadence. Le rythme infernal d’une vie basée sur le profit obtient ainsi un rendu très intéressant. Les décors et paysages bien que réaliste conserve un côté anguleux pas très naturel, qui vient un peu entaché le tableau. Ce style est pourtant relativement répandu dans les BD traitant d’un futur proche. Associé aux couleurs vives et contrastées de Jean-Jacques Chagnaud et Céline Bessoneau, le visuel en devient très classique pour ce style d’aventure. Pas de folie ou de véritable identité, mais faut-il réellement s’en plaindre ?
Une petite série affublée d’un bon début qui traite un sujet malheureusement potentiellement réaliste.
Affaire à suivre.
Tome 1
Série : Human Stock Exchange
Scénario : Xavier Dorison
Dessin : Thomas Allart
Couleur : Thomas Allart, Jean-Jacques Chagnaud, Céline Bessoneau
Éditeur : Dargaud
Dépôt légal : 28 octobre 2012
Pagination : 56 pages couleurs
ISBN : 978-2205-06640-1
Prix public : 13,99 €
Illustrations © Allart Thomas et Dargaud (2012).
