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YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Planète à louer
Yoss
Mnémos, Hélios, roman traduit de l’espagnol (Cuba), science-fiction, 316 pages, mars 2013, 9,90€

Devant la folie des hommes avec leur envie de se faire sauter à l’arme nucléaire, les extra-terrestres ont dû intervenir pour sauver la planète Terre. Cette intervention n’est pas sans conséquences sur les Terriens qui vivent sous la coupe des aliens ayant tous les droits sur eux.
Les jours sont difficiles et tous les moyens sont bons pour quitter la planète ou simplement améliorer l’ordinaire...



Pour qui a un jour été à Cuba, le message de cette dernière phrase est clair.
Dans « Planète à louer », Yoss transpose la situation dans son pays à l’échelle de la planète. Pour ce faire, il use de sept chapitres centrés sur sept personnages différents. Mais tous ont un lien plus ou moins ténu entre eux, comme pour mieux montrer que cette volonté d’améliorer sa vie est partagée et pas seulement l’apanage de certains gens du peuple.

Quels sont les moyens les plus sûrs de franchir l’espace ?
Ma foi, ils sont bien sûr similaires à ceux à la disposition des Cubains. C’est ainsi que de nombreuses familles accrochent au mur les photos de leurs enfants qui se sont mariés avec un étranger. Le sport, l’art, la science, autant de valeurs qui peuvent ouvrir les portes... Après il existe toujours le système D, mais il comporte bien des risques.

Certains sont résignés et acceptent leur sort, essayant d’en tirer le meilleur parti.
D’ailleurs, Yoss finit sur une touche d’espoir. Une sorte de conte de fées où du jour au lendemain, une fille peut s’acheter tout ce qu’elle désire, mais cela s’accompagne de la jalousie de tous ceux qui n’ont pas connu ce bonheur.

Placer le contexte cubain dans un roman de science-fiction permet à Yoss de laisser courir son imagination. Chaque tableau de la société s’avère original, matière à explorer d’autres performances. La science a fait de tels progrès qu’un artiste dépasse les limites pour épater le public, alors que la sécurité des sportifs passe au second plan.
Le seul léger bémol que j’adresserai à l’auteur, c’est d’avoir enchaîné deux chapitres ressemblant à des monologues : un policier présentant les dessous du métier à un bleu, puis un scientifique répondant à des questions. Sans diminuer en intérêt, le récit perd en rythme, ce qui est un peu dommage.

Toutefois, ne boudons pas notre plaisir, Yoss est passé maître dans son rôle de montrer la face cachée de son pays. La science-fiction lui permet d’amplifier les effets, d’être encore plus percutant. Sa transposition du réel dans le futur relève d’une belle performance.
« Interférences » nous présentait les interactions entre l’île et son voisin géant, les États-Unis. Là, le peuple est mis en avant, retrouve la parole, mais avec des accents désespérés, résignés, le poussant à des extrêmes pour simplement rêver à un avenir.

« Planète à louer » ne s’oublie pas, car ce roman est ancré dans notre monde et dispose de suffisamment d’images fortes pour s’imprimer dans notre cerveau. Utiliser la science-fiction pour mieux dénoncer le présent, tel est le talent de Yoss, un écrivain à ne surtout pas manquer.

Démarrer une nouvelle collection avec un tel titre, voilà ce qui s’appelle placer Hélios, la collection poche des éditions Mnémos, sous les meilleurs auspices !

Il est à noter que lors de sa première parution chez le même éditeur, mais en grand format, « Planète à louer » a remporté le Prix Julia Verlanger 2011.


Titre : Planète à louer (Se alquile un planeta, 2002)
Auteur : Yoss
Traduction de l’espagnol (Cuba) : Sylvie Miller
Première édition française : Mnémos (2011)
Couverture : Alain Brion
Éditeur : Mnémos
Collection : Hélios
Directrice de collection : Charlotte Volper
Site Internet : Roman (Site éditeur)
Pages : 316
Format (en cm) : 11,9 x 18
Dépôt légal : mars 2013
ISBN : 978-2-35408-196-6
Prix : 9,90 €



François Schnebelen
11 mai 2013


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