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Empire de Poussière (l’), tome 1
Nicolas Bouchard
Mnémos, Hélios, roman (France), fantasy, 445 pages, février 2013, 11,90€

L’Empire de poussière, espace sans limite entre la voûte du ciel et le fond du gouffre. On vit sur des îlots flottants, en suspension, même si la descente est aussi lente qu’inévitable depuis la disparition de la déesse Freyja du panthéon.
Et puis une prophétie annonce le retour de son avatar. Mais dans l’Empire, les nouvelles forces politiques n’y sont guère propices : l’Empereur dépêche soldats berserkirs et mages volväs sur le lieux de naissance de l’élu. Mais c’est sans compter sur les partisans de Freyja, issus de la basse caste de l’Empire, qui ont sauvé les jumeaux désignés par la prophétie...



Tant au niveau religieux que lexical, on sent que la mythologie nordique est une source majeure d’inspiration pour cette saga de l’éclectique et prolifique Nicolas Bouchard (qui fait également merveille en SF ou en polar historique...).

S’il prend le temps de poser son histoire dans ce premier volume, c’est que le retour de Freyja et l’apprentissage des jumeaux n’est que le fil conducteur d’un fantastique voyage dans un univers aussi original que merveilleux, et que la compréhension des tenants et aboutissants du renouveau de la déesse nécessite une connaissance approfondie de la société actuelle, dont elle a été bannie par le pouvoir impérial.

Donc, tout se passe sous la voûte d’Ymir, le grand géant de glace. Les structures flottantes, de pierre ou construites de toutes pièces en chitine -la ressource principale-, s’étagent sur différents niveaux reprenant la cosmologie nordique, sachant que plus on descend bas, plus on se rapproche des enfers -Nilfheimr- contrée inexplorée. La strate précédente, Utgardr, est le repaire des sauvages et des mutants. À peine au-dessus, les ljosalfars -la caste inférieure- exploitent les îlots agricoles recouverts de compost, pour nourrir ceux d’en haut : l’administration et la bourgeoisie impériale de l’Heptarchie, capitale noyée sous un enchevêtrement de câbles reliant les différentes structures.

Nicolas Bouchard décrit une société complexe, régie donc par un système de castes raciales : les ljosalfars sont « inférieurs » aux dokkalfars, plus sensibles à la magie, qui forment l’élite de l’Empire. Pour accroître les tensions sociales, et pallier la faible natalité de bons sorciers, un droit de frayage est même décrété : toute femme ljosalfar peut être fécondée par un dokkalfar. La révolte éclate encore plus ouvertement.
Les derniers partisans de Freyja sont traqués, son culte bafoué et interdit, supplanté par celui, mâle, de Freyr. Les bas niveaux et la périphérie de l’Empire se remplissent de fuyards, qui préfèrent affronter les mutants Kafers plutôt que les troupes berserkirs.

Ce premier tome se compose de 5 livres, donnant chacun la voix à un personnage (ou un couple) : Meinharth et Anke, les deux mages ljosalfars envoyés pour protéger l’avatar à naître ; puis le duc Eckart et la princesse Elfriede, les parents de l’avatar, ce qui donne l’occasion d’un premier retour en arrière dans l’histoire politique de l’Empire. Vient ensuite, 15 ans plus tard, Heimir, un petit noble déchu que l’esprit de Freyja désigne comme son champion, ce qui ne laisse pas de tarabuster le jeune homme. Enfin Eïla et Falko, les jumeaux devenus presque adultes, dont la quête va commencer.

Aucun n’a une existence très calme, du fait de la dureté de la vie dans l’Empire, qui va forcément croissante à mesure qu’on s’éloigne de son centre. On appréciera de retrouver à plusieurs années d’intervalle certains personnages secondaires, mages ou pirates. L’auteur, s’il est dans une ligne assez classique de récit prophétique et de roman d’apprentissage, a su éviter les plus grosses ornières : il intervertit les caractères des jumeaux (la fille est plus brutale, le garçon moins impulsif) en respectant leur psychologie, leur éducation a été très différente, du fait de leur tuteur et du lieu où ils ont grandi. Heimir s’avère aussi très intéressant, son premier rôle en tant que « champion » étant de se déterminer, en toute connaissance de cause : il dit peser chacun de ses actes non pour lui seul, mais pour l’avenir de Freyja !

L’aventure omniprésente et la richesse du décor, à tous niveaux -politique, sociale, religieuse, géographique, animale, jusqu’à lexicale- font de « l’Empire de poussière » une grande saga rapidement immersive. Cette réédition poche 10 ans après la parution originale est l’occasion de (re)découvrir tout le talent de Nicolas Bouchard.

Ce premier tome ouvre donc la collection Hélios de Mnémos (déjà riche d’une demi-douzaine de romans), la suite ne devrait guère tarder.


Titre : L’Empire de poussière, livre 1/3
Auteur : Nicolas Bouchard
Couverture : Marc Simonetti
Éditeur : Mnémos
Collection : Hélios
Édition originale : Mnémos, 2002
Site Internet : fiche du roman
Pages : 445
Format (en cm) : 12 x 18 x 2,5
Dépôt légal : mars 2013
ISBN : 9782354081980
Prix : 11,90 €



Nicolas Soffray
16 mai 2013


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