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Quand On S’Embrasse Sur la Lune
Stephen Tunney
Albin Michel, Wiz, traduit de l’anglais (États-Unis), science-fiction adolescente, 490 pages, octobre 2012, 19,50€

Stephen Tunney est loin d’être un amateur.
Personnage aux multiples facettes et aux multiples talents, celui que l’on appelle aussi Dogbowl est un auteur peu productif (son dernier livre, « Flan », date de 1992), mais il compense par plus d’une dizaine d’albums, en groupe ou en solo, ainsi que des expositions de peinture.
Mais à se disperser, on délaye parfois un peu ses capacités…



« Quand on s’embrasse sur la Lune »…
Un titre à rallonge n’est pas toujours motivant. Toujours, on se demande si l’auteur n’est pas l’un de ses radoteurs qui passe trois pages à vous dire que l’herbe est verte.
Heureusement pour nous, Stephen Tunney n’est pas de ce genre. En revanche, il est du genre à fournir (et expliquer) trois fois la même information, ce qui peut être un peu lassant, surtout quand l’information n’a rien de fondamentale.
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La base du scénario, très sympathique et relativement originale, est tout à fait en phase avec la science-fiction « spatiale ».
En effet, inconscients face à la dégradation de la planète, les humains ont été obligés de coloniser d’autres mondes. A commencer, bien sûr, par la Lune.
Après une terraformation assez peu réussie, première fois oblige, les hommes se sont mis à exploiter les ressources naturelles de la Lune et surtout l’Ulzatallizine, carburant nécessaire aux Mégavaisseaux pour traverser le système solaire dans des temps décents. Mais la Lune s’est, en quelque sorte, vengée.

En effet, pour une raison que Stephen Tunney n’explique pas vraiment, des enfants sont nés avec des yeux d’une couleur anormale, une couleur inconnue ne résultant pas du mélange d’autres couleurs. Une quatrième couleur primaire.

La vue de cette couleur déclenche une surcharge neuronale chez quiconque la voit. Soit, le phénomène est cohérent et relativement bien expliqué, pas de problème à comprendre cette partie, ni la manipulation mentale qu’elle permet. Et pour cette raison, officielle, les individus avec cette couleur d’yeux doivent les cacher derrière des lunettes filtrantes spéciales. Mais il y a surtout d’autres raisons qui font que ces individus sont recherchés, pourchassés. Et qu’aucun Cent Pour Cent Lunaire de plus de 25 ans n’a jamais été observé.

Ce qui est beaucoup plus compliqué à expliquer c’est pourquoi ces individus n’ont pas le droit de quitter la Lune.
En quoi leur particularité leur interdirait de quitter leur sol ?
Même si on peut comprendre que certains puissants veuillent les maintenir sous contrôle, voir les asservir. Malheureusement Stephen Tunney n’est pas toujours très clair sur le pourquoi des choses, ni sur l’utilisation des Lunaires.

C’est le plus gros problème de cet ouvrage.
L’idée était originale et pouvait mener loin. Mais l’auteur semble se brider et n’utilise pas son concept à son plein potentiel. Si le fait qu’il ne creuse pas la raison de cette anomalie peut s’expliquer par la catégorie jeunesse de l’ouvrage, cela n’en est pas moins dommageable. Et, outre la curiosité du lecteur qui n’est pas satisfaite, cela donne une sensation de superficialité au récit.

En effet, ce qui semble le plus abouti dans « Quand on s’embrasse sur la Lune » ce sont les relations entre les différents protagonistes mais aussi, et surtout, les capacités et états d’âme de Hieronymus, le Garçon Cent Pour Cent Lunaire.

Le vocabulaire est aussi particulièrement soigné.
Stephen Tunney a très bien intégré l’évolution du langage à travers les époques sans toutefois le modifier suffisamment pour le rendre complètement incompréhensible. Le lecteur ne s’en trouvera pas moins devant quelques expressions idiomatiques très imagées et fort truculentes, telle que la « barouille à chauve-souris (par exemple) ».

Et puis, tout comme nous n’avons pas eu tout à fait le début de l’histoire, nous n’aurons pas non plus la fin de l’histoire. A moins que ce flou artistique ne fasse partie intégrante de ce que souhaite l’auteur, auquel cas c’est admirablement fait. Tant et si bien qu’à la fin de ces 490 pages, impossible de dire si il s’agit du seul tome que connaîtra ce récit ou si Stephen Tunney cédera lui aussi aux sirènes des séries.

Une dernière remarque : encore une fois le titre et la couverture originels de l’ouvrage sont tellement plus en relation avec le récit que le titre et la couverture française, et sans compter l’erreur sur le quatrième de couverture (comment font-ils ? Sur quatre lignes, deux ne correspondent pas au récit). Cela devient lassant, le fait de lire de la littérature jeunesse ne doit pas condamner le lecteur à des illustrations mièvres, et souvent sans originalité.


Titre : Quand On S’Embrasse Sur La Lune (One Hundred Percent Lunar Boy, 2010)
Auteur : Stephen Tunney
Traduction de l’anglais (États-Unis) : Dorothée Zumstein
Couverture : Laurent Besson
Éditeur : Albin Michel
Collection : Wiz
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 490
Format (en cm) : 14,4 x 21,5 x 3,4
Dépôt légal : octobre 2012
ISBN : 978-2-226-24273-0
Prix : 19,50 €



Emmanuelle Mounier
23 avril 2013


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