Le Verseau est décidément un drôle de signe. Un signe d’air dont le symbole est un personnage aquatique. Étrange contradiction. Une histoire de planète paraît-il. Céleste, par analogie, est également une femme pleine de contradictions. Ces oppositions lui ont fait prendre plusieurs tournants dans sa vie. Sa vie professionnelle par exemple a connu quelques bouleversements ? Après avoir intégré une agence de styliste pour assouvir sa passion et ses grandes ambitions, elle s’est finalement installée à son compte, pour plus de liberté dit-elle. De même, elle rejette à présent tout ce qui l’avait séduite chez son ex-mari. De cette courte union est né Louis, le fils dont elle a la garde exclusive.
Son esprit changeant s’est également manifesté lors de son enseignement à la maîtrise du talent du verseau : le don de transformation animale. Plus jeune, elle a décidé d’arrêter cette instruction. Du coup, cette capacité mal maîtrisée la hante. De plus en plus souvent, et pendant une période de plus en plus longue, la jeune femme se transforme involontairement en chouette. Sa forme volatile reprend alors ses instincts de chasseurs nocturnes, laissant Céleste avec un étrange goût de rongeur dans la gorge au réveil… Et plus le temps passe, plus la malédiction semble empirer. Dans ce contexte difficile, Céleste, par génétique, transmet ses capacités mal maîtrisées à Louis. Ce dernier se retrouve alors changé en aigle à survoler la région. Mais un accident de chasse va rompre cet équilibre fragile. Céleste n’a alors plus qu’une seule pensée : venger son fils.

Un scénario de Corbeyran classique donc, comme on a maintenant l’habitude de rencontrer dans la série “Zodiaque”. La trame est évidente. La conclusion vite devinée. Tellement d’ailleurs que j’ai eu du mal à résumer le pitch de cet album sans en dévoiler toute l’intrigue. On ne peut que regretter que Delcourt n’ait pas préféré un format plus volumineux pour ces divers one-shots. Cela aurait sans doute permis de donner un peu plus de densité à la série. Pour le même genre d’exercice, à savoir une saga thématique constituée d’épisodes assez indépendants entre eux, comme “Sept” ou “La Grande Évasion”, l’éditeur avait pris le parti de proposer des albums en soixante dix planches environ. Dommage de ne pas avoir suivi la même direction avec “Zodiaque”.
Cependant, tout n’est pas mauvais dans cet album. Loin de là. La personnalité de Céleste, même si elle reste caricaturale est assez bien amenée. J’ai également bien apprécié le dialogue, très crédible, des parents au chevet de leur fils blessé.

Les dessins et les couleurs de Vukasin Gajic, qui a notamment réalisé le prometteur “Yiya”, sont fins et réalistes. L’auteur a su représenter les transformations animales, sans sombrer dans le mauvais morphing. Ses teintes subtiles et ses environnements sont particulièrement réussis. Les éléments de décors intérieurs, comme les tableaux et les bibelots, sont parfaitement modélisés. Incontestablement, le dessin constitue le gros point fort de cet album.
Seul bémol, s’il fallait en trouver un sur les illustrations, les cases de nue sont un peu trop nombreuses à mon goût (une double page !). Et cela apporte finalement assez peu à l’intrigue. Ce n’est pas de la fausse pudeur, j’aurai juste préféré que certaines de ces cases soient utilisées pour développer un peu le récit. Vukasin Gajic souhaitait peut-être nous faire une démonstration de son indéniable talent dans ce style.

Enfin, je n’aurai qu’une seule question : pourquoi avoir intégré une référence au duo de cinéaste Caro et Jeunet à la page 10 ? Les univers ne sont pourtant pas si ressemblants.

La conclusion de la série se rapproche à grand pas. Le dos de couverture de cet opus présente d’ailleurs le visuel de ce que sera le tome 13 de la saga. Espérons que le prochain numéro de la saga, “L’Expérience du Poissons”, préparera au mieux cette ultime révélation.

(T11) La Malédiction du Verseau
 Série : Zodiaque
 Scénario : Eric Corbeyran
 Idée originale : Guy Delcourt
 Dessin : Vukasin Gajic
 Couleurs : Vukasin Gajic
 Illustration de couverture : Thomas Ehretsmann
 Éditeur : Delcourt
 Collection : Machination
 Dépôt légal :16 janvier 2013
 Format : 240 x 320 mm
 Pagination : 48 pages couleurs
 ISBN : 978-2-7560-2401-1
 Prix Public TTC : 13,95 €

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Illustrations © Gajic et Delcourt (2013)