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Projection privée
Manara
Glénat

Avec « Projection privée », voici Manara tel qu’en ces années 80, avec une série de récits brefs et percutants, dont certains publiés pour la première fois en français. Un album composite, plein d’enseignements sur l’esprit d’une époque ainsi que sur celui, éminemment ludique, d’un grand dessinateur en devenir.



Au sommaire, deux hommages à Fellini (celui du « Casanova ») ainsi que plusieurs histoires de science-fiction - ou de sexe-fiction, c’est selon - particulièrement déjantées et désopilantes. Et des fantaisies où passent les ombres de Picasso, de John Lennon, de Jorge-Luis Borges. Avec, pour feu d’artifice, cette brassée de saynètes regroupées sous le titre de « Candide Caméra » : autant de parodies où des tournages de caméras cachées servent de prétexte à mettre des filles nues sur la place publique.

Oui, toutes les années 80 sont là, avec ses contradictions foncières qui font, tout à la fois, railler une société du spectacle pornographique où la frontière entre création et produit se fait ténue, et une célébration de la liberté sexuelle où c’est la femme qui prend la pose plus nue que nue devant des hommes qui la matent à leur aise tout en veillant à ce qu’elle file doux.

Mais, quelles que soient ces réserves, « Projection privée » donne une démonstration renversante de l’art consommé - oublions les jeux de mots - avec lequel Manara sait déjà, comme pas un, dessiner des femmes belles à en perdre la tête...

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Comme pas un ? A vrai dire, on songe souvent à un autre génie de la sensualité. Vis-à-vis de qui Manara, dans son introduction de septembre 2012, reconnaît sincèrement son dû : « Un simple coup d’œil à mes dessins (suffit) pour remarquer qu’ils sont d’abord et avant tout l’hommage passionné à un maître : Jean Giraud Moebius. Il m’a fallu plusieurs années pour me convaincre d’arrêter de singer le « style » de Moebius. Pour comprendre, enfin, que le corbeau qui revêt les plumes d’un paon ne réussit qu’à se rendre ridicule ».

Une amende honorable qui n’est pas entièrement justifiée, dans la mesure où, plus que le styliste volontiers épuré qu’est Moebius, Manara a la capacité de dessiner des détails qui donnent l’illusion d’une perfection « photographique », jouant en cela avec une perversité assumée sur le terrain mouvant qu’il entend dénoncer : celui de la diffusion massive d’images qui tiennent lieu de réel.


Projection privée
- Scénarios et Dessins : Manara
- Editions : Glénat
- Collection : Hors Collection
- Dépôt légal : 7 novembre 2012
- Pagination : 112 pages N/B
- Format : 21,5 x 29,3 cm
- Numéro ISBN : 978-2-7234-9103-7
- Prix public : 19,50 €


Illustrations © Glénat et l’auteur



Alain Dartevelle
24 avril 2013




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