Genre : Science fiction
Durée : 2h45
Avec Tom Hanks, Halle Berry, Jim Broadbent, Hugo Weaving, Jim Sturgess, Doona Bae, Ben Whishaw, Keith David, James D’Arcy, Xun Zhou, David Gyas, Susan Sarandon, Hugh Grant, Robert Fyfe, Martin Wuttke, Robin Morrissey, Brody Nicholas Lee, ….
Les Wachowski Brothers , ou tout du moins, les Wachowski Brother and Sister , depuis que Larry est devenue Lana, se sont associés au réalisateur allemand Tom Tykwer (« Cours, Lola, cours ») pour adapter le roman considéré inadaptable de David Mitchell . Et si, en dépit de l’insuccès de « Speed Racer » vous espériez beaucoup du nouvel opus des créateurs de « Bound » ou de « Matrix », sachez que le résultat est largement au dessus de vos attentes : un chef d’œuvre !!!
Pourtant raconter une histoire se déroulant sur cinq siècles dans plusieurs espaces-temps n’était pas challenge aisé. D’autant plus que dans ce récit sous influence bouddhiste, les protagonistes se croisent et se retrouvent d’une vie à l’autre, naissant et renaissant chacun leur tour, leurs choix et décision dans chacune de leurs existences ayant des répercussions sur leurs parcours passés, présents et futurs. Une espèce de « Mr Nobody « boosté à la réincarnation, en quelque sorte, qui permet à « Cloud Atlas » de faire se télescoper les époques, les destins et les genres, comme l’aventure, le drame, la comédie, le thriller, l’action, l’anticipation et la science fiction.
Ode à la liberté, à l’amour éternel, à l’anticonformisme, et à la rébellion contre la tyrannie, « Cloud Atlas » est avant tout une monumentale exploration de la nature humaine qui balade le spectateur de l’océan Pacifique du XIXème siècle, à la Grande Bretagne d’entre deux guerres, de la Californie des années 1970 à l’Angleterre de 2012, du néo-Séoul de la moitié du XXIIème siècle à un île du Pacifique d’un futur post-apocalyptique indéterminé. Chaque saut s’accrochant aux basques d’un personnage dont le destin est intimement lié à celui des 5 autres. A savoir, Adam Ewing ( Jim Sturgess ), un avocat de San Francisco qui cache dans sa cabine un esclave en fuite, Robert Frobisher ( Ben Whishaw ), un musicien démuni qui se bat pour achever son œuvre, Luisa Rey ( Halle Berry ), une journaliste qui s’active pour éviter un désastre nucléaire, Timothy Cavendish ( Jim Broadbent ), un éditeur anglais poursuivi pas des créanciers voyous, Sonmi-451 ( Doona Bae ), un clone qui s’éveille malgré les interdictions à la conscience humaine, et Zachary ( Tom Hanks ), un gardien de chèvre d’un village isolé témoin du crépuscule de la civilisation et de la science.
N’ayant pas lu, le roman « Cartographie des nuages » de David Mitchell , je me garderai de tout commentaire sur la fidélité de l’adaptation, mais il est vrai que Tom Tykwer , Andy et Lana Wachowski ont choisit l‘option de balader le spectateur sans explication, Les interconnections entre les événements et les personnages se dévoilant qu‘avec parcimonie à chaque saut dans le récit. Récit filmique dans lequel on retrouve effectivement des éléments récurrent du cinéma des Wachowski : l’élu issu d’une masse à la perception de la réalité altérée (« Matrix ») l’homosexualité (« Bound » ), ou encore à la révolution (« V pour Vendetta »).
Formellement, « Cloud Atlas » est également un très bel objet. La photo de Frank Griebe et John Toll est magnifique, les décors somptueux, les effets spéciaux et maquillages bluffant, et en dépit des 2 heures 45 de film, chaque cadre, chaque plan, chaque séquence a été minutieusement pensé et mis en scène avec intensité. A cela il faut ajouter une caméra en quasi mouvement perpétuel qui fait écho à la partition du Cloud Atlas Sextet (le fil rouge du film) qui porte le film de bout en bout. Une symphonie visuelle dont les qualités de découpage et de montage, pour peu que l’on soit rentré dans ce film effectivement pas facile d’accès (la première demi-heure pour ne pas dire heure, interroge singulièrement) forcent le respect.
Du très grand art pour lesquels le trio de scénaristes, réalisateurs et producteurs (car en dépit de son aspects de superproduction, Cloud Atlas est un film d’auteurs indépendants) ont trouvé casting à sa démesure. Chacun des acteurs, de Tom Hanks à Hugo Weaving , en passant par Susan Sarandon , Halle Berry , Jim Broadbent , Jim Sturgess et Doona Bae interprètent plusieurs rôles. Même Hugh Grant s’y colle, c’est tout dire. Et si Jim Broadbent rafle incontestablement la palme du rire (Car « Cloud Atlas » est aussi très drôle), suivi de près par Hugo Weaving (bien que parfois très menaçant), celle de l’interprétation revient à Tom Hanks (pour tous ses rôles), celle du cool à Jim Sturgess (que l’on retrouvera très prochainement dans « Upside Down », un autre bon film de SF) pour son personnage de Hae-Joo Chang. Quant à celle du charme, en dépit de la présence d’ Halle Berry , revient à l’actrice sud-coréenne Doona Bae pour son incarnation de l’élue innocente Sonmi-451.
Du très bon cinéma qui laisse plein de réflexions et d’images dans la tête.
A voir et à revoir.
FICHE TECHNIQUE
titre original : Cloud Atlas
Réalisation : Tom Tykwer, Andy Wachowski, Lana Wachowski
Scénario : Tom Tykwer, Andy Wachowski, Lana Wachowski d’après le roman de David Mitchell
Producteurs : Tom Tykwer, Andy Wachowski, Lana Wachowski,Stefan Arndt, Alex Boden, Grant Hill
Coproducteurs : Roberto Malerba, Alexander Rodnyansky, Alexander van Duelmen
Producteur associé : Gigi Oeri
Producteurs exécutifs :Uwe Schott, Pearry Reginald Teo
Musique originale : Reinhold Heil, Johnny Klimek, Tom Tykwer
Image : Frank Griebe, John Toll
Montage : Alexander Berner
Casting : Lora Kennedy, Lucinda Syson
Design de production : Hugh Bateup, Uli Hanisch
Direction artistique : Stephan O. Gessler, Kai Koch, Charlie Revai
Décorateurs de plateau : Rebecca Alleway, Peter Walpole
Costumes : Kym Barrett, Pierre-Yves Gayraud
Maquillage : Heike Merker
Son : Markus Stemler
Effets spéciaux : Uli Nefzer
Production : Cloud Atlas Productions, X-Filme Creative Pool, Anarchos Pictures, A Company Filmproduktionsgesellschaft, ARD Degeto Film (co-production), Ascension Pictures, Five Drops, Media Asia Group
Distribution : Warner Bros. France (2013)