Chargement...
YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Crow (The), édition définitive
James O’Barr
Delcourt

Eric Draven est mort il y a un an. Il a été violemment assassiné alors qu’il tentait de défendre sa fiancée et, dans son agonie, a assisté à son supplice et ses derniers instants.

Rien ne parviendra à lui faire oublier ce spectacle, pas même son trépas. Il faut qu’il la venge, elle qui était tout pour lui. Il faut qu’il applique la sentence à ceux qui ont signé leur perte en posant la main sur elle. Il n’y a aucune limite, pas même la mort.



Magistral.

En lisant le récit original, on comprend pourquoi cette histoire a perduré et donné naissance à autant de déclinaisons. Elle est belle, triste, puissante et pleine de références. Les paroles un peu énigmatiques de The Crow, ses échanges crus avec ses ennemis sont entrecoupés de poèmes de Rimbaud, Baudelaire, Fyleman et d’autres citations. Ce mélange crée un tout cohérent et définit un univers contrasté, teinté tant de noirceur que de nostalgie. Les dessins, eux aussi, fonctionnent en patchwork : des pages chartées dans le plus pur style comics, tramées mécaniquement, côtoient des crayonnés réalistes ou de très belles scènes au lavis. Le trait lui-même de Jon O’Barr est changeant selon les pages. Parfois un peu maladroit dans les proportions et les raccourcis, d’autres fois à couper le souffle, mais toujours puissant et surtout expressif. Les mimiques des personnages, et particulièrement d’Eric sont vraiment rendues avec brio, tant dans l’abattement que dans la colère.

JPEG - 59.1 ko

Il est impossible de rester insensible à ces cases alternant entre des petits riens, bribes du quotidien de deux êtres débordants d’amour l’un pour l’autre et une violence hyperbolique, à la mise en scène étudiée.

Ce sont ces contrastes multiples, tant dans le trait que dans le texte, qui font toute la force de cet album. On reste scotché du début à la fin, tantôt s’extasiant devant une page particulièrement réussie, tantôt dévorant les cases pour en connaître le dénouement. Et pourtant, il n’y a pas d’enquête, pas d’énigme à résoudre. Que des coups de feu, de la cervelle qui gicle, de la vengeance pure et dure. Et de l’amour, beaucoup d’amour. D’une limpidité telle qu’il exclut toute niaiserie et est à l’épreuve des railleries. On sent la douleur, on sent la profondeur d’un récit qui est parfois autobiographique. La sincérité est bien là, derrière. Une vie qui bascule suite à un drame, des regrets, un être qui se débat dans sa culpabilité et fait tout pour la noyer, fut-ce dans du sang, celui de l’ennemi ou le sien propre.

Et on lit, on relit, on tourne les pages et on admire. C’est un exutoire tellement légitime, centré sur un personnage si charismatique, qu’il nous emporte avec lui. « Et les ombres... Mon Dieu, les ombres... »

JPEG - 109.9 ko

The Crow
- Scénario et dessin : James O’Barr
- Éditeur : Delcourt
- Dépôt légal : 24 octobre 2012
- Pagination : 272 pages noir & blanc
- Format : : 173x264 mm
- ISBN : 978-2-7560-3512-3
- Prix public : 17,95€


© 1981, 1989, 1992, 1993, 1994, 1995, 2011 J. O’Barr
© Guy Delcourt Productions pour l’édition française (2012)



Myriam Bouchet
8 avril 2013




JPEG - 38.5 ko



JPEG - 70.6 ko



JPEG - 62.8 ko



JPEG - 70.1 ko



JPEG - 71.3 ko



Chargement...
WebAnalytics