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Trilogie du Magicien Noir, tome 1 : La Guilde des Magiciens
Trudi Canavan
Castelmore, roman traduit de l’anglais (Autralie), fantasy, 445 pages, janvier 2013, 17,20€

Lors de la Purge (le « nettoyage » de la ville des traîne-savates qui vivent ordinairement dans les taudis en périphérie) par les mages de la Guilde, la jeune Sonea, tire-laine repentie, découvre qu’elle a le Don de la pire des façons : elle blesse un mage.
S’ensuit une traque méthodique de la jeune fille par la Guilde.
Car un mage non formé, incapable de contrôler son pouvoir, est dangereux pour lui comme pour les autres !
Mais cela, Sonea et ses amis, Cery son amoureux transi en tête, l’ignorent, et craignent au contraire que les mages cherchent à la tuer pour laver l’affront.
Malgré l’aide des Voleurs, Sonea tombe finalement aux mains des sorciers. Pour Rothen, un vieux professeur, il va s’agir d’apprivoiser la jeune fille, de lui faire oublier ses préjugés sur la Guilde et la pousser à intégrer ses rangs, car son pouvoir semble immense...



Et puis c’est à peu près tout...

Non, j’exagère un peu.

Best-seller mondial, la « Trilogie du Magicien Noir » relève de la fantasy la plus classique qui soit. Attention, c’est très bien écrit (et bien traduit : par Justine Niogret ! même si j’ai un petit blocage sur le tutoiement de Sonea envers Rothen), ça se lit sans pouvoir décrocher, l’action est menée tambour battant : la traque, qui occupe la première moitié du roman, nous laisse perpétuellement sur le qui-vive, malgré l’alternance du point de vue entre Sonea et les mages.
La seconde partie est plus calme, on entre dans les intrigues de couloirs de la guilde, mais doucement, avec un « premier méchant » de base : le mage blessé par Sonea qui ourdit une sinistre vengeance. Très basique. Le lecteur ne s’y laissera guère prendre - il aura eu l’occasion d’apprendre à cibler le triste sire -, même si les arguments de Fergun auraient pu contenir plus qu’une once de vérité (il aurait d’ailleurs été intéressant de renverser le roman à cet endroit et de faire du méchant désigné sinon un « vrai gentil », au moins une alternative crédible à l’offre de Rothen).
Mais dès le départ, Sonea avait-elle d’autre choix que d’intégrer la Guilde ?
On se doute qu’elle va y faire des dégâts, entre son pouvoir très important, ses origines populaires et surtout les secrets qu’elle a inopinément découverts.

Rien donc que de très banal, avant une montée en puissance dans les tomes suivants autour du véritable mystère de cette histoire, lentement esquissé puis brillamment révélé dans les derniers chapitres : qui est le haut seigneur ? Sonea l’a surpris les vêtements ensanglantés et en train, apprend-elle à la fin, de pratiquer la magie noire, chose interdite. De même, Cery, qui ignore tout de son rang de mage, le reconnaît (mais ne nous le nomme pas) comme semble-t-il un Voleur très influent.

Le mystère est donc suffisamment attrayant pour nous donner envie de trouver la réponse dans les tomes suivants. Même si avec un peu de jugeote, on a déjà pu échafauder une hypothèse qui tient debout. À l’auteure de nous surprendre.

Un volume d’introduction, qui a le mérite de bien nous présenter la cité, l’opposition entre le peuple et la Guilde, avec des mages qui vivent coupés de certaines réalités, et l’apparition de cette jeune fille qui pourrait changer pas mal de choses dans leur politique de recrutement.

Trudi Canavan a parfois la main un peu lourde sur les termes inventés, notamment niveau bestioles, au point de coller un lexique (qui s’avère finalement rempli de trucs inutiles) en fin de tome, mais l’univers qu’elle a créé tient plutôt bien la route, les orientations « scientifiques » de la magie apportent une petite originalité à cette fantasy sinon très calibrée.

Espérons que la suite relèvera le niveau, qu’on passe du tout-venant à une œuvre réellement mémorable.

Au-delà, on pourra parler de la politique éditoriale de Bragelonne qui, après avoir publié la trilogie en 2007-2008, la rhabille ici dans son label « jeunesse féminin » (jeune héroïne oblige), certes sous une couverture de Miguel Coimbra bien plus attrayante que ce fond parcheminé signé Stéphane Collignon, mais sans autre changement : format similaire, même nombre de page, un tarif à peine inférieur (17,20 au lieu de 19,90), et il reste quelques belles coquilles (des « s » oubliés à « maquaient » p. 74 et « produits chimique » p.340, par exemple). qu’en 5 ans personne n’a apparemment pris la peine de corriger...

Bon, on a une héroïne ni trop frêle ni trop courageuse, un amoureux transi qui tait ses sentiments mais est prêt à tout, et une brochette de mages allant du père de substitution au fils adoptif en passant par le grand maître mystérieux et le vilain méchant qui se voit gros comme le nez au milieu de la figure. Une pincée de critique sociale sur fond d’expansion urbaine et de lutte des classes.
Tout ce qu’il faut pour de la bonne fantasy, un best-seller et une nouvelle preuve que la frontière entre ados et adultes (ces « jeunes adultes ») est très perméable...


Titre : La Guilde des magiciens (The Magician’s Guild, 2001)
Série : La Trilogie du Magicien Noir, tome 1/3
Auteur : Trudi Canavan
Traduction de l’anglais (Australie) : Justine Niogret
Couverture : Miguel Coimbra
Éditeur : Castelmore(édition originale : Bragelonne, 2007)
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 455
Format (en cm) : 21,3 x 14,2 x 3,3
Dépôt légal : janvier 2013
ISBN : 9782362310713
Prix : 17,20 €



Nicolas Soffray
20 février 2013


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