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YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Inner City
Jean-Marc Ligny, J’ai Lu SF, 1996
Grand prix de l’imaginaire 1997


Ceux qui ont vécu ces aubes brumeuses où, yeux rougis, crâne explosé, on se reproche d’être resté trop longtemps devant son ordinateur, à jouer, à programmer, à surfer, à chatter ou même à travailler pour la yozone ; ceux à qui il est arrivé de ramasser hébétés le cendrier plein à ras bord, les emballages de pizza et les tasses tachées de café couvrant toute une partie du clavier ; ceux-là n’auront aucun mal à comprendre, aujourd’hui Inner City et son mode de vie.

Après près de 10 ans, le monde décrit par Jean-Marc Ligny n’a plus grand-chose de l’extrapolation délirante, qu’il a pu représenter à sa sortie en 1996.
La fracture numérique et l’existence d’une barrière entre les nantis désœuvrés -les inners- et les outers des banlieues pauvres, on connaît.
L’omniprésence des machines, la possibilité de mener dans le cyberespace une vie distincte, l’existence de zones hypercécurisées, tout cela ressemble à une caricature, à peine exagérée, de notre propre époque.

Alors, en 2005, quel est l’intérêt de lire ou relire Inner City ?
C’est que dans cet univers tissé de métal et d’illusions, il reste malgré tout une place pour l’aventure humaine.

Kris, est psychoriste, employée pour secourir les inners en détresse dans le réseau.

Hang vit entre trois mondes :
- Inner City où il est stringer de profession. Il injecte des images pêchée dans la vie réelle (la basse réalité) tantôt dans les programmes officiels de son patron, tantôt dans ses propres séquences pirates.
- Slum City, la banlieue, où il plonge de temps en temps, à la recherche des scènes les plus violentes.
- Sa psychée, peut-être le pire des trois mondes, où le repos et l’oubli se refusent à lui.

Kris quitterait bien Paris et son confort pour rejoindre la Bretagne,(comme Ligny) si elle en avait le courage. À moins que ce ne soit qu’une question d’opportunité...
Mais voilà, elle est débordée : les attaques de hackers se multiplient, les inners passent trop de temps dans les simulations où ils finissent par se perdre, le mécontentement grandit dans Slum City et, pour corser le tout, on signale à la lisière du réseau balisé, une espèce de fantôme psychopathe !
Kris enquête sur le phénomène, dans le but d’en découvrir les ressorts rationnels.
Mais ce qu’elle trouve c’est l’humain, étonnant, imprévisible.
Elle trouve aussi Hang, et peut-être pour tous les deux, un wayout : une voie de sortie.

Si J.-M. Ligny parvient, avec une fludité remarquable, à nous entraîner dans ce monde où le virtuel est plus vrai que nature, il a parfois du mal à nous rendre intelligibles des effets peut-être plus aisés à exprimer visuellement que par l’écrit (par exemple, les flashs liés aux intrusions des pirates).

Ce récit, classé cyberpunk réjouira sans aucun doute les adeptes de silicone (pour les puces !) de diodes luminescentes et de langages codés.
Les autres se demanderont sûrement si les nombreux néologismes électronisants étaient réellement indispensables à l’intrigue, prenante, indépendamment de ces artifices.

Titre : Inner City
Auteur : Jean-Marc Ligny
Éditeur : J’ai lu
Format : Broché - 314 pages
ISBN : 2277241598
Couverture : Hubert de Lartigue

L’univers d’Inner City a servi de cadre aux travaux d’un atelier virtuel d’écriture, animé par Ligny lui-même.
Nous avons lu pour vous le roman, Razzia qui en a résulté.


Ketty Steward
22 septembre 2005


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