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Mad World (T3) Wounds
Otsuichi et Hiro Kiyohara
Soleil Manga

Keigo n’est pas un enfant facile. Certains sujets comme son père le rendent particulièrement violent envers ses camarades de classe. Mais après que son père soit hospitalisé pour son alcoolisme, sa mère les ayant abandonnés, Keigo est recueilli par son oncle et sa tante, plus intéressés par l’appartement laissé vacant que par le garçon. Keigo est aussi placé dans une classe réservée aux jeunes ayant des problèmes sociaux. Pour une fois, le garçon se retrouve dans une ambiance où personne ne se moque de lui car tous les élèves possèdent une particularité qui les rend asociaux. C’est ainsi qu’il fit la connaissance d’Asato. Tout comme lui, Asato n’a plus ses parents et reste prostré dans son coin jusqu’au jour où Keigo se blesse avec un couteau. Asato veut alors le soigner... et ce n’est pas qu’une façon de parler.



Asato possède en fait un étrange pouvoir : il peut transférer les blessures d’une personne sur lui. Une incroyable complicité va naître entre les deux garçons, qui vont tester les pouvoirs d’Asato. Mais très vite, leur petit manège autour de l’infirmerie de l’école attire l’attention, ils doivent donc trouver d’autres moyens de connaitre la limite des facultés d’Asato. Le jeune garçon ne cherche qu’à soulager les autres de leur douleur, et la prendre sur lui, comme s’il se reprochait d’être en vie. Et pourtant, ce serait bien lui que l’on devrait aider à soigner la terrible blessure dont il souffre, lui que sa mère a voulu tuer après qu’elle eut assassiné son père. Il reste toutefois un mystère qui attise la curiosité des deux garçons : que cache donc la marchande de glaces derrière son masque ?

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« Wounds » est le troisième et dernier tome de la mini série « Mad World », dont le principe est l’adaptation en manga d’oeuvre de Otsuichi. Ici, le titre reflète parfaitement les thèmes de cette histoire : les blessures. Mais il ne faut surtout pas s’arrêter au superficiel, aux blessures physiques que veut soigner Asato, mais bien élargir à toutes les blessures que subissent les êtres humains, en particuliers celles de l’âmes.

Car ce sont bien deux âmes affreusement torturées dont nous parle ici Otsuichi, et pire que tout, deux âmes innocentes, celles d’enfants. Les deux garçons ont des histoires qui se ressemblent mais qui montrent deux perversions absolument inexcusables car mettant en danger la santé physique et mentale de deux enfants. Pour Keigo ce sera la malheureusement trop classique histoire d’un garçon battu par son père, qui battra tout autant son épouse que son fils. Otsuichi s’attaque ici à l’alcoolisme qui va détruire une famille, transformant un homme en monstre banal. Mais l’auteur ne sera pas tendre avec la mère pour autant : femme battue, qui jamais ne portera plainte contre son mari, et qui finira par abandonner son fils plutôt que de faire face avec lui. Keigo gardera un souvenir physique de cette période, une marque de fer à repasser dans le dos. Toute l’atrocité que peut générer l’être humain.

Pour Asato, c’est pire car le garçon n’a pas l’explication du geste de sa mère et cela amplifie d’autant plus l’horreur que vit l’enfant : pourquoi ma mère a-t-elle voulu me tuer ? Otsuichi, sans entrer dans un voyeurisme facile, va évoquer le cas des deux enfants avec énormément de tact, d’intelligence pour que le lecteur, même adolescent, puisse comprendre et entrer en empathie avec les deux enfants. Il comprend sans problème la violence de Keigo, mais aussi que le garçon peut être sauvé. Et Asato incarnera sa rédemption. Asato est à la limite de l’image biblique du saint. Entre son pouvoir de soigner et son besoin de faire le bien, Otsuichi transforme son personnage en icone, un sauveur qui répandra le bonheur autour de lui tel un petit messie.

Etc’est bien là la nouveauté qui apparaît dans ce troisième et dernier volume : la présence du fantastique. Il y a l’évident, le don d’Asato, mais derrière, il y a encore plus, car ce personnage du garçon transcende d’une aura dépassant la lecture primaire qui ne verrait en lui qu’un guérisseur. Il est bien plus et en fait, les réactions excessives de la marchande de glaces à son contact sont le symbole du côté messianique du personnage. La fin très positive et emplie d’espoir en est une ultime illustration.

« Mad World » s’achève sur une magnifique histoire, un récit qui saura séduire un grand nombre de lecteurs. Peut-être le meilleur des trois.


(T3) Wounds
- Série : Mad World
- Oeuvre originale : Otsuichi
- Dessin : Hiro Kiyohara
- Traducteur  : Florent Gorges
- Éditeur : Soleil Manga
- Collection : Seinen
- Format : 128x182 mm
- Pagination : 224 pages
- Dépôt légal : 5 décembre 2012
- Numéro ISBN : 978-2-30202-700-8
- Prix public : 7,99 €


© 2007 OTSUICHI © 2007 Hiro Kiyohara / Kadokawa Shoten
© Edition Soleil- Tous droits réservés



Frédéric Leray
7 janvier 2013




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