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Mission Venise (Jake Djones Gardien du Temps, volume 1)
Damian Dibben
Gallimard, traduit de l’anglais ( Grande-Bretagne), fantastique, 456 pages, août 2012, 15,50€

Quand on a quatorze ans, découvrir non seulement que l’on est capable de voyager dans le passé, mais aussi que, parmi les individus disposant de cette aptitude, l’on figure parmi les tout meilleurs, voilà qui est gratifiant. Mais lorsque que l’on se rend compte que ses parents ont disparu dans les méandres du temps et qu’il faut aller y combattre une organisation destinée à abolir l’Histoire et à y générer une apocalypse empêchant la naissance du monde tel qu’on le connaît, la situation devient nettement moins engageante.
Jake Djones saura-t-il être à la hauteur ?



Alors qu’il croyait ses parents partis à une banale foire commerciale, Jake Djones est enlevé par un mystérieux individu qui lui apprend que son père et sa mère sont en réalité deux redoutables agents secrets et qu’ils viennent de disparaître dans un lointain passé. Génétiquement doté de la même capacité à voyager dans le temps, Jake se retrouve bientôt enrôlé au sein d’une mystérieuse organisation nommée les Gardiens du Temps et vouée à la préservation de l ‘Histoire, une organisation dont le siège se situe au Mont Saint-Michel et en 1820.

C’est en ce lieu et à cette époque, où l’accompagne sa tante Rose, qu’il fait la connaissance de personnages excentriques comme Jupitus Cole, Océane Noire ou Galliana Goethe, la responsable de l’organisation, mais surtout de Topaze, une adolescente d’origine française, à peine plus âgée que lui, de son frère d’adoption Nathan, américain d’origine, et du très britannique Charlie aux côtés desquels il se lancera bientôt à la recherche de ses parents.

C’est au fil d’une vaste course-poursuite à travers la Venise de 1506, puis dans l’Allemagne voisine, que Jake et ses amis affronteront la terrifiante famille Zeldt, des anciens Gardiens du Temps convertis au mal et voués à la destruction de l’Histoire. Leur but, créer une apocalypse bubonique destinée à empêcher l’avènement des Lumières et de la Renaissance en rayant l’Europe de la carte, et à installer à la place un immonde état à la fois concentrationnaire et totalitaire.

Parmi les qualités de ce roman destiné aux enfants, on notera qu’il accomplit sa vocation didactique en multipliant les apartés pédagogiques, suffisamment brefs pour ne lasser personne, sur cette période de l’Histoire. Il n’hésite pas à intégrer divers détails d’époque à l’intrigue (notamment les vêtements, abondamment décrits) et propose un glossaire maritime des termes employés. Il est assez souvent amusant, et ne manque ni de personnages caricaturaux (les méchants sont véritablement de sales types), ni des dangers rituels (les bestioles rencontrées sont véritablement de sales bêtes). On notera également un aspect légèrement steampunk ou néovictorien, mais peut-être simplement baroque, avec le mécanisme produisant l’élixir transtemporel et la machine de Meslith, qui permet d’envoyer des messages à travers temps.

Si la lecture de ce volume est plaisante, elle ne suscite toutefois pas un enthousiasme immodéré. Destiné, selon la quatrième de couverture, aux enfants « à partir de onze ans », ce roman aura sans doute du mal à convaincre les plus mûrs d’entre eux. D’une part parce que l’inventivité incessante nécessaire au genre est ici quelque peu en défaut, et ceci dès les premiers chapitres : par exemple, le fait que les parents strictement normaux soient en réalité des agents secrets commence à ressembler à quelque chose de bien éculé. D’autre part parce que l’action piétine et ne commence réellement qu’à partir de deux cents pages. Enfin – défaut redoutable – parce qu’il faut bien admettre, même avec la plus grande bienveillance, que certaines péripéties sont à tel point superficielles ou irréalistes, sinon maladroites (les enfants s’échappant en pleine ville parce que l’attention des ravisseurs est détournée par quelques pigeons), que même l’intérêt des plus jeunes risquera de s’émousser bien avant la fin.

Un second tome, « Circus Maximus », est disponible en langue originale, les aventures de Jake Djones étant, comme il se doit, planifiées pour former une trilogie.
Ce premier volume se révélera-t-il suffisamment accrocheur pour orienter les jeunes lecteurs vers les deux suites prévues ? La réponse sera sans aucun doute apportée au cours de l’année à venir.


Titre : Mission Venise (The Storm begins,2011)
Série : Jake Djones Gardien du Temps (The History Keepers : ), tome I
Auteur : Damian Dibben
Traduction de l’anglais ( Grande-Bretagne) : Luc Rigoureau
Éditeur : Gallimard
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 456
Format (en cm) : 14 x 20,5 x 2,5
Dépôt légal : août 2012
ISBN : 9782070644162
Prix : 15,50 €



Hilaire Alrune
13 janvier 2013


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